Et après...

Chapitre 1


Salim ouvrit doucement les yeux.
La première chose qu’il remarqua était que cela ne changeait pas grand-chose. Peu importe l’endroit où il fut, il y régnait une obscurité totale.
Il tâta doucement le sol (de la pierre froide et friable), renifla l’air (humide, froid et poussiéreux) et palpa ses côtes douloureuses en grimaçant.
Lentement, il tenta de se lever, mais ses jambes se dérobèrent sous lui.
Epuisé par ce simple effort, il se laissa glisser contre le mur qu’il venait de trouver derrière lui. Il poussa un juron. Comment avait-il pu se retrouver dans une situation aussi délicates, alors que tout allait bien il y a quelques jours à peine. Laissant échapper un soupir, il ferma les yeux...Peu à peu, les souvenirs affluèrent...

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10 jours plus tôt

- Bjorn !
Le commandant Wil’ Wayard se retourna, un peu surpris que l’on s’adresse à lui si familièrement. Il ne tarda pas à retrouver le sourire en reconnaissant le jeune qui, malgré les longs mois de séparation, n’avait pas tellement changé.
- Matthieu ! Tu daignes enfin passer voir ton vieil ami...Ce sont les jeux qui t’amènent ?
- Siam désirait les voir...Pour ma part, je veux surtout rendre visite à mes parents..
Le teint bronzé et les épaules larges, Matthieu Gil’ Sayan avait aujourd’hui 21 ans, et avait passé les 2 dernières années à se balader à travers l’empire, soit en temps que messager de l’Empereur, soit pour son simple plaisir, ses déplacements étant considérablement facilités par son don exceptionnel.
Il était régulièrement accompagné de Siam, princesse des marches du Nord, et accessoirement sa fiancé, depuis quelques mois maintenant.
Bjorn ne put retenir un sourire, lorsque lui revint l’image de Matthieu quelques années plus tôt, débarquant en Gwendalavir, complètement perdu, mais déjà subjugué par le charme de Siam.
- Tes parents sont en Conseil avec les autres Sentinelles. Profitons-en pour aller boire un verre. Laisse moi juste donner quelques ordres quant à l’organisation du Tournoi, et je suis tout à toi – et je compte sur toi pour le raconter de palpitantes histoires.

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Illian poussa un soupir. Ces stupides réunions l’ennuyait à mourir. Il était du haut de ses 10 ans de loin le plus jeunes. Altan et Elicia tenait cependant à ce qu’il y assiste, en tant que leur fils d’abord, mais surtout en tant que représentant du pouvoir Valinguite. Si le garçon leur était reconnaissant pour leur confiance, il aurait parfois préféré aller s’amuser.
Heureusement, ces réunions n’étaient pas trop fréquentes, il était en effet difficiles de réunir toutes les Sentinelles, celles-ci étant souvent dispersées d’un bout à l’autre du pays. Illian retint difficilement un baillement et renonça à écouter le rapport de Kamil.
Laissan ses pensées divaguer, il se mit à penser à Ewilan. Il ne l’avait revue que 2 fois depuis son départ avec Salim, Ellana et Edwin, et sa dernière visite datait d’il y a presque un an.
Le voyage jusqu’en Gwendalavir était long, Illian le savait, cependant il trouvait que la jeune femme aurait pu faire un peu plus d’effort pour le voir.
Elle lui manquait terriblement.
- Nous seront bientôt réunis petit frêre...
Illian sursauta violemment, alors que la voix résonnait dans son esprit.
- Tu me manques aussi. A très bientôt, je te le promet...
Illian poussa un cri de joie, avant de réaliser que le reste de l’assemblée le considérait avec étonnement. Bafouillant des excises, il baissa la tête, sans pour autant s’arrêter de sourire.
Il allait revoir Ewilan.
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« Peuple de Gwendalavir, je proclame les 10 Tournois ouverts ! »
La voix de l’empereur raisonna dans le stade, amplifiée par un dessin.
Bjorn contempla le stade avec satisfaction. Voilà plusieurs années qu’il n’avait pas été si remplit. Jetant un coup d’œil à la tribune Impériale, il aperçu l’Empeureur en grande discussion avec Altan, Elicia, et Matthieu. Non loin de là, Siam et Illian parlaient avec animation.
Le sourire du commandant Wayard s’élargit lorsqu’il vit les Sentinelles Liven et Kamil discutant ave un petit vieillard chauve. Ainsi, Maître Duom avait fait le déplacement. Bjorn aurait pu s’asseoir avec eux, cependant il avait préféré se trouver dans le stade même, de manière à intervenir plus rapidement, si quoi que ce soit venait troubler les festivités...
Une trompette raisonna, sonnant le début de la 1ère épreuve. L’Orateur se plaça au centre du Stade et annonça :
« Suite à l’annuel tirage au sort, la première épreuve cette année sera... Le tir à l’arc »
Pendant que la foule hurlait son approbation, les gardes firent entrer les concurrents, au nombre de 5 . Bjorn les observa attentivement. Aucun ne retint son attention, mise à part le dernier, qui était entièrement dissimulé sous une cape à capuche. Un instant, l’ancien chevalier hésita à l’interpeller, mais il se retint. Si cet homme (car à en juger par sa carrure, c’était un homme !) avait été accepté lors de l’inscription, il n’y avait donc rien à craindre. Restait juste à savoir son nom.
L’épreuve consistait simplement à lancer une longue flèche sur une étroite cible, située à 150 pas, chaque concurrent ayant 3 essaies.
Le premier candidat, un certain Celluel Dil’ Doyan échoua aux 3, le second également.
Le 3ème se qualifia de justesse.
- Wiyam Bouloj, qualifié, annonça l’Orateur. Quatrième candidat : Maniel Guanya, ajouta-t-il après un coup d’œil sur sa fiche.
Bjorn sursauta légèrement. Ce prénom lui rappelait de nombreux souvenir, et il secoua la tête pour ne plus y penser – ce n’était pas le moment -.
Maniel réussit du premier coup, flèche plantée à quelques millimètres du point centrale de la cible. Il salua la foule qui l’acclamait.
Restait le dernier candidat.
Peu à peu, le calme revint sur les spectateurs, chacun attendant impatiemment le nom de cet étrange personnage masqué.
Mais l’Orateur restait silencieux, les yeux fixé sa feuille. Bjorn s’approcha de lui, et demanda :
- Un problème ?
- Il n’y a pas de nom, il n’y a rien d’indiqué, murmura l’Orateur, soulevant quelque rires dans la foule. En effet, l’homme n’ayant pas effacé son dessin amplificateur, son murmure, aussi léger soit-il, avait résonné dans tout le stade. Bjron retint un sourire devant la bêtise de l’homme.
- Agissez en conséquence, se contenta-t-il de dire.
L’Orateur déglutit, et annonça :
- Messieurs, Mesdames, un cinquième candidat anonyme.
L’inconnu hocha la tête, et pris l’arc et la flèche restant. Il y avait dans ses mouvements une sorte de grâce et de souplesse que Bkorn remarqua du 1er coup d’œil. Jetant un regard à la tribune Officielle lui fit savoir qu’il n’était le seul, l’Empereur et sa suite arborant tous des sourirs appréciateur. Le tir fut parfait, et le qualifia du 1er coup.
- Anonyme, qualifié.
L'homme alla se placer avec les 2 concurrents restant. Pour la finale, les gardes montèrent rapidement un poteau, à 200 pas des 3 hommes.
Au sommet du poteau était ficelé une bague d’étain, il s’agissait de tirer le près possible de l’anneau.
Wiyom Bouloj rata le poteau, et s’éloigna, la tête basse. Maniel Guanya fit un tir admirable, sa flèche se plantant à 30 centimètres de l’anneau.
La foule l’acclama pendant de longue minutes. Maniel fit de larges révérences, d’une manière que Bjorn trouva trop fière, presque outrancière – bien différente du Maniel que Bjorn avait connu. Il se morigéna mentalement, en se rappelant que sa propre attitude des années auparavant n’avait guère été mieux, à la différence que sa performances n’avait pas été aussi louable.
Le public continuait d’applaudir Maniel (décidément, Bjorn détestait prénommer ainsi cet énergumène), alors que l’inconnu s’apprêtait à tirer.
Lorsque la flèche s’encocha au centre de l’anneau,la foule explosa dans un seul cri.
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...Il en fut de même pour le reste de la semaine. A ma connaissance, personne n’a jamais réussit auparavant, excepté Edwin, bien sur.
Si tu veux mon avis, les Tournois de cette année resteront longtemps dans les mémoires. D’autant que les gens (moi comprise) n’ont finalement découvert son identité qu’au dernier moment (une bonne manière de se faire remarquer, je suppose).
Je passerai bientôt à la Citadelle pour régler quelques détails à propos de mon mariage. Je te vois donc bientôt.
Je t’embrasse,

Siam, ta fille qui t’aime

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La fin de l’après-midi marquait la clôture des Jeux, accompagné de la remise des Prix. Cette année-là cependant, il avait été donné l’ordre de dernière minute de forger une nouvelle médaille, inédite. Au lieu des 10 traditionnelles, on ne trouvait sur la table qu’une seule récompense, posée sur un coussin de soie violette. Il s’agissait d’une fine chaîne en argent, sur laquelle on avait enfilé une délicate rosace, formée par 10 anneaux imbriqués les uns dans les autres.
L’ensemble était à la fois complexe et léger.
Le maître du jeu était cependant perplexe. La tradition voulait que l’on appelle les – ou en l’occurrence le gagnant par son nom, pour lui passer autours du cou la médaille, en grande cérémonie.
Mais comment appeler cet homme, qui avait réussit à resté anonyme durant toute la semaine ? Le désigner « Monsieur L’Inconnu » aurait été du plus grand ridicule.
En désespoir de cause, il s’approcha du gagnant et demanda (en ayant pris soin cette fois-ci d’effacer son Dessin Amplificateur de voix) :
- Monsieur, puis-je connaître votre nom ?
A sa grande surprise, l’autre éclata de rire, et faisant tomber sa cape. De grande taille, le garçon avait la peau couleur chocolat, était vêtu d’habits de cuir, et arborait un sourire moqueur. De fines dreadlocks jaillissaient de son crâne de manière totalement anarchique. L’Orateur déglutit. Ce garçon avait à peine 20 ans. Comment diable avait-il pu gagner les 10 tournois.
Ce dernier déclara d’une voix rieuse :
- Pas d’problème, suffisait de demander. Salim Condo, pour vous servir.

..a suivre

Salim

L’Orateur rentra chez lui ce soir là, complètement exténué.
Il n’avait absolument pas compris ce qui venait de se passer. La scène lui revint en tête.
Il se vit, contemplant le garçon, essayant de se souvenir où il avait pu entendre son nom, car celui-ci semblait familier à ses oreilles. Le jeune homme continuait de sourire de manière désarmante.
La scène devint surprenante quand il se pencha vers lui pour lui murmurer : « par contre, si cela ne vous dérange pas, je préférerai garder mon anonymat. Je vous laisse donc le choix de mon nom », avait-il achever avec un clin d’œil.
Abasourdi, l’homme avait hocher la tête, avant de reprendre sa place près du prix, tout en continuant de fouiller dans sa mémoire (il avait une mémoire exécrable, en particulier lorsqu’il s’agissait de se souvenir d’un patronyme).
Il annonça donc le 1er nom qui lui passait par la tête (en l’occurrence, celui du voisin de sa vieille mère, qui n’était pas sortie de sa campagne depuis l’ère Merwin). Le jeune Condo s’était approcher avec un sourire, afin de recevoir la médaille qui lui était du.
Un fois le discours de clôture de l’empereur terminé, ce dernier ayant chaudement félicité l’unique gagnant, l’Orateur avait proposer à Salim de se reposer quelques heures dans un des salons camouflés dans le stade, afin d’attendre que le public ne s’en aille, et ainsi éviter les cohues.
Le jeune homme accepta avec politesse. Le commandant Wil’ Wayard les avait rejoint sur le chemin, leur proposant de les escorter, et ils marchèrent quelques instants en silence.
La situation vira au bizarre quand le commandant se mit à parler, d’une voix calme et froide : « espèce de mollusque stupide et mou du cerveau. Je suppose que ça t’amuse de te faire remarquer ainsi ? », puis devint franchement n’importe quoi lorsque l’autre lui répondit sur le même ton : «et vous, commandant, plutôt que de vous asseoir dans les gradins avec le bas peuple, vous préférez vous exposer dans le Stade ? A croire que vos penchants d’ours de foire ne vous ont pas quitté ».
L’Orateur avait cru s’étouffer. Qui était ce gamin pour répondre ainsi à l’un des principaux personnages de l’Empire ? Le commandant Wayard avait d’ailleurs légèrement blanchit, posant sa main sur la garde de sa hache.
- Ne m’appelle pas ainsi. Dans ta bouche, ce titre est un blasphème. Et n’oublie pas que je suis un ours qui tient une hache.
- La violence, toujours la violence. N’as-tu donc aucune délicatesse Bjorn ?
- Moi qui pensait qu’Ewilan saurait te mettre un peu de plombs dans le crâne, je me suis trompé. Tu es toujours aussi insolent, immature et irrespectueux de tes aînés !
- Je suis peut être irrespectueux, mais contrairement à d’autre, je ne suis ni stupide, ni laid. Je remarque d’ailleurs que tu a repris cette idée stupide de te laisser pousser le bouc (qui en même temps, cache ton visage, ce qui n’est pas un mal..).
L’Orateur avait paniqué, les deux hommes semblant près à se sauter à la george. Devait-il appeler les gardes ? Ou laisser le Commandant éliminer cet impertinent ? Impertinent qui venait cependant de gagner les 10 tournois, ce qui était gage de force. Paniquant de plus en plus, ses jambes collées sol, il avait faillit d’évanouir lorsque la scène avait finalemen perdu toute trace de cohérence.
En effet, les 2 opposants, après s’être de longues minutes durant, jaugés du regard, explosèrent de rire, avant de se plonger dans les bras, dans une étreinte fraternel.
Oubliant le 3ème homme, au bord de la syncopes, ils s’éloignèrent en riant et parlant fort, comme 2 amis se retrouvant.

Non vraiment, cette journée était incroyable. L’Orateur s’allongea sur son lit, fermant les yeux. Il n’aimait pas les bouleversements, aussi faibles soient-ils, et préférait que sa vie reste calme et rangée, sans péripéties. Repensant une énième fois à la conversation des deux compères, il se releva pour se servir un verre d’eau, à la carafe posée sur sa table de nuit.
Son geste s’interrompit. Il venait d’être pris d’un gros doute.
Il se précipita vers sa bibliothèque, d’où il sortie un gros volume, un livre à la couverture rouge qu’il avait acheté quelques mois auparavant, et qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de feuilleter. Il s’agissait de la nouvelle édition des Chroniques de Doum Fil’ Batis.
Elles ressassaient les plus grands événements politiques, culturelles, économiques, et historiques de l’époque de Merwin à notre ère. Il se précipita au dernier chapitre, ses mains tremblantes feuilletant les pages rapidement, tandis qu’une phrase du comandant Wayard lui revenait à l’oreille.
Lorsqu’il arriva à l’histoire de Quête d’Ewilan, où il était raconté comment celle-ci, aidé par son ami Salim avait mis fin au joug T’slich, il se laissa choir dans un fauteuil, répétant à voix basse « Moi qui pensait qu’Ewilan saurait te mettre un peu de plombs dans le crâne... ».
Par les oreilles de Merwin.
Il venait de rencontrer l’un des personnages les plus célèbres de Gwendalavir...


Confortablement installés dans la demeure des Gil’ Sayan, les retrouvailles battaient leur pleins. Sitôt sortis du stade, Salim et Bjorn s’était dirigé vers chez Altan et Elicia, où ils avaient été accueillis par le couple, mais aussi par Maître Duom, Siam, Mathieu et Illian.
Le jeune homme fut fortement félicité pour ses exploits, mais il préféra changer de sujet, preuve que contrairement aux dires de Bjorn, il avait gagné en maturité, et ne ressentait pas le besoin de se mettre en valeur (l’humilité étant quelque chose qu’il avait inconsciemment appris chez les Fils du Vent).
Ils furent interrompus par quelques coups frappés à la porte.Ayant reconnu Salim dans le stade, Kamil et Liven venait voir si Ewilan était là. Bien que celle-ci fut absente, Elicia les invita à se joindre au groupe. Salim se crispa un peu en voyant apparaître son ancien rival, mais celui-ci lui tendit la main avec un sourire franc, et ce fut donc sans arrière pensée, et presque avec plaisir que le jeune marchombre lui serra la main.
Très vite, le sujet s’orienta vers leur compagnons absents.
- Où est Ewilan ? s’enquit Elicia. Elle n’est pas venu avec toi ?
- Et Edwin et Ellana non plus apparemment, remarqua Altan.
Salim leur sourit :
- Ils ne tarderont pas. Nous avons rencontré quelques habitants de la ville Hurundaï qui souhaitaient voir Gwendalavir (en simple touristes, et non en envahisseurs, ajouta-t-il en voyant les sourcils froncés des 2 Sentinelles), et cela nous a permit de constituer deux solides équipages. Ellana n’était pas en très grande forme, et avait besoin d’un peu de repos, il a donc été décidé qu’elles rentrerait par le 2nd navire. Quant à Ewilan et moi, nous sommes arrivés il y’a une dizaine de jours. Ewilan m’a déposé à Al Jeit avant de repartir. Lorsque j’ai vu que les 10 tournois allaient avoir lieu, je me suis dit que ça devrait être marrant d’essayer.
- Et de tout rafler, termina ironiquement Siam. Mais pourquoi es-tu resté caché, au fait ?
- Ewilan m’avait dit de ne pas me faire remarquer pendant au moins une semaine. Je crois qu’elle voulait vous faire la surprise de notre retour, mais puisqu’elle n’arrivait pas, j’ai finit par enlever ma cape – d’autant qu’il faisait sacrement chaud avec ce truc.
- Gagner les 10 tournois, c’est ça qu’il appelle ne pas se faire remarquer ? murmura Liven à l’oreille de Kamil, qui pouffa.
Mathieu intervint pour demander où était finalement sa sœur à l’heure actuelle.
- Je n’en sais rien, répondit sincèrement Salim. Elle ne m’a rien dit. Mais je crois qu’elle souhaitait visiter quelques lieux –un pèlerinage en quelque sorte- que nous avons vu lors de nos voyages, pour finir par la Citadelle -Edwin souhaitait qu’elle transmette un message à son père-.
- Mais pourquoi est-elle si longue à revenir ? s’inquiéta Elicia.
- Il y a certaines choses qu’on ne peut faire qu’en prenant son temps, murmura Salim, avec un léger sourire, qui frappa Maître Duom, qui se demanda avec une certaine ironie si la sagesse qu’on lui attribuait depuis plusieurs années n’allaient pas être mise au placard par l’arrivée de ce jeune homme, qui semblait plus calme et plus réfléchit que jamais.
- Et Ellana, fit remarquer Bjorn, pourquoi ne se sentait-elle pas bien ? Elle est malade ?
A ces mots, Salim retrouva son large sourire, et déclara :
- Ce n’est pas une maladie très grave (quoique, cela dépend du point de vue), et elle n’apporte que quelques kilos en plus, des nausées, de la mauvaise humeur, et quelques autres trucs comme ça.
- Et quand sera-t-elle guérie, demanda stupidement le général, alors que les autres ouvrait des yeux ahuris.
- Ma foi, les symptômes étant apparue il y a 5 mois, d’ici 4 autres mois je dirais, répondit Salim, goguenard.
Après un instant d’incompréhension, un éclair de lucidité traversa les yeux de Bjorn, et sa bouche forma un ô de stupeur.
- C’est formidable ! s’exclama Elicia, alors que des cris de joie émanaient de l’assemblée.
- Pauvre Edwin, fit cependant remarquer Maître Duom. Ellana a déjà un fort caractère, alors je n’ose imaginer ce que cela donne lorsque ses hormones la travaille.
- A vrai dire, intervint Salim, elle est plutôt buvable avec lui. Avec Ewilan aussi. C’est surtout moi, le pauvre élève, qui m’en prend plein la figure, ajouta-t-il d’un air de chien battue.
- Si tu arrêtais de lui faire remarquer que sa grossesse amoindrit ses réflexes et la fait ressembler à un Khazargante, peutêtre serait-elle plus aimable, déclara alors une voix, sortie de nulle part.
Dans l’embrasure de la porte se tenait une jeune femme que chacun reconnut du 1er coup d’œil. Elle avait certe changé – ses cheveux avait poussé, ses formes s’étaient accentués, et son teint semblait plus bronzé – mais cependant, l’éclat de ses yeux restaient le même, de même que son sourire, doux et frais à la fois.
Avant que quiconque n’ait pu esquisser un geste, un garçon de 10 ans se précipitait vers elle en hurlant son nom. Ewilan lui ouvrit ses bras, et le souleva, le serrant contre lui. Elle l’embrassa sur le front, et le reposa avec un sourire tendre.
Chacun s’approcha d’elle tour à tour, avec une parole et une étreinte, tous savourant la joie d’être enfin presque tous réunis.
On s’apprêtait à lui demander où elle était partie, lorsqu’une petite voix intervint :
- Ewilan...
Ils se tournèrent vers Illian, jusque là resté curieusement silencieux.
- Ewilan, pourquoi as-tu mis si longtemps à revenir ?
Il tenait sa main, et la fixait avec un air d’incompréhension et de tristesse, qui paraissait étrangement adulte sur son visage enfantin. La jeune femme s’accroupit face à lui, pour se mettre à sa hauteur – ou plutôt, légèrement en dessous de lui, et elle fut surprise de voir à quel point il avait grandit.
- Ce n’était pas volontaire petit frêre. Nous sommes partie il y a un peu plus d’un an et demi avec les Fils du Vent dans de nouvelles régions, et nous sommes retrouvés bloqués derrière une chaîne de montagne infranchissable, que nous avons du longer durant de long mois, avant de pouvoir retrouver la plaine du Souffle il y a à peine quelques semaines. Pardonne moi Illian, toi aussi tu m’as manqué.
Un silence s’abattit sur la pièce, jusqu’à ce que le jeune garçon ne murmure :
- Dans ce cas je te pardonne...