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 [One-Shot] Fantômes du Passé...

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Alyanna
Ptit clafoutis
Alyanna


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[One-Shot] Fantômes du Passé... Empty
MessageSujet: [One-Shot] Fantômes du Passé...   [One-Shot] Fantômes du Passé... EmptyMer 7 Jan - 11:41

Voici deux histoires, relativement longues, que j'ai écrites pour mes personnages RPs. Aucune suite n'est donc prévue pour eux Wink

~ Alyanna ~


« Papa, c’est quoi la liberté ? »
Sayin sourit à la nuit et caressa doucement les cheveux de la fillette assise à ses côtés :
« La liberté est un cadeau unique et merveilleux, un cadeau dont la plupart des hommes en ont oublié la valeur. Mais il y a encore des êtres qui savent à quel point la liberté est précieuse. Pour ces êtres, la liberté est infinie, elle ne ploie devant rien, ni les chaînes, ni les lois, ni même la mort et elle ne fait qu’un avec la Voie. »
La petite fille tourna ses yeux argentés vers son père, observant son visage aux traits fins, ses longs cheveux d’ébène noués en catogan, son air calme et apaisant, son regard de lune…
Elle lui ressemblait beaucoup.
Enormément même.
Elle avait beau avoir six ans à peine, elle avait la curieuse impression que les paroles de son père coulaient en elle comme une eau pure et limpide. Non, plus que ça, lumineuse.
« Les êtres dont tu parles, ils sont comme toi ? »
Sayin prit tendrement sa fille sur ses genoux et la serra doucement contre lui.
« Oui, Alyanna, comme moi… » lui souffla-t-il à l’oreille.

~¤~


Ils étaient une famille.
L’une de ces familles que le bonheur inonde sans jamais risquer de les noyer, comme si l’idée même du malheur ne pouvait les effleurer.
Mais même l’inconcevable peut se produire…

Elle bondit, puisant jusqu’à la moindre parcelle d’énergie que ses jambes pouvaient lui communiquer. Bras tendus au dessus de sa tête, elle parvint à saisir la première branche du chêne chevelu et, d’une torsion du bassin, parvint à se hisser avec souplesse sur une seconde. La fille leva les yeux vers l’immensité de l’arbre, son regard acéré cherchant des prises susceptibles de la mener jusqu’au sommet du chêne afin de pouvoir admirer le panorama que devait offrir l’imposant quercus cerris.
Avec une agilité surprenante pour une enfant de huit ans, elle grimpa de branches en branches, ses muscles fins et ciselés jouant parfaitement leur rôle. Elle atteignit un premier étage et se paya le luxe de faire une halte. La fillette écarta les bras en grand, laissant le vent souffler doucement sur son visage, jouer avec ses cheveux noirs, avant d’aspirer un grand bol de vie. L’énergie qui circulait dans son corps, pareil à un fleuve de sauvagerie et d’harmonie, faisait monter en elle l’envie presque irrésistible de conquérir le monde, de parcourir les plaines, de grimper les falaises, de…

« Alyanna !! »

Arrachée à ses rêves de liberté, la jeune fille baissa les yeux pour voir, dix mètres plus bas, le petit garçon qui l’observait, une lueur d’admiration, mêlée à une touche de jalousie, dans ses yeux verts émeraude.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Alyanna, quelque peu contrariée d’avoir été interrompue dans l’échafaudage de ses songes
« Je peux monter moi aussi ? » dit le garçon d’une voix gênée
« Bien sûr ! répondit la fillette en souriant, Viens ! »

Ravi, l’enfant sauta mais échoua à saisir la branche et retomba peu élégamment sur son derrière. Nouvelle tentative… nouvel échec.
Après une énième chute, il leva vers Alyanna une moue dépitée :

« J’y arrives pas ! gémit-il, comment tu as fais ? »
« C’est simple, laisses-toi porter par le vent. »

Le garçon écarquilla les yeux, perplexe et passa une main dans ses cheveux blonds. La jeune fille, devinant que son frère ne comprenait rien à sa réponse, secoua la tête et décida de descendre. Elle se laissa souplement glisser le long de sa branche et atterrit avec la légèreté d’une plume devant lui :

« Laisses-toi porter par le vent, répéta-t-elle, et tu vas y arriver. »
« Mais je suis trop lourd pour que le vent me porte. » répondit le garçon en levant les yeux vers elle
« Faux. Le vent te porteras où tu le désires, tant que tu sais l’écouter. » murmura une voix dans leur dos

Les deux enfants sursautèrent et pivotèrent dans un même mouvement. Un homme, grand, solidement bâti, aux cheveux d’un noirs de jais et aux yeux argentés les fixait, un sourire tendre sur ses lèvres pâles. Sayin Hel’Nargh s’avança vers ses deux enfants et s’agenouilla pour se mettre à la hauteur de son fils :

« Attends, je vais te porter et après tu continueras seul. » lui dit-il à l’oreille

Doucement, il saisit le garçon par la taille et, sans aucun effort, le hissa juste assez pour qu’il puisse agripper la branche de ses mains, puis le relâcha lentement. L’enfant se balança un instant avant de parvenir à s’enrouler autour du tronc et à se redresser debout sur la branche.

« C’est génial ! » s’écria le jeune garçon, extasié

Sayin sourit :

« Oui, mais maintenant tu dois descendre, Akmet. Votre mère vous attends pour dîner et elle risque de me tuer s’il elle voit que je vous ai encore laissé jouer les acrobates alors qu’elle a peur de que vous vous rompiez le cou en grimpant aux arbres ! »

Le garçon hocha la tête et bondit, il roula à terre et se releva d’une agile pirouette avant d’emboîter le pas à son père, suivit d’Alyanna qui les rattrapa. A quelques mètres de là, bâtie sur les bords du Pollimage, se dressait une belle maison de pierres blanches d’où s’élevait un fumet délicieux qui laissait deviner le copieux repas qui les attendait. Alyanna et Akmet furent les premiers à franchir le seuil de la porte et à se précipiter vers la cuisine où les attendait Gueva, leur mère.
Femme magnifique aux longs cheveux d’un blond cendré, toute en douceur et en grâce, elle posa sur ses enfants un regard vert empli d’un amour infini et les embrassa tout deux lorsqu’ils se jetèrent dans ses bras. Malgré toutes les précautions prises par Sayin, Gueva n’eut aucune peine à deviner en quoi avaient consistés leurs jeux :

« Vous avez encore joué les singes dans ce chêne, soupira-t-elle d’une voix faussement sévère, j’ai beau menacer votre père, il vous laisse totalement faire ! »

Elle leva ses yeux d’émeraude vers son compagnon qui lui adressa un clin d’œil complice avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Le bonheur semble si simple…

~¤~


« Alyanna… j’ai peur. »

La fillette se retourna dans son lit et aperçu la silhouette de son frère, recroquevillé sous ses draps qui se découpait dans la semi-obscurité de leur chambre. Elle pouvait presque voir la sueur qui perlait sur son front et ses yeux affolés qui scrutait la nuit dans la crainte de voir un monstre surgir. Alyanna quitta son lit et s’assit aux côtés d’Akmet, lui caressant les cheveux d’un main douce :

« De quoi as-tu peur ? » lui demanda-t-elle
« Des Ts’liches, lui répondit le garçon d’une voix apeurée, je suis sûre qu’il y en a dans la chambre ! »

La jeune fille prit tendrement son frère dans ses bras et le serra contre son cœur. Il avait un an de moins qu’elle et avait toujours été effrayé par ses créatures de légendes qui avaient pourtant disparues il y a de cela plus d’un siècle. Les nuits durant lesquelles Akmet ne trouvait pas le sommeil, hanté par l’image d’un lézard géant, n’étaient pas rare mais jamais Alyanna ne s’était moquée ou ne s’était plaint, seul le désir de protéger son frère était là. Vital et essentiel.

« Les Ts’liches n’existent plus, Akmet, Papa nous l’a déjà dit. Tu te souviens ? C’est Siam Til’Illan qui a tué le dernier. C’est impossible qu’il y en ait un dans la chambre. »
« C’est vrai ? » demanda-t-il en émergeant de sous ses couvertures
« Oui.» assura sa sœur avec un sourire

Rassuré par les paroles de son aînée, Akmet se détendit imperceptiblement et les battements de son cœur s’apaisèrent aussitôt. Il se blottit dans les bras de sa sœur et leva la tête vers elle :

« Dis Aly’, tu seras là pour me protéger des Ts’liches ? Et aussi des monstres qui voudront me faire du mal ? »

Alyanna plongea ses yeux argentés dans ceux, verts, de son frère. Le lien qui les unissait allait au-delà de la simple relation fraternelle. Puissant, indestructible et étincelant, il rendait les deux enfants pareil à un seul et unique océan. Quand Akmet pleure, Alyanna essuie ses larmes, quand Alyanna a peur, Akmet la réconforte, quand l’un rit, l’autre rit avec lui, quand l’autre est blessé, l’un partage sa douleur.

« Je serais toujours là pour te protéger, toujours. Je te le promets. »

Un sourire illumine le visage du garçon, parfait reflet de celui qui naît sur les lèvres de sa sœur. Ces dernières paroles, étincelantes de vérité et de force, finissaient de bâtir les piliers d’une infaillible promesse qui, au-delà des âges et des épreuves, offre les dernières couleurs de leur tableau fraternel. Et l’un et l’autre, dans leur âme d’enfant, savent pertinemment que cette promesse sera les racines mêmes de leur arbre de bonheur et de paix…
Akmet posa doucement sa tête sur l’épaule d’Alyanna et s’endort paisiblement, tandis qu’elle le suit dans le pays des songes.

Juste sur le seuil de la porte entrouverte, un père observe ses deux enfants, témoin silencieux de leur pacte.
Juste sur le seuil de la porte entrouverte, Sayin, les yeux brillants de larmes, laisse ses pensées s’envoler vers eux, vers cette famille qu’il avait construite. Il caresse du regard les silhouettes enlacées de sa fille et de son fils, songe à la femme merveilleuse qui les a fait naître et il sourit. Comme un homme heureux.

« Moi aussi je vous protégerai, de toute mon âme, de toute ma force. Vous êtes ma vie, ma lumière. N’oubliez jamais… ne m’oubliez jamais… »

Une larme naquit au coin de son œil, glisse sur sa joue sans qu’il tente de la masquer. Fine perle de cristal qui vit sur sa peau, y traçant une route sinueuse qui s’achève à la commissure de ses lèvres…

Une larme qui s’achève, comme s’achèvera le bonheur.

~¤~


Quatre ans plus tard.

La jeune fille porte la flûte à ses lèvres et souffle doucement. Un son mélodieux s’échappe dans l’instrument, suivit d’une multitude d’autres qui s’envolent au vent, jouant avec les alizés et les flocons de neige qui tourbillonnent en une symbiose parfaite. Adossée contre un arbre, les yeux clos, l’adolescente semble insensible au froid hivernal qui l’entoure et elle continue à jouer, liant les notes de sa flûte aux arpèges de la nature. Enfermée dans sa bulle de musique et d’harmonie, elle laisse ses doigts devenir les maîtres de son corps tandis que son âme se coule dans les mélodies. Elle devint musique tandis que son être tout entier se fondait dans son instrument…
Elle pouvait restée des heures entières ainsi, sans se soucier du temps qu’il faisait ou des heures qui défilaient, juste à jouer encore et encore, pour le simple plaisir d’entendre la mélodie naître sous ses doigts fins, ne s’arrêtant que lorsque la magie de la musique avait fait fondre les angoisses de son cœur.

Une dernière note qui s’éteint doucement, puis le silence respectueux de la nature.
Lentement, l’adolescente retire la flûte de ses lèvres, avant de la contempler longuement. Instrument merveilleux de bois sombre sur lequel dansaient des loups furtifs, de fines inscriptions dorées scintillaient sur sa surface. Bijou de beauté né de l’immense pouvoir de dessinatrice de sa mère, Alyanna considérait cette flûte comme l’un de ses trésors les plus précieux, peut-être même le plus précieux. Elle avait réussi à persuadé sa mère de la laissée sortir quelques minutes, afin de profiter de la neige et du pâle soleil pour tenter – vainement il faut l’admettre – de remettre sur pied le malheureux thül de neige qu’elle et son frère avait entrepris de créer. Après quelques minutes de réflexion, Gueva avait sourit et avait permit à sa fille de sortir, tandis qu’Akmet continuait d’apprendre ses leçons…
Son père était partie elle ne sait où mais elle avait l’habitude de ses mystérieux voyages. La jeune fille avait de nombreuses fois tenté de le surprendre ou de le suivre discrètement mais n’était jamais parvenue à ses fins. Loin d’être frustrée par ses éternels échecs, l’adolescente était au contraire ravie et curieuse des étranges capacités de son père et, en silence, rêvait de suivre le même chemin que lui, la même route, la même Voie. Elle possédait d’ailleurs des capacités étonnantes, capacités qu’elle avait acquises à la sueur de son front et à son sang, passant des heures à courir tout le long du Pollimage jusqu’à ses jambes se dérobent sous elle, à s’entailler le corps en escaladant des falaises escarpées, à s’entraîner au lancer de poignard, tirer à l’arc, se battre avec son frère… Bref, à se livrer à des activités normalement réservées à des guerriers et non à une jeune fille de douze ans. Loin d’avoir oublié ses rêves de liberté et d’espaces, Alyanna avait d’ores et déjà parlé de ses projets avec ses parents et, si sa mère s’était montrée peu réjouie à l’idée de voir sa fille quitter le cocon familial si jeune, son père avait approuvé silencieusement, un sourire énigmatique aux lèvres. Bien entendu, l’adolescente allait attendre encore quelques années, histoire de parfaire ses techniques d’escrime et sa culture qui, bien que vaste, avait besoin d’être enrichie.

Elle quitta son arbre et fit demi-tour, ses pieds s’enfonçant dans l’épaisse couche de neige qui enveloppait Gwendalavir depuis plusieurs jours déjà. Alors que la belle maison de pierres blanches se dessinait devant elle, un vent glacial et fort s’éleva brutalement, forçant la jeune fille à s’arrêter. Bras devant le visage pour se protéger des bourrasques froides qui la fouettaient, elle mit plusieurs minutes à comprendre que le vent lui chuchotait un message.
Non, pas un message.
Une alerte.
Une sourde appréhension s’immisça dans le cœur d’Alyanna, comme un serpent vicieux, tandis qu’un hurlement s’élevait, brisant la gangue qui la maintenait pétrifiée.

« AKMET ! »

La jeune fille s’élança, sans songer qu’elle n’avait aucune arme pour se défendre et que le hurlement qu’elle avait entendu pouvait très bien être un simple cri généré par la peur d’une ombre. Son frère avait toujours été très…
Elle chassa aussitôt cette idée stupide.
Akmet avait onze ans et il ne croyait plus aux monstres.
Et le hurlement qui s’était élevé était empli d’une terreur pure.
Une terreur que même le plus terrifiant des Ts’liches n’aurait pu créer
Alyanna accéléra, son cœur tambourinant sa poitrine avec tant de force qu’elle en avait mal. Elle tendit la main, ouvrit la porte à la volée, fit un pas en avant… se stoppa.

[ Note : En raison de la limite autorisée, je posterais la suite dans un second post =) ]
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Alyanna
Ptit clafoutis
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MessageSujet: Re: [One-Shot] Fantômes du Passé...   [One-Shot] Fantômes du Passé... EmptyMer 7 Jan - 11:43

[ Je m'excuse aurpès des modérateurs et adminsitrateurs pour ce double-post, mais la suite de l'histoire a été coupée en raison de la limite des messages ^^" ]

~¤~


Un océan de sang s’étend sur le sol, formant d’étranges arabesques sur les dalles blanches. Les meubles, renversés, répandaient leur contenu de part en part. Un vase brisé laissait couler son eau qui se mélangeait au sang alors que la maison entière était la proie du désordre et du liquide vital qui ornait murs et sols. Effrayée par cette vision de chaos, Alyanna ne put esquisser le moindre geste, ses yeux affolés allant d’un endroit à l’autre de la pièce, effleurant une table brisée, ignorant une toile éventrée, passant sur un corps étendu…
Un corps ?
Le cœur serré par l’angoisse, la jeune fille s’avança prudemment, espérant que la silhouette qui gisait à quelques mètres était celle d’un inconnu, peut-être celui qui les avait attaqués et qui avait été tué, peut-être…
Non, ce n’était pas ça, c’était un corps de femme. Une femme qui avait été magnifique de son vivant, qu’il aurait été au-delà de la mort si un rictus de terreur n’avait pas étiré ses lèvres ensanglantées et si une plaie hideuse n’aurait pas barrée sa gorge.

« NON ! »

Sans comprendre que c’était bien elle qui avait hurlé, Alyanna tomba à genoux aux côtés du cadavre de sa mère, la prenant dans ses bras, l’appelant, criant son nom, caressant ses cheveux, désirant la voir ouvrir les yeux tout en sachant pertinemment qu’elle ne le pourra pas. Des larmes coulent sans que l’adolescente songe que c’est elle qui pleure. Elle se moquait de ses larmes, de sa souffrance, de sa détresse, elle voulait juste que sa mère revienne à la vie.

« Alyanna ! »

La jeune fille relève la tête et voit, caché derrière un meuble, Akmet, recroquevillé et sanglotant, qui la fixait. Non, il ne la regardait pas elle, mais un point derrière elle, Alyanna était toutefois trop désorientée pour s’en rendre compte :

« Akmet ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui… »
« Derrière toi ! » hurla-t-il

Elle n’eut pas le temps de se retourner, ni de crier que déjà la lame mordait son épaule, déchirait son dos dans toute sa longueur avant d’achever sa course dans l’aine. Douleur insoutenable. Ses forces s’enfuient par la blessure béante, tout comme sa vie. La dernière chose qu’elle vit fut une haute silhouette noire qui avançait vers son frère, un sabre serpenté en main.
Puis elle sombra.
~¤~

Papa, Maman, Akmet, où êtes-vous ?
J’ai froid, j’ai peur, j’ai mal…
Je ne veux pas mourir.
JE NE VEUX PAS MOURIR !


~¤~


« NON ! »

Alyanna se relève brusquement, de la sueur coulant le long de son dos. Une chambre, elle se trouvait dans une chambre blanche, entièrement blanche. Paradis ? Enfer ?
La jeune fille sent une nausée tenace l’envahir et jugea préférable de se rallonger. Alors que sa tête se reposait sur l’oreiller, les images surgirent de son esprit, la frappant en plein cœur.
Bain de sang, corps sans vie, lame mortelle.
Sa mère et son frère… son frère.
Alyanna hurle. De rage, de désespoir, de douleur, et ne voit pas son père s’avancer vers elle.
Sayin s’assit auprès d’elle, lui caresse les cheveux, la rassure du mieux qu’il peut. Brisée, la jeune fille se blotti contre lui, sanglotant contre son épaule :

« Papa… Papa…, pleure-t-elle, Maman… on l’a… l’a tuée. Akmet… Akmet… »
« Akmet a disparu. »

Alyanna lève les yeux vers son père et le lac argenté qu’elle croise n’est formé que d’eaux emplies de désespoir et de douleur. Infinies.

« Où ? Qui ? Pourquoi ? » demande-t-elle d’une voix entrecoupée de sanglots
« Je ne sais pas, Alyanna, j’ignore tout. Mais je te promets que je trouverais. » répondit son père sans cesser de la serré contre lui.

Ils restèrent longuement ainsi, l’une pleurant, l’autre retenant ses larmes. Elle, effondrée, s’appuyant sur le seul et unique rempart qu’il lui restait, lui. Alors qu’Alyanna laissait couler ses dernières larmes, Sayin s’écarta doucement. Il prit les mains glacées de sa fille entre les siennes, l’obligeant à le regarder droit dans les yeux :

« Ecoutes-moi bien, Alyanna. Il faut que je parte. Les rêveurs t’ont sauvé d’extrême justesse mais ils ont déclaré que tu garderas la cicatrice et qu’ils te garderont avec eux le temps que tu retrouves la totalité de tes forces. »
« Non ! rétorqua-t-elle, non ne me laisse pas ! Reste, s’il te plaît ! »

De nouvelles larmes inondèrent ses yeux argentés. Elle avait peur, peur de cette silhouette noire qui avait massacrée sa famille et piétinée sa vie, peur de la brûlure de sa blessure, peur d’être seule, peur de l’inconnu…
Déchiré par le choix qu’il venait de faire, Sayin se contint. Pour ne pas s’effondrer.

« Je ne t’abandonne pas, je serais toujours là pour toi, tu le sais. Mais je dois retrouver ton frère et venger ta mère. »
« Alors emmène-moi ! répliqua Alyanna d’un ton féroce, moi aussi je veux retrouver Akmet et tuer celui qui a égorgé Maman ! »
« Non, répondit son père d’une voix sans appel, je te condamnerais en t’emmenant avec moi. Tu seras en sécurité à Fériane, je viendrais te chercher après, je te le promets. D’accord ? »
« Je… d’accord. »

La jeune fille baissa la tête. Sa mère morte, son frère disparu et son père qui allait disparaître…
Sayin déposa un doux baiser sur son front avant de lui murmurer à l’oreille :

« Je vais t’offrir quelque chose. Quelque chose dont tu ne devras te servir que si tu y es obligé. »

Lentement, il tira de son ceinturon de cuir deux longues et larges dagues, parfaitement identiques, si ce n’est pour le diadème qui ornait leur pommeau. Leur lame, courbe et redoutable, laissait deviner les blessures effroyables qu’elle pouvait infliger. Il les déposa sur une table de chevet siégeant aux côtés du lit avant de reporter son attention sur sa fille :

« Ces dagues sont mon héritage, expliqua-t-il, je sais que tu sais déjà très bien combattre mais il faut que tu continues à t’entraîner. Ne t’en sépare jamais, garde-les sur toi jour et nuit, et frappe si jamais on te veut du mal. Ne laisse jamais personne te faire du mal, Alyanna… »

Il prit dans ses bras, la serrant contre son cœur comme pour graver dans sa chair le corps de sa fille, s’écarta de son lit. Après une dernière caresse du regard, il quitta la pièce.
Il ne pleura que lorsque les portes de Fériane se refermèrent sur lui.
Sayin s’effondra sur le sol, l’âme brisée et le cœur en miettes.
On avait égorgée sa femme, enlevé son fils, blessée sa fille.
On avait détruit sa vie, on lui avait arraché ce qu’il avait de plus précieux, on lui avait retiré ce qui ne pouvait jamais être rendu… jamais.
Toutefois… il avait menti.
Il savait qui, il savait pourquoi.
Et il allait se venger. Le sang coulera, la mort frappera. Il en faisait le serment.
La seule chose qu’il ignorait c’est que sa fille avait fait le même serment.
En serrant entre ses doigts les dagues de son père.

~¤~


La lame siffla à quelques centimètres de son visage.
Alyanna pivota, se baissa, évitant le poignard qui filait vers sa gorge, tendit la jambe et frappa. Le coup, parfaitement ajusté, brisa la rotule de l’homme qui tombe à genoux. Loin d’en avoir fini avec lui, la jeune fille le fait s’étendre au sol d’un coup de pied rageur qui fit jaillir de son nez brisé une fontaine de sang. Son agresseur se ressaisit un instant, tend le bras pour planter son poignard dans le ventre de cette gamine présomptueuse qui, en plus d’avoir résistée à ses avances, l’humiliait. Avant même d’avoir pu rassembler ses forces, il sent sa vie qui l’abandonne et contemple, effaré, la large dague qui venait de lui trancher la gorge.
L’ivrogne s’affaisse sur le sol, mort avant même que son corps heurte les pavés froids de la rue sombre où il avait piégé Alyanna. Ecœurée, la jeune fille essuie sa lame sur la tunique de son assaillant avant de s’éloigner, sentant un haut-le-cœur l’envahir. Elle savait qu’Al-Far était une ville dangereuse, avec un taux de criminalité important mais jamais elle n’aurait songé à quel point la situation était horrible. Depuis l’assassinat de l’Empereur et le coup d’état d’Oddrrikk Heolian, tout l’Empire de Gwendalavir était en ébullition. Le Despote avait réussi le tour de force d’asseoir son pouvoir tyrannique en à peine quelques mois et de s’approprier le soutien des soldats de la Légion Noire, de la plupart des Dessinateurs et de bon nombre de politiciens peu scrupuleux qui voyaient en ce changement politique une occasion unique de gagner en puissance. Heolian, appuyant son emprise sur la terreur et l’effroi du peuple, laissait libre cours aux pulsions meurtrières et sadiques des différents malfrats qui souillaient les villes par des bains de sang et des pillages meurtriers. Bien qu’elle soit adolescente, Alyanna devinait très bien que Gwendalavir vivait l’une de ses périodes les plus noires…

Pour preuve : combien d’hommes avait-elle tués ? Quinze ? Vingt ? Trente ? Elle ne les comptait plus… mais elle savait que le nombre de vies qu’elle avait brisées de ses mains étaient bien trop importantes pour la conscience d’une jeune fille de seize ans. Certes, elle n’avait fait que défendre sa vie et sa dignité car, bien qu’elle ne possède aucun bien, sa beauté envoûtante et ses courbes généreuses poussaient les hommes à la prendre en chasse. Toutefois, elle en avait assez, assez de sentir ce sang souillé ses mains, assez de la violence dont elle était victime chaque jour, assez de sentir que le chemin qu’elle parcourait était jonché de cadavres. Et assez de voir une voie inconnue se dérober sous elle, une voie qui vivait en elle depuis son enfance…
Arrivée au pied de la plus haute tour d’Al-Far, Alyanna saisit une première prise puis commença son ascension. Grimpeuse aguerrie, elle ne retrouvait une paix intérieure que lorsqu’elle se trouvait en hauteur, que ce soit au sommet d’une tour ou d’un arbre, en train de jouer de cette flûte que sa mère avait dessinée pour elle.
Sa mère.
Alyanna ne s’était jamais recueillie sur sa tombe, ignorait même jusqu’à son emplacement. Elle n’avait remis les pieds dans la maison qui l’avait vue grandir depuis l’horrible jour où le bonheur s’était effondré, où elle avait perdu chacun de ses repères.
Akmet.
Elle l’avait si longtemps cherché, si longtemps espéré de le retrouver, de le serrer dans ses bras de nouveau, de rire et de jouer avec lui. Combien de fois, au détour d’une ruelle, avait-elle crue entrevoir l’éclat vert de ses yeux ? Combien de fois son image la hantait-elle ?
Son père.
Quatre ans qu’elle ne l’avait pas revue. Lorsqu’il l’avait quitté, à Fériane, avec la promesse de revenir dès qu’il aurait vengé Gueva et retrouver Akmet, elle était persuadée qu’il tiendrait parole. Mais… dès qu’elle fut remise de sa blessure, Alyanna avait quitté la Confrérie des Rêveurs, avec l’héritage de Sayin. Et avec le goût âcre de la vengeance dans la gorge. Elle n’en voulait pas à son père, elle savait qu’il reviendrait un jour et, cette fois, elle partira avec lui.

L’ascension de la tour, aussi haute fut-elle, ne nécessita pas que la jeune fille use de ses ressources d’acrobate pour qu’elle atteigne le sommet. D’un mouvement souple, elle se hissa sur la plate-forme de verre qui ornait la bâtisse avant de se stopper net.
Elle n’était pas seule sur le toit.
Un homme se tenait en face d’elle. De taille moyenne, des cheveux mi-longs qui retombaient sur ses épaules, vêtu de vêtements de cuir sombre qui mettaient en valeur son corps fin et musclé, il dégageait une époustouflante aura d’harmonie et de souplesse. L’évidence naquit dans l’esprit d’Alyanna avant même qu’un seul mot soit échangé.
Marchombre.
Cet homme était un marchombre.
Ses yeux de glace fichés en elle comme deux éclats de lumière pure, elle pouvait presque le sentir lire chaque parcelle de son âme, découvrir ses forces et ses faiblesses, ses certitudes et ses doutes, ses désirs et ses craintes. Il semblait délié son passé, son présent et son futur par la simple force de son regard. Subjuguée, l’adolescente se releva légèrement, sans chercher à se dérober à l’inconnu.

« Bonsoir Alyanna. » murmura ce dernier

Sa voix était calme et posée, aussi légère que la brise du vent. Elle fit pourtant l’effet d’une secousse à Alyanna qui s’ébroua :

« Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom ? » demanda-t-elle plus brusquement qu’elle ne l’aurait voulu
« Je suis Jillian Tervalt, répondit le marchombre avec un sourire serein, et le fait que je connaisse ne devrait rien avoir d’étonnant. »
« Que voulez-vous dire ? »
« Tu as pour réputation de résister aux pulsions masculines de manières assez… sanglante. »

Alyanna pâlit. Les paroles du marchombre étaient tout, sauf un éloge et, bien que le sourire de Jillian n’ait rien d’antipathique, elle ne pouvait s’empêcher de sentir un frisson glacé parcourir son échine.

« Vous me considérez comme une meurtrière ? » dit-elle sur la défensive
« Non, répondit Jillian, je te considère plutôt comme une jeune fille qui ne fait que se défendre. Et aussi comme une âme que le désir de vengeance et les fantômes du passé rongent. »

Frappée par les mots du marchombre comme par autant de poignards, la jeune fille chancela. Comment, en l’espace de quelques minutes, Jillian avait-il réussi à percer les mille et un secrets qu’elle n’avait jamais révélés ? Le marchombre s’approcha vers elle jusqu’à la frôler et Alyanna se noya dans l’océan de son regard. Une paix sereine et infinie glissa sur son âme, pour se nicher dans son cœur, effaçant effroi et doute.

« Si je suis là, c’est pour te permettre de retrouver cette voie qui vit en toi et de quitter celle dans laquelle tu erres, ce chemin mortuaire qui ne t’es pas destiné. La voie que je te propose est dangereuse, semée d’embûches mais elle t’offrira la Liberté. Cette liberté qui… »
« … est un cadeau unique et merveilleux, un cadeau dont la plupart des hommes en ont oublié la valeur. Mais il y a encore des êtres qui savent à quel point la liberté est précieuse. Pour ces êtres, la liberté est infinie, elle ne ploie devant rien, ni les chaînes, ni les lois, ni même la mort et elle ne fait qu’un avec la Voie. » acheva l’adolescente

Elle ne chercha même pas à comprendre comment des paroles prononcées par son père il y a de cela dix ans puissent ainsi jaillir de ses lèvres. L’important n’était pas là. L’important était que, enfin, elle la ressente pleinement.
La Voie des Marchombres.
Le sourire de Jillian s’élargit et ses yeux se mirent à briller :

« Tes paroles sont lumineuses, approuva-t-il d’un hochement de tête, je t’offre la possibilité d’arpenter cette Voie. Offre-moi trois années de ta vie durant laquelle je te formerais, trois années longues pavées de douleurs, de doutes durant lesquelles seule ma voix aura force de loi sur toi. Trois années durant lesquelles tu devras risquer ta vie et repousser tes limites. Trois années durant laquelle je t’aiderais à faire tes premiers pas sur la Voie. Si tu acceptes bien sûr. »
« Et si je refuse ? »
« Alors je rebrousserai chemin et tu n’entendras plus jamais parler de moi. »
« J’accepte. »
« Es-tu sûre de ton choix ? »
« Plus que jamais. » assura Alyanna d’une voix sans faille

Aucun doute, aucune peur dans le cœur de la jeune fille mais une certitude absolue.
Elle avait fait le bon choix et ce choix lui avait enfin ouvert les portes de ce monde de liberté dont elle avait toujours rêvé…
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Alyanna
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MessageSujet: Re: [One-Shot] Fantômes du Passé...   [One-Shot] Fantômes du Passé... EmptyMer 7 Jan - 11:44

[ Dernière partie de cette première histoire, encore pardon aux Modérateurs et aux Adminsitrateurs pour ce triple-posts Embarassed ]


~¤~


Deux ans ont passés.

Deux années durant lesquelles Alyanna n’avait cessé de parcourir la Voie aux côtés de Jillian. Elle avait combattu, tué, blessé, pleuré, rit, douté, aimé, détesté, enduré. Deux ans durant lesquelles elle avait noué des liens forts avec des amis chers, durant lesquelles elle n’avait cessé de repousser ses limites, de découvrir et d’apprendre. Et elle savait qu’elle avait encore tellement à apprendre, tellement de maîtres-mots à découvrir, tellement de vents avec qui parler, qu’elle en était parcourir de frémissements de joie.
Alyanna s’était ouverte à la Voie, avait retrouvé l’Harmonie et à la Plénitude, avait découvert l’importance du respect, avait été acceptée par le Conseil comme une marchombre, avait réussi l’Ahn-Ju, obtenue la greffe mythique du Rentaï et se dressait aujourd’hui devant Oddrrikk Heolian aux côtés des autres Rebelles. La Louve Blanche continue d’écrire son histoire, mais…

Mais les démons du passé sont toujours là, la guettant sournoisement.
Elle ne s’est toujours pas rendue sur la tombe de sa mère.
N’a pas retrouvé son frère.
Ni revu son père.
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MessageSujet: Re: [One-Shot] Fantômes du Passé...   [One-Shot] Fantômes du Passé... EmptyMer 4 Juil - 15:52

C'est super beau ce que tu as écrit mais j'aurais aimé que ce soit un peu plus développé parce que j'ai passé un bon moment et que j'aurais aimé qu'il dure un peu plus longtemps. J'ai limite la larme à l'oeil Crying or Very sad
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MessageSujet: Re: [One-Shot] Fantômes du Passé...   [One-Shot] Fantômes du Passé... Empty

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