Essaie encore, rate encore, rate mieux.

"Ever tried, ever failed, no matter, try again, fail again, fail better" disait Beckett. Parce qu'il vaut mieux rater mieux que réussir moins bien. J'essaie d'écrire mes propres trucs, mais ça marche pas. Alors je m'entraîne avec quelques héros de jeunesse. Voici quelques textes, que d'autres rejoindront. Ils sont écrits au fil de la plume, imparfaits, vivaces et perfectibles. Des avis ? Ils seront bienvenus.

J'oubliais, le dernier est un peu moins inoffensif que ses pairs, je préfère prévenir.

Dites-leur à tous ! (que je m’en vais)

La première fois que Bjorn quitta la ferme de ses parents il se retourna fréquemment sur le chemin. Bientôt, l’imposante bâtisse disparue de son champ de vision. Il se redressa sur sa selle et embrassa du regard les vastes plaines herbeuses qui s’étendaient à perte de vue. Il allait parcourir le monde, vivre de quêtes et d’aventures et lorsqu’il reviendrait à la maison, sa gloire et les chants narrant ses exploits l’auront précédé ! C’est sur cette pensée positive que le chevalier quitta les chemins balisés de son enfance pour fouler les sentiers d’un monde sauvage, attirant et inconnu. Son père avait bougonné qu’il ferait mieux de rester l’aider à la ferme puis trouver une jolie et travailleuse compagne avec laquelle il aurait pu reprendre l’exploitation et élever quelques joyeux bambins. Sa mère avait pleuré et essayé de le retenir. Finalement, elle lui avait donné un sac de petits pains grillés et quelques pots de confiture comme si ces derniers constituaient de l’avis général l’arme la plus efficace contre les goules et les brûleurs.

Bjorn pouvait mourir de peur, pas de faim.


C’est pas le coup qui fait forcément mal (c’est le fait de pas le voir arriver, de pas le prévoir)

La première fois qu’Artis rêva ce fut pour soigner les ecchymoses d’une jeune serveuse battue par son patron, un homme exigeant, violent et injuste. Sous l’œil attentif de son formateur, il posa ses mains tremblantes sur le visage tuméfié de la jeune femme. Il la sentit frémir, peut-être de douleur ou au contact de ses doigts trop froids, trop maladroits et trop hésitants. N’osant affronter son regard, il ferma les yeux, se remémora les paroles de son maître et faillit sourire en percevant les forces dont il lui avait parlé. Artis rêva et son rêve fut chargé d’empathie, de confiance et d’amour.

Les trois forces essentielles à un rêveur.

Où vont nos pères…

La première fois qu’Hander Til’ Illan vit son petit-fils il pardonna tout à Edwin. Sa foutue réserve qui était aussi la sienne, son absence, ses silences, ses secrets ! Par le sang des Figés ! Il ne savait même pas qu’il était grand-père ! Cet enfant avait beau n’avoir que quelques jours, il n’était pas sorti du chapeau d’un Petit et Hander soupçonnait fortement la jeune femme brune qui se tenait légèrement en retrait d’être intimement impliquée dans sa naissance. Edwin ne lui avait accordé qu’une brève missive, de longs mois auparavant, pour l’informer de sa démission de toute forme de commandement et de responsabilités au sein de l’Empire. Que son fils ait vu trop de sang, trop de douleur et trop de guerres et laisse la direction des armées et de la légion noire à un autre, il le comprenait. Qu’il se moque éperdument d’être une légende vivante et qu’il se détourne des honneurs et de la gloire, il en était fier. Que son fils tourne le dos à son devoir et au trône des Marches du Nord, il ne pouvait l’admettre !
Bien sûr Edwin n’avait pas dit qu’il renonçait à sa succession, il n’avait même rien dit au sujet des frontaliers et de son statut de prince des Marches et c’était bien cela le pire ! Hander n’avait su que faire. Annoncer à Siam que ce serait-elle qui lui succéderait et espérer que les années la fassent gagner en maturité ? Attendre et prier pour que la mort ne vienne pas le prendre de sitôt ? Chercher un futur intendant parmi les frontaliers et affronter la colère de sa fille ? Si Edwin avait trouvé les mots face à Sil’ Afian, il s’était réfugié dans la pudeur lorsque l’heure était venue de s’ouvrir à son père et c’est par l’Empereur qu’Hander avait appris les motivations de son fils. Bien sûr il le voulait heureux mais il le voulait également près de lui. Il voulait une descendance, l’assurance que sa suite serait prise par quelqu’un en qui il avait toute confiance. Il aurait aussi voulu rattraper toutes ses années d’absence, lui transmettre quelques petites choses qu’il jugeait importantes et enfin peut être lui parler de sa mère qu’il n’avait pas connu.

Le vieux seigneur voulu parler. Se mettre en colère. Frapper peut être.
Il se contenta de prendre Destan dans ses bras et de lui sourire.


(Et le dernier ! )Sur les toits du monde…

La première fois qu’Edwin et Ellana firent l’amour ce fut le plus silencieusement possible, doucement, presque religieusement. Il ne fallait pas que les autres entendent. Bien sûr ils se cachaient de leurs compagnons de route mais peut être aussi d’eux-mêmes. Ils furent doux, hésitants, étrangement heureux et effrayés, tremblant au contact de l’autre mais se souriant dans la pénombre de la tente. Ils s’aimèrent d’un curieux mélange d’abandon et de retenue. Leur étreinte fut brève. Ils étouffaient leurs gémissements d’un baiser ou d’une main sur la bouche de l’autre. Plus tard, ils en rirent.

Au petit matin, seul maître Duom comprit la signification des regards qu’ils échangeaient et le vieil analyse secoua la tête en maugréant, mi amusé, mi réprobateur.

La première fois d'Edwin et Ellana,vraiment??
La question que tout le monde se pose mais que personne n'ose dire à haute voix...
J'ai trouvé celui sur Artis magnifique...

Sous entendu première fois "ensemble". Pour Ellana, on sait qu'il y a eut Hurj, peut être Nillem (à titre personnel je ne pense pas) et pour Edwin, on en sait rien, mais il a tout de même 40 ans quand il rencontre Ellana (quoique: timide et renfermé, coup de foudre contrarié pour Elicia, vie dévouée aux armes...).

Merci^^ Artis est un grand délaissé, je trouve.

Yop ! J'édite (vade retro double-post) pour poster la première partie de ce qui devrait être un one-shot. Suite un jour, bientôt j'espère (ou pas).


Maximilien était tombé. Ce matin- là, comme d’habitude, il avait ouvert la porte de l’étable à ses bêtes qui étaient sorties s’égayer dans l’acidité du petit matin. Le vieux caussenard avait fait du café, bien fort et peu sucré comme il l’aimait, puis il était sorti le boire sur le petit muret de pierre où Ewilan et Salim s’étaient si souvent assis. Ils repassaient le voir de temps en temps, une fois par an environ. C’était peu mais ils avaient des existences bien remplies et qu’ils prennent le temps de venir goûter le vin de noix de l’année avec lui le touchait énormément. Maximilien avait ensuite voulu retourner dans la cuisine pour laver sa tasse de café. Il avait alors trébuché sur cette vilaine marche un peu fourbe qui avait tant de fois faillit lui jouer des tours et c’était étalé de tout son long. Rien de grave, s’était-il dit. Il était juste tombé, c’était des choses qui arrivaient mais la terrible douleur dans sa jambe lui avait donné tort.

C’était un couple de randonneurs qui l’avait découvert, à demi-conscient. Ils s’étaient arrêtés près de la bâtisse pour demander à remplir leurs gourdes et quelques renseignements sur la route à suivre. La porte ouverte, les bêlements des brebis les avaient attirés à l’intérieur.

A l’hôpital, Maximilien était morose. C’était le col du fémur avait dit les médecins, un truc de vieux, qui casse facilement et vous lâche sans prévenir. C’était réparé et après quelques mois de rééducation il devrait pouvoir retrouver sa vie d’avant mais Maximilien avait peur. Peur de tomber de nouveau, peur de passer de nouveau de longs jours et de longues nuits sur un sol de pierres froides, baignant dans sa propre urine et crevant de faim. Peur que personne ne le trouve-là et peur de finir seul. Bien sûr il y avait les brebis et il devait probablement la vie sauve à ces braves bêtes mais c’était différent. Pour la première fois Maximilien ressenti cruellement le poids de son isolement choisi. Il se sentait seul. Seul, vieux et décati. En plus, voilà qu’on voulait le placer en maison de retraite. Un avenir fait de longs jeux de cartes et de soirées télévision s’offrait à lui, entouré d’un personnel compatissant et infantilisant et de vieux tout moisis, séniles et déprimés. Telle était en tout cas la vision que Maximilien se faisait des « asiles pour vieux » comme il se plaisait à les appeler. Bien sûr il pouvait rentrer chez lui, mais Maximilien avait peur. Pas seulement de tomber car cette chute lui avait fait prendre conscience de sa vieillesse. 95 ans, ce n’était pas rien. Il avait bien remarqué que ses gestes étaient devenus plus lents, plus couteux, plus tremblants et mal assurés mais il s’était toujours senti capable de faire ce qu’il avait à faire. Maintenant il avait peur de ne plus pouvoir s’occuper de ses bêtes, de ne plus pouvoir s’occuper de lui-même.

La rééducation fut longue, pénible et ennuyante mais un jour Maximilien put franchir la porte de la vieille bâtisse des Causses, aidé seulement d’une canne. Dehors, des aides soignant l’attendaient. Ils prenaient seulement quelques affaires et souvenirs, leur avait-il dit et pour ses chèvres, tout était en ordre, un éleveur du coin viendrait les chercher demain, celui-là même qui s’en était occupé pendant son absence. Cette dernière affirmation était vraie, et cela peinait le vieux caussenards mais c’était mieux pour elles. Là où il se rendait il ne pouvait les emmener et elles étaient nées dans les Causses, c’était là que leurs vies étaient. Il rassembla quelques affaires dans un vieux sac de toile, des vêtements, des photos mais il ne ressorti jamais de la maison. Les aides soignant la fouillèrent de fond en comble mais ne trouvèrent rien.

Du fond d’un placard, d’une petite bourse de velours rouge, Maximilien avait tiré la voyageuse offerte par Camille à sa dernière visite. Elle était programmée pour le mener dans une grande pièce circulaire appelée « la vigie » dès qu’il la toucherait, lui avait-elle dit. Il devait en descendre et demander à parler au seigneur Til’ Illan, l’homme en caleçon rencontré des années auparavant mais dont le vieil homme n’avait pas oublié la prestance.

1) J'aime trop l'idée des premières fois !
2) Aaaaaaaaaaah j'adoooooooooore !!!! l'histoire de Maximilien !!!!!
3) Et celle de Hander. Le titre est génial

Merci^^
Comme la suite de ce message le prouve, j'ai aussi un faible pour ce titre. Il vient d'une merveilleuse BD Là où vont nos pères, sur l'immigration. L'histoire de Maximilien est en cours mais je bute sur la forme. Un petit "intermède en attendant" ? Je poste un peu en vrac, hum.

Où vont nos pères (2)
(ndla : « où vos nos pères » risque de devenir une série de textes sur les relations père/fils)

Un jour Destan désarma son père. Ce n’était jamais arrivé, même lorsqu’il était enfant. Edwin avait senti que laisser son fils gagner pour lui faire plaisir aurait laissé un goût amer à l’enfant qui même jeune aurait senti la tricherie. Lorsqu’il sentait son fils fatigué ou lorsque l’entraînement durait trop longtemps, le seigneur frontalier rompait simplement le combat, sans plus d’explication. Il se reculait, d’un geste replaçait son sabre derrière ses épaules, ébouriffait tendrement la tignasse de son fils et cela signifiait qu’ils en avaient terminé.
-Vas jouer, lui disait-il simplement.
Ce jour-là était différent. Le coup de Destan était fourbe et imprévisible mais Edwin était dans le temps. Il était dans le temps du sabre de son fils. Sa parade était efficace et techniquement parfaite et pourtant son sabre s’envola au loin. Destan avait frappé trop fort, trop rapidement et père et fils l’avaient senti, tout comme ils avaient senti que ce n’était pas Destan qui était trop fort mais Edwin qui ne l’était plus assez. Le poids des années frappa Edwin. Destan avait quarante ans et lui le double. Alors le fils alla ramasser le sabre et le remit dans les mains de son père. Il garda ses mains sur les siennes, sentant le contact des vieilles mains du guerrier, fortes, calleuses et parcheminées. Il contempla les cheveux blancs qui se faisaient rares, les traits sévères et ridés et les yeux gris acier dont l’intensité n’avait pas faiblie.
-Papa.
Alors son père le prit dans ses bras et le serra contre lui. Longtemps. Comme il ne l'avait plus fait depuis qu'il était devenu un homme.

Oui bah les pères c'est suuuper important ! J'aime bien voir les différentes générations
Y'a une trilogie aussi sur les pères des apôtres dans la Bible c'est génial ! Des tas de références, jeux de mots tout du long... Mais je pense pas que tu parle de ça ^^
Le poids des années ne le frappe qu'a 80 ans ? Il est résistant !
J'adore les mains "parcheminées" *_*

Nope. Et je connais pas. Mais ça a l'air bien. Tu m'en donnes le titre ?

Sinon, Bottero a crée des personnages aux capacités physiques irréalistes et Edwin est le guerrier absolu. ^^ Et puis, dans notre monde, on a des centenaires qui tiennent une forme d'enfer, qui courent le 100m à une vitesse que mes pauvres jambes de 19 ans ne peuvent envisager et/ou qui ont encore un esprit ultra alerte...alors 80 ans pour le début de la vieillerie chez Edwin, je me trouvais large...mais faut bien l'humaniser un peu. ^^ Pis le principe de "l'absolu" la perfection des personnages de Bottero, autant chez Bottero ça me fait sourire et ça me plait parce que c'est le propre de l'auteur autant je ne me vois pas faire un pastiche de ça. Je tourne un peu les perso' à ma sauce, même s'ils appartiennent à l'enchanteur parti trop tôt, non à moi.

(j'avais envie de mettre ce truc)

Et ouep, ma figure de style est clichée mais je l'aime bien.

Le voyage des pères. La deuxième "trilogie" est sortie y'a pas longtemps

Ouai non mais c'est cool, c'est vrai que pour Edwin, faut voir large Tu vas nous faire le fils de Destan aussi ?

Ben, depuis que je vais voir un "vieux" (j'aime paaas dire ça !! Mais "personne âgée" j'aime pas non plus --' ) toute les semaines, j'ai enfin compris ce que ça voulait vraiment dire et je trouve ça juste trop beau ! Mais j'imagine pas Edwin avec du coup x')

Edwin grand-père, pourquoi pas ?

En vrai j'ai des tas de projets en tête mais je sais absolument pas ce que ça donnera, si j'aurai le temps, l'inspiration, la motivation.

J'adore ces écrits, ils sont géniaux.
T'inquiètes pas je suis sure que tu auras le temps, la motivation aussi même si parfois elle est dure à trouver; c'est ce qui m'arrive souvent et je finit par abandonner momentanément tout ce que j'avais décidé d'écrire.

Merci ^^
Et vous êtes chanceux, j'ai finis le chapitre 1 de Sabre hier, je le corrige et je le met en ligne dans la soirée. Je pourrai garantir aucun rythme de parution par la suite, parce que j'ai grave du boulot là...je commence à me demander si je vais survivre à ma double-licence Histoire/ Géo...moi. Nan, mais là c'est juste un coup de mou passagé, c'est la tempête dehors, je sens le chien mouillé.

j'ai beaucoup aimer, principalement l'histoire d'artis et de maximilien.
par contre pour "ou vont nos pêres 2" un petit reproche. gwendalavir en est plus ou moins au moyen age, que quelqu'un y vive encore a 80 ans me semble peu probable.

Merci^^

Reproche infondé, cependant. Déjà le Moyen Age couvre une période de 1000 ans, du Ve après J.C au XVe siècle avec les grandes découvertes, c'est donc une longue période pendant laquelle il y a eut des évolutions. Ensuite l'espérance de vie n'était pas la même que l'on soit prince ou mendiant.
De plus Gwendalavir n'est pas au Moyen Age. C'est un autre monde, qui s'apparente à une société médiévale dominée par une "magie contrôlée". Ils ont le dessin, des rêveurs, je considère Gwendalavir comme une société évoluée où il est possible de vivre très vieux, à l'exemple de maître Duom ou d'Hander Til' Illan, décrit par Salim comme "très vieux" précisément.
Le problème c'est que contrairement à la France, pour l'époque d'Ewilan, Gwendalavir est un Empire et non un État-nation comme la France, qui est tout de même un État social..donc aux vues de ce que voit Ellana à Al-Far, le système de protection sociale est très maigre voir inexistant (des enfants meurent de faim de la rue) de plus il y a de l'insécurité (brigands, monstres). La mortalité est donc liée à l'hostilité du territoire, à un problème de sécurité (genre les gardes impériaux qui se galèrent pour réduire la criminalité) et à des inégalités économiques + pas de système de solidarité et de protection sociale. Pas du fait que Gwendalavir soit une société médiévale. D'ailleurs, leurs constructions, telle la Citadelle des Frontaliers, n'ont rien en commun avec nos châteaux forts.

Et Edwin est le seigneur des marches du Nord et un très grand guerrier, je ne pense pas qu'il souffre de la misère ou des problèmes d'insécurité. Pis c'est une légende vivante quoi, tu t'es posé la question de l'âge d'Ellundril ?

Voilà, longue tartine désolée et ne le prend pas mal, c'était juste histoire d'argumenter.

merci pour cette réponse qui m'offre un point de vue different sur gwendalavir, j'avais toujours considérer que Duom trés vieux = 60 ans soit l'article de la mort. et que si les construction n'avait rien en commun c’était a cause du dessin.
et ellundrin j'avais considérer qu'a partir du moment ou elle avais des centaines d'années ...