Je pense que si tu peux voir ces mots, c'est que je ne suis plus là. Peut-être est-ce mieux ainsi... Tu sais, je n'ai pas envie de mourir. Mais c'est aujourd'hui inévitable et je ne regrette rien. Sauf de n'avoir pu te dire adieu. Je t'aime tellement. Mais maintenant c'est trop tard.
Tout-à-l'heure, nous allons nous battre. Je n'en ai plus pour longtemps. Aurai-je le temps de tout te dire ? Non, il y a tant de choses que tu ne sauras jamais. Je ne veux pas te faire souffrir et c'est pour ça que je n'ai pas été te voir. C'est la guerre, je vais mourir, mais tu resteras en vie. Et c'est pour cela qu'il faut que tu m'oublie. J'ai fais partie de ta vie, mais ce qu'il en reste devra être dévoué à autre chose.
Ici, l'attente est insupportable. Peut-être qu'en ce moment toi aussi tu as peur. Au fond de ton cœur, tu sais que je vais mourir. Je le sens. C'est comme si ton esprit était là, près de moi. Je t'aime plus que tu ne le sauras jamais. C'est dur pour moi aussi de savoir que je ne te reverrais plus. Les larmes coulent de mes yeux sans que je puisse les arrêter.
Dehors les ennemis veulent passer les remparts. La porte va bientôt céder. Je me battrais pour que tu vives, petite sœur. Je ne sais pas ce qui se passeras si nous perdons mais je me battrais jusqu'au bout en pensant à toi.
La porte est tombée, la première ligne tente de Les repousser. Bientôt je serais dans le combat. Cette lettre contient probablement mes dernières paroles. J'entends les cris qui s'élèvent vers le ciel. La bataille fait rage. Le temps qui me reste suffit juste pour te dire adieu.
Petite sœur, je t'aime. Vis, sois heureuse, oublie-moi. Tu as ta vie devant toi, moi je m'en vais. Ma douleur est inexprimable tandis que j'écris ces mots mais je meurs pour que tu vives, je pars pour que tu restes.
Adieu, petite sœur, adieu.
Le jeune homme plie et cachette rapidement la lettre qu'il tient à la main. Il la pose sur le meuble avec les autres. Il se dirige vers une grande porte contre laquelle des hommes s'appuient de toutes leurs forces. Les coups qui l'ébranlent, les cris qui se font entendre le font frissonner. Il a peur. Mais il sait aussi qu'il n'abandonnera pas. Il se battra pour elle puisqu'il n'y a plus d'espoir pour lui.
La porte cède. De l'autre côté, des soldats, comme lui. Il se jette à corps perdu dans la bataille qui fait rage. Ils sont la dernière ligne, si ils font reculer l'ennemi, la guerre sera gagnée. Mais c'est mal parti. De nombreux hommes tombent. L'autre camp est plus farouche qu'ils ne s'y attendaient.
Tous sont tombés. Ils ne reste plus qu'une poignée de soldats face à des centaines d'ennemis. Mais même lorsque la fin semble inéluctable, le courge reste. Le désespoir peut faire des merveilles. Pour la dernière fois ils se jettent dans les rangs de l'autre camps. L'adolescent hurle lorsqu'une lame rentre directement dans son cœur. La vie le fuit. La peur est partie. Il murmure :
- Je t'aime. Adieu.
La jeune fille sens les larmes couler à nouveau sur son visage. Elle relis encore et encore la lettre qu'elle tient dans ses mains glacées. Elle est assise là depuis des heures, depuis que l'homme est venu lui annoncer cette nouvelle qu'elle savait déjà. Elle n'a pas bougé, ses bras entourant ses genoux comme une enfant. Elle voudrais mourir elle aussi mais il lui a demandé de vivre. Elle pleure de plus belle. Relève la tête. Ses longs cheveux noirs se collent contre son visage trempé par les larmes. Elle adresse à la nuit un faible sourire.
- Je t'aime, grand frère. Adieu.