Voilà une très vieille histoire que je viens de retrouver dans les méandres de mon ordi xD
Je l'ai écrite dans un cadre qui n'avait rien à voir avec Ewilan mais j'ai pris quelques petits éléments de l'histoire. Je n'ai rien modifié alors la manière dont c'est écrit est un peu enfantine ...
(remarque : les personnages mentionnés ici ne font aucunement partie de la série Ewilan, même s'il peut y avoir des ressemblances ...)
Le soleil se couchait lentement sur la côte. Erilys se tenait au bord de la mer. Cette mer qui l’avait vue naître, grandir. Cette mer à qui Erilys avait confié tous ses secrets, joies comme peines. Et aujourd’hui, elle partageait la détresse de la fillette. De grosses larmes chaudes et salées coulaient le long de ses joues, tombaient dans l’eau et se mélangeaient à l’écume réconfortante. La petite fille s’agenouilla, morte de fatigue et de désespoir, mouillant la bas de sa robe.
- Papa . . . murmura-t-elle dans un sanglot, pourquoi ? Papa . . .
Plusieurs heures auparavant, le matin-même, la fillette était sereine et ingurgitait son petit déjeuner. Elle enfourna avec mille précautions une tartine au chocolat dans sa bouche, pour éviter de salir sa jolie robe blanche, qu’elle n’avait le droit de porter que pour les grandes occasions.
- Dépêche-toi, lui souffla sa mère, ou nous allons être en retard !
Erilys acquiesça en avalant une dernière gorgée de lait. Elle se leva de son petit tabouret et débarrassa la table en vitesse. Sa mère l’aida à mettre les assiettes dans l’évier, puis la pressa au dehors. Celle-ci ajusta sa coiffure et lissa sa robe avant de suivre sa fille.
Un quart d’heure plus tard, tous les villageois se trouvaient dans la salle de réception de la mairie. La pièce était décorée avec des guirlandes de mille et une couleurs ; les conversations allaient bon train. L’estrade, dans le fond de la salle, était plus sobre et, sur celle-ci, se tenaient deux petits fauteuils et un micro. Le reste de la salle était empli d’une multitude de chaises, qui étaient toutes occupées. Puis les portes se fermèrent ; le maire prit place face au micro et le silence se fit. Deux autres hommes grimpèrent sur l’estrade et s’installèrent sur les fauteuils. L’un était vieux et chauve : l’adjoint du maire. L’autre . . .
- Papa ! chuchota Erilys dont la voix reflétait la fierté et le bonheur.
L’autre était donc le père d’Erilys.
- Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, annonça le maire, mes très chers citoyens ! Nous sommes aujourd’hui réunis pour décorer un homme, et quel homme ! Il y a deux semaines, l’homme que voici a sauvé un de nos enfants qui avait été fait prisonnier par les Faëls, nos hostiles voisins.
Extrêmement embarrassé, le père d’Erilys se leva et salua timidement l’assemblée. Tout le monde l’acclamât aussitôt. Le maire leva la main et obtint le silence immédiat.
- C’est pourquoi, reprit-il, je déclare cette journée « Jour du Courage » ! Désormais, nous ferons la fête chaque année pour commémorer cet acte de bravoure ! Aujourd’hui, mes amis, vous êtes tous en congé. Plus aucun marchand n’est obligé d’ouvrir sa boutique ; notre médecin peut fermer son cabinet ; et même les soldats seront exemptés de garde aujourd’hui ! Un seul devoir vous est imposer : vous amuser !
Emporté par un élan d’enthousiasme et d’euphorie, il leva les bras au ciel et les citoyens l’acclamèrent. Un orchestre se mit à jouer et on se mit à danser. Erilys avait déjà rejoint son père et le félicitait à force de baisers. Il lui sourit faiblement en lui ébouriffant les cheveux.
Soudain, une légère explosion retentit, ce qui arrêta tout de même la fête dans son élan. Tout le monde s’arrêta de danser ; l’orchestre cessa de jouer. Les portes de la pièce s’ouvrirent à la volée et un petit groupe d’hommes pénétra dans la salle. Chacun portait une épée au côté et affichait un regard méprisant.
- Les Faëls ! s’écria le maire.
L’un d’eux monta sur l’estrade et prit le micro en main :
- Bien le bonjour, chers prisonniers ! Moi, Kalan T’hir, chef Faël, ai l’immense joie de vous annoncer que mes troupes viennent d’encercler votre insignifiant village. Ce n’est vraiment pas malin de donner un congé à tous vos soldats le même jour, ajouta-t-il à l’intention du maire.
- Comment le savez-vous ? s’étonna ce dernier.
- Nous avons un espion, répondit le Faël comme si c’était l’évidence même.
Une exclamation de surprise parcourut la salle. Comment quelqu’un avait-il pu trahir les siens ? Dans un village où tout le monde se connaissait ? La pauvre Erilys était morte de peur. Elle se blottit contre son père ; lui serra la main ; et dit :
- Qui ?
C’était la question qui brûlait toutes les lèvres. À présent, chacun tendait l’oreille pour entendre la réponse. Le visage dénué de toute expression, Kalan T’hir leva le bras et pointa le doigt sur . . . le père d’Erilys.
- C’est impossible, répondit un villageois avec un petit rire forcé, il a sauvé un petit garçon de vos sales pattes, il n’y a pas si longtemps !
- Nous avions effectivement capturé l’un de vos enfants, reconnut le Faël, ensuite, moi et mes hommes avons rencontré sur notre route cet homme, dit-il en désignant le père d’Erilys. Il s’est lamentablement jeté à nos pieds, en suppliant de leur laisser la vie sauve, à lui et à l’enfant. Nous avons accepté à condition qu’il nous fasse un rapport quotidien de tous les évènements importants qui se passaient ici. Il tenait tellement à sa vie d’égoïste qu’il n’a pas discuté et a fait tout ce que nous lui demandions. Il n’a pas hésité à sacrifier la vie de tout un village pour sauver la sienne.
Ne sachant plus trop que croire, la foule se tourna vers le père d’Erilys, qui baissa la tête, avouant ainsi sa trahison.
Tout s’était ensuite passé si vite . . . Des centaines de Faëls étaient arrivés et avaient emmené tous les villageois, sous le regard désolé du père d’Erilys. Cette dernière était complètement sonnée. Son père était un lâche, un traître ! À cause de lui, le village était condamné : elle savait que les Faëls étaient sans pitié envers leurs esclaves. Alors que la rage, la tristesse et bien d’autres sentiments confus la gagnaient, Erilys avait fui. Abandonnant ainsi sa mère et les autres villageois, elle avait courut vers le large, pour finalement se retrouver face à cette mer si familière.
Elle avait pleuré toute la nuit, sans interruption. Ses yeux étaient à présent aussi secs que des cendres et ses paupières closes. Sa joue reposait délicatement dans le sable fin. Sa bouche, entrouverte, ne bougeait plus. Son visage auparavant rose bonbon était déjà en train de blanchir. Sa belle robe était tachée et trempée. Sa main inerte fut secouée par une brise. Peu à peu, le sable finirait par la recouvrir ou la mer par l’emporter au gré de ses flots. Cette nuit-là, une fillette nommée Erilys âgée d’à peine 10 ans, avait péri, épuisée par le chagrin et la trahison.