J’avance dans une étendue souple et émeraude. Aucun bruit de la ville, seul celui de la nature qui s’éveille, d’oiseaux qui chantent. Je lève la tête et vois les nuages d’un gris souris qui s’estompent. Au loin on peut apercevoir une chaîne de montagnes dans le brouillard. J’avance encore et je découvre un champ de fleurs qui s’ouvrent pour chasser les dernières gouttes de l’averse matinale. Un vent frais et léger fait osciller doucement leurs tiges fragiles. Je sais que derrière moi se trouve une ferme aux côtés d’un vieux moulin en ruine envahis par le lierre. Je m’agenouille. La terre est humide sous mes doigts. Je continue d’observer. Libre, un vol d’hirondelles passe sous des nuages. Une odeur assez étrange se répand dans l’atmosphère, un mélange d’hiver et d’été, de printemps et d’automne. Une odeur de fleur et d’arbres, d’eau et d’air. Une odeur de soleil et de nuages éphémère et persistante. L’odeur de l’air après la pluie. Je voudrais rester éternellement dans cette bulle de rêve. Le vent fait osciller la cime des arbres. Un vent chargé de pluie qui mugi depuis le matin. Je m’approche de la fenêtre. Dans l’allée nombre de feuilles jonchent le sol. Mes carreaux sont constellés d’une multitude de fines gouttelettes tombées de l’étendue immaculée et infinie du ciel.
Je sourit. Est-ce ça la liberté?