Quelles sont vos passions? / Anecdotes en tout genre

Né le 6 Janvier 1616, François de Bourbon-Vendôme, Prince de Martigues puis duc de Beaufort est le fils de César, duc de Vendôme et de Françoise de Lorraine, duchesse de Mercoeur. François est élevé avec son frère Louis (né en 1610) et sa sœur Elisabeth (née en 1614) entre les châteaux familiaux (Vendôme, Anet, Chenonceau..) et Paris où sa famille possède l'Hôtel Vendôme. Eduqué dans la foi entre sa mère très pieuse, l'évêque de Lisieux et Vincent de Paul, François gardera toute sa vie un profond attachement à la religion. Destiné très tôt à l'ordre de Malte, il n'en fera cependant jamais parti, principalement à cause des événements survenus durant son adolescence.
François a dix ans lorsque son père est arrêté et emprisonné au donjon de Vincennes sur ordre du Roi Louis XIII et du Cardinal de Richelieu. En 1630, le jeune homme et son frère s'engagent dans l'armée sans l'espoir de permettre à César d'être libéré. Là, François acquiert un goût des combats qui ne se démentira jamais tout au long de sa vie. César est libéré après cette campagne militaire mais doit vivre exilé, d'abord en Hollande puis sur ses terres du Vendômois.
Lorsque François atteint ses dix-sept ans, son père le fait duc de Beaufort. Il participe dès lors à de nombreuses campagnes où il se comporte souvent en héros, notamment à la bataille de la Somme.
Arrivé à l'âge adulte, Beaufort est grand, adroit aux armes et a un corps athlétique. Au physique, il est blond avec des yeux d'un bleu profond et possède le nez bourbon qui ajoute du charme à son visage. Il est considéré comme un des plus beaux hommes du Royaume, étant très aimé des femmes et admiré et envié des hommes.
En 1637, alors que le ménage royal formé par Louis XIII et Anne d'Autriche est en froid, Beaufort soutient la Reine contre Richelieu et tous ceux qui sont ligués contre elle. Anne d'Autriche le voit avec plaisir et des rumeurs courent alors, disant qu'ils sont amants. En septembre 1638, le miracle tant attendu arrive, c'est la naissance du Dauphin, Louis-Dieudonné. Puis vient la naissance de Philippe, second Fils de France, en 1640. Beaufort, entre temps, se retire un peu de la Cour pour se consacrer aux batailles... et aux femmes. Il affiche durant cinq ans un certain nombre de maîtresses et il est même question de mariage avec Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, union qui ne se fera pas. Dans le même temps, il brille au combat et est considéré comme le héros du siège d'Arras.
Exilé à Chenonceau en 1641 à cause des fautes de son père (lui même enfui en Angleterre), il est mêlé malgré lui, un an plus tard à un complot mené par le favori Cinq-Mars et destiné à abattre Richelieu. Le complot échoue, les principaux conjurés sont exécutés et Beaufort, malgré son innocence, décide de rejoindre son père Outre-Manche. Il en revient au début de l'année 1643 , à la mort du Cardinal. Louis XIII meurt quelques mois après et Beaufort, revenu dans les bonnes grâces d'Anne d'Autriche, se voit Premier Ministre. Lais c'est sans compter Mazarin, un Cardinal élève de Richelieu que la Reine semble beaucoup apprécier. Beaufort le déteste et, lorsque Mazarin est nommé Premier Ministre, il prépare un complot pour l'assassiner. Cette conjuration, nommée Cabale des Importants, échoue et vaut à Beaufort d'être emprisonné à Vincennes.
Sa famille et ses amis font tout pour le faire sortir de prison et Beaufort s'évade le jour de la Pentecôte de 1648 avec la complicité de sa sœur et de sa maîtresse, Madame de Montbazon. Celles-ci lui font parvenir un pâté garni notamment d'une corde et d'une échelle pour permettre l'évasion. La traque entre Beaufort et les gardes de Mazarin commence à travers les différents châteaux de la famille Vendôme.
Dans le même temps, l'émeute gronde dans Paris où, après l'arrestation du Conseiller Broussel, les rues se couvrent de barricades. Beaufort apporte son soutien au peuple en entrant dans la capitale où il est accueilli comme un héros. Cette première vague frondeuse passée, le Roi consent à pardonner ses fautes à son cousin . Mais Beaufort n'entend pas en rester là. Celui qui est surnommé le Roi des Halles par tout un peuple qui l'idolâtre ne souhaite qu'une chose : le départ de Mazarin. Dans la nuit du 5 au 6 Janvier 1649, la Cour s'enfuit pour Saint-Germain. Les armées de Condé encerclent alors Paris pour lui couper les vivres. Beaufort prend alors la tête d'une armée de volontaires pour tenter de sauver la ville de la famine. Presque à lui seul, il ramène dans Paris un convoi de nourriture qui était défendu par le Maréchal de Gramont.
En 1650, la Cour rentre à Paris et la Reine fait arrêter le Prince de Condé qui, fort de ses succès militaires, veut prendre la place de Mazarin. Cependant la Fronde n'est pas terminée et le Cardinal doit s'enfuir pour l'Allemagne. Lors qu'il revient en 1652, Beaufort et les frondeurs pensent avoir gagné la partie. Ils se rendent à la rencontre du Cardinal, afin d'attaquer le corps d'armée qu'il dirige. Avec Mademoiselle, Beaufort entre dans Orléans dont l'armée s'ajoute à la sienne. Le Prince de Condé, récemment évadé, se joint à lui et c'est ensemble qu'ils attaquent les armées du Roi commandées par Turenne. Ils subissent une défaite et Beaufort rentre à Paris pour prévenir de l'arrivée des troupes royales.
La bataille a lieu le 12 Juillet 1652. Beaufort et Condé tentent de défendre la Porte Sainte-Antoine mais ils sont vite débordés et ne doivent d'être sauvés que par la Grande Mademoiselle qui fait tirer le canon sur les soldats du Roi et l'armée s'enfuit. Quelques jours plus tard, et malgré ses réticences, Beaufort doit affronter son beau-frère, le duc de Nemours, en duel. Il le tue mais est pris de violents remords. Il s'enferme au couvent de Chaillot mais en ressort pour répondre à l'appel de la Fronde agonisante. C'est l'anarchie entre les frondeurs et, fin octobre, le Roi et la Cour rentrent victorieux dans Paris . La révolte est matée.
Beaufort se retire quelques mois des affaires publiques. En 1653, le Roi et Anne d'Autriche consentent à lui pardonner les troubles qu'il a causés mais il reste exilé jusqu'en 1660. Là, Mazarin le rappelle à la Cour et Beaufort devient un courtisan comme les autres, participant entre autres à des ballets organisés par le Roi. Il demande également à obtenir la charge d'Amiral de France mais celle-ci revient à son père et lui n'obtient que la survivance.
Après l'affaire Fouquet, Beaufort est envoyé en mer et commence la carrière dont il a toujours rêvé. Il s'y illustre avec bravoure, ce qui lui permet d'obtenir l'ordre du Saint-Esprit. En 1664, c'est la bataille de Djidjelli, au Maghreb. Avec Beaufort comme commandant général, la flotte française prend rapidement la ville. Cependant, la pauvreté du lieu et la désobéissance de Gadagne, un des hommes de Beaufort, font que les Arabes reprennent la ville après quelques semaines de siège.
Après cet échec, Beaufort continue de naviguer sans relâche pour tenter de convertir ou chasser les Infidèles. Il se charge dans le même temps de marier ses deux nièces . Par ordre du Roi, l'une devient Duchesse de Savoie et l'autre Reine du Portugal.
Arrive 1669 et l'appel du Pape pour aller délivrer l'île de Candie (la Crète) du joug de l'envahisseur turc. Beaufort, dont la foi ne s'est jamais démentie, accepte de participer au nom de la France. Mais Colbert, qui craint sa puissance, ne fait de lui qu'un Amiral de parade, confiant les commandements à Vivonne et Navailles. Beaufort atteint Candie (capitale de l'île) le 19 Juin. Vivonne, parti avant lui, n'est pas arrivé. L’Amiral, malgré les ordres, décide de commander avec Morosini, chef de l'armée vénitienne. L'attaque est prévue pour le 25 Juin à l'aube, moment où le soleil gène le plus l'ennemi. Mais Navailles désobéit aux ordres et part quelques heures avant, de nuit, avec un détachement d'hommes. Il se fait remarquer par les Turcs et Beaufort n'a que le temps de réunir une partie de ses troupes avant de se lancer à l'assaut. Les Turcs prennent rapidement le dessus malgré les exhortations de l'Amiral à ses soldats. La bataille dure près de trois heures et c'est là, dans le fracas des armes que le duc de Beaufort est vu pour la dernière fois.
A la fin des combats, son neveu, Philippe d'Orléans, fait rechercher son oncle jusque dans le camp de l'ennemi. Mais rien n'y fait, Beaufort reste introuvable. Son corps n'a officiellement jamais été retrouvé. En France, l'annonce de la mort du Roi des Halles suscite une vive émotion. Mais il faut attendre le mois d'Août 1670 pour que Louis XIV organise un service funéraire pour Beaufort. Un magnifique mausolée a été érigé pour l'occasion malgré l'absence de corps.

Dans l'esprit populaire, le duc de Beaufort n'est pas mort à Candie et, depuis cette époque, de nombreuses rumeurs ont couru à son sujet . Certains ont vu, et voient encore, en lui l'homme au masque de fer, emprisonné à Pignerol en Septembre 1669. D'autres encore, et parfois les mêmes, font de Beaufort le père biologique de Louis XIV, théorie étayée par une phrase issue de la dernière lettre que Beaufort a écrite au Roi. A propos de son dévouement envers la Couronne, Beaufort dit: « Toutes sortes de raisons m'y obligent et beaucoup plus celle que je n'oserai dire pour ne pas manquer au respect que celle du devoir. »
François de Vendôme, duc de Beaufort est un personnage haut en couleurs toujours capable de susciter l'estime et l'émotion populaire par l'histoire de sa vie, digne d'un roman.