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 Profession, assassin (futur roman à faire publier)

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Erwana
Dunadan Aram
Tàri Eledwhen
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Tàri Eledwhen
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Tàri Eledwhen


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MessageSujet: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMar 1 Jan - 19:08

*Chapitre 1*
Premier contact

Silencieuse et discrète à l'image d'une ombre, elle s'engouffra dans une taverne de la ville basse, sa large capuche rabattue afin de dissimuler totalement son visage. Il s'agissait du repaire de guildes diverses, de malandrins et malfaiteurs de tous types, mais surtout du point de rendez-vous des soldats de la garde. D'un pas fluide et félin, elle se dirigea vers le recoin le plus sombre et, sans s'annoncer, prit place à la table d'un humain d'allure peu engageante. À voix basse, ils échangèrent quelques mots et le mâle sembla rapidement indigné, en colère même. Pourtant pas une fois elle n'éleva le ton ni ne perdit son flegme coutumier. Qui elle était, il n’en savait rien, mais il n’aimait pas sa nonchalance, son assurance déplacée... Il grogna. Une femme… Où allait le monde si une stupide femelle se permettait de le défier plutôt que de rester à sa place... Il avait bien envie de lui faire comprendre qu’elle ferait mieux de se trouver un mari et de pouponner sagement en laissant ce genre d’endroit aux hommes… sans oublier les armes qu’elle n’avait pas à porter. Et quoi de mieux pour cela que de lui rappeler sa condition ? En ricanant, il lança son poing vers elle afin de l’attraper au collet pour écraser sa bouche contre la sienne… Il fut trop lent. Le poing féminin, si mince, si fin et fragile en comparaison, fusa et s’aplatit sur son nez… qui s’écrasa dans un craquement écœurant.
- Tu es folle femme ! rugit-il en posant la main sur la garde de son épée, prêt à la tirer de son fourreau.
- Je te le déconseille si tu tiens à certaines parties de ton anatomie, dit-elle alors en tirant légèrement de sa ceinture un fin poignard, dont le fil étincelant paraissait tranchant comme un rasoir.
Puis, toujours impassible, elle répéta sa question sans se lasser. Son minéral regard bleu glacier fixé sur son interlocuteur sans pourtant qu’il l’aperçoive, elle attendait qu'il parle. Elle savait que cet instant viendrait tôt ou tard. Il arrivait toujours. Le silence retomba entre eux. Lourd et glacé. Elle sentait son vis à vis d'une stupidité sans borne et cette constatation réjouissante étira ses lèvres en un sourire froid. A présent qu’elle le tenait, tel un fauve ayant bondi sur sa proie, elle ne le lâcherait plus.
- Et bien ?
Deux mots. Deux minuscules petits mots prononcés par une voix grave et chaude, d’un ton dénué de toute émotion mais emplis d’une menace sous-jacente.
Tentant de dissimuler sa stupeur derrière un sourire bravache, il essaya une pirouette, sans trop y croire.
- Si je vous dis ce que je sais… qu’est ce que j’aurais en échange ?
Avec une nonchalance stressante pour son interlocuteur, elle leva ses longues jambes fines et posa ses pieds sur la table avec le plus parfait sans-gêne. Elle sortit ensuite une pièce de monnaie de sa poche et commença à la faire sauter en l’air à intervalles réguliers, sans rien dire.
Le nouveau silence qui venait de s’installer, seulement troublé par le tintement rythmique du métal heurtant des ongles aussi longs, pointus, solides et acérés que des griffes de fauve, fit couler un filet de sueur glacée le long de la colonne vertébrale du soldat. Qu’attendait-elle pour répondre ?
Un temps infini sembla s’écouler avant que la voix se fasse de nouveau entendre.
- Ta vie peut-être… ou peut-être pas.
Une réponse qui n’en était pas une. Qui voulait à la fois tout et rien dire. Mais il n’avait pas d’autre choix. Il ne pouvait qu’espérer sans trop y croire.
- Il passera par la porte réservée aux domestiques, demain à midi.
- Escorte ?
- Dix hommes.
- Parfait.
Elle se leva, le dominant de toute sa taille et l’espace d’une minute, le garde crût qu’elle allait repartir comme elle était venue. Il ne vit qu’un éclair. Une fraction de seconde. Un froid, un courant d’air au niveau de l’abdomen et il s’affaissa lentement sur la table sans voir qu’elle essuyait sur lui la lame sortant de son gant droit. Ne jamais laisser de témoins.
Quelques minutes seulement s’étaient écoulées lorsqu’elle quitta l’endroit.
L’Ombre Noire. La Mort Subite. La Seija(1) ... Ses surnoms s’avéraient nombreux, mais tous inspiraient la crainte. Les personnes pouvant se vanter d'avoir aperçu son visage étaient très rares sinon inexistantes, car elle frappait si vite que ses victimes n'avaient même pas le temps de pousser un ultime cri... et nul ne lui avait jamais échappé. Méthodique, froide, impitoyable, elle faisait ce qui devait être fait sans compassion ni aucun autre sentiment et ses frappes s'avéraient si précises qu'elles en devenaient chirurgicales. Pas de mouvement inutile. Jamais. Lorsqu'elle voulait un renseignement, elle l’obtenait toujours car personne n'osait la défier, de peur d'y laisser la vie. Le Fléau. L'Insensible. L’Invisible. Solitaire et invaincue, une légende vivante. D'un bout à l'autre de Sayanë, son nom résonnait comme un glas, une menace, une promesse de mort et chacun, dans le secret de son âme, espérait n'avoir jamais affaire à celle qu'on surnommait aussi l'Ange de la Mort. Différente, mystérieuse, elle avait littéralement surgi des profondeurs de la nuit des années auparavant. Elle ne frayait jamais avec quiconque car s'attacher était à ses yeux signe de faiblesse et elle en méprisait toute forme.

~~~~~~~~~~~~~

- Maman ! Réveille-toi maman ! Il y a du bruit !
Dans une petite bicoque en plein milieu de la ville basse, une enfant secouait sa mère inerte autant que le lui permettaient ses maigres forces. La femme, allongée sur un matelas en piteux état posé sur un cadre de bois instable, se tenait plus immobile qu’une statue depuis de longues heures, mais la fillette âgée d’une petite dizaine d’années qui venait de remonter de la cuisine avec un bol de soupe presque aussi claire que de l’eau, refusait de voir que c’était anormal.
Un autre bruit. Plus fort. Un grincement qui ne trompait pas. Quelqu’un gravissait le vieil escalier branlant.
Une nouvelle fois, elle essaya, pressée par la peur.
- Maman !
Un silence brusque, puis un bruit infime. Une main sur la poignée de l’autre côté de la porte.
Abandonnant sa mère, la petite fille, affolée et terrorisée, se jeta sous le lit par instinct de conservation, n’osant presque plus respirer.
Quelques pas et des pieds bottés de noir apparurent dans son champ de vision, tout près d’elle. Bien trop près. Elle ferma très fort les yeux, espérant de toutes ses forces que l’intrus s’en aille vite. Les secondes s’égrenèrent lentement sans qu’elle n’entende le moindre son et soudain…
Le couvre-lit qui la dissimulait se souleva et deux bras se glissèrent sous le meuble. Elle recula instinctivement en rampant, mais des mains qui lui parurent énormes se saisirent d’elle avec rudesse, comme si sa présence à cet endroit ne faisait aucun doute pour leur possesseur. Trop terrifiée pour bouger ou pousser le moindre cri de frayeur, elle fut tirée de sa cachette et soulevée comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’une plume. Là, elle resta tétanisée, fixant le géant qui lui faisait face.
- Silencieuse et discrète. Parfait.
Quatre mots. Les seuls que formula l’homme en noir qui, debout devant elle, la tenait fermement par les épaules. Les uniques paroles, énigmatiques, qu’il prononça sans pourtant s’adresser à elle. Elle ne vit pas son visage et ne réalisa ce qui se passait que lorsqu’il l’entraîna vers la porte.
- Non ! Maman ! protesta alors la fillette, retrouvant sa voix au moment de quitter sa mère.
Il s’immobilisa et se tourna vers la toute jeune Elfe.
- Elle est morte.
Trois mots. Durs. La froide réalité assénée d’un ton sec, sans la moindre trace de compassion ou de sollicitude.
La petite fille se doutait de quelque chose de ce genre, mais elle n’avait pas voulu le voir. Elle avait nié la vérité. La phrase mit quelques secondes à se frayer un chemin jusqu’à son esprit, puis elle fondit en larmes, avant de s’écrier d’une voix déchirante :
- Maman ! Non ! Ne me laisse pas ! Reviens !
Une secousse brutale suivit ces quelques mots et ces pleurs bien légitimes.
- Silence petite idiote… fit l’inconnu d’une voix sourde. Silence ou tu subiras le même sort qu’elle, je m’y engage…
La menace, proférée sans qu’il hausse le ton, eût un effet immédiat et si la jeune Elfe hoquetait toujours, les larmes coulant encore sur ses joues pâles, elle se tut. Mais cela ne suffit pas à son bourreau, qui essuya brutalement ses pleurs de son gant pourvu d’éléments métalliques. Ce geste griffa cruellement le petit visage apeuré et chagriné. Le sang coula de la fine estafilade générée. Il ne s’en soucia pas.
- Ces larmes étaient les dernières de ta vie, déclara-t-il en la fixant sous sa capuche. A partir d’aujourd’hui, si je t’y reprends, tu le payeras cher, crois-moi.

~~~~~~~~~~~~~

A pas feutrés témoignant d’une longue habitude, elle se faufila à l’arrière du bâtiment. Une dizaine d’hommes… Un jeu d’enfant. La routine. Tapie contre le mur d’angle, elle attendit. C’était une question de minutes sinon de secondes. La porte arrière s’ouvrit, accompagnée de bruits de pas et d’ordres claquant comme un fouet. Ils étaient là. Exactement à l’heure prévue, la loyale escorte était sortie de la bâtisse. Un sourire froid naquit sur ses lèvres. Une loyale escorte dont elle ne ferait qu’une bouchée.
Avec une célérité surhumaine, elle se glissa derrière le dernier soldat. Sa lame gauche jaillit. Il s’écroula, privé de vie. Méthodiquement, elle fit de même avec tous et pas un n’eût le temps d’alerter ses collègues.
De nouveau la porte. Elle se retourna et fit face au nouvel arrivant. Sa victime.
- Mais… qu’est ce que… balbutia l’aristocrate en apercevant au sol les corps de ses protecteurs.
Elle ne répondit pas. Sa lame souillée de sang en disait assez long.
- A la g…
Il ne pût pas terminer sa phrase. En un bond, elle l’avait rejoint et l’instant d’après, lui aussi gisait à terre, la dernière étincelle de vie s’éteignant à jamais dans son regard déjà opaque.
Toujours impassible, elle essuya son arme, la rétractant dans son logement d’un mot et disparut aussi furtivement qu’elle était arrivée.

~~~~~~~~~~~~~

- Encore !
Du haut de la falaise, l’ordre avait claqué durement aux oreilles de l’enfant dont les mains fines se trouvaient couvertes d’ecchymoses et de contusions, sans compter le sang qui les maculait, rendant sa progression dangereuse. A tout moment elle pouvait chuter et se rompre le cou, mais manifestement, il n’en avait cure.
Les dents serrées comme pour contenir la douleur et les tremblements de ses bras fatigués, elle raffermit sa prise, serrant la pierre tranchante à s’en faire blanchir les articulations. Elle devait terminer cette ascension coûte que coûte, sinon elle s’en repentirait, elle le savait. Elle leva le bras. Une prise, puis une autre. Une anfractuosité où elle posa son pied. Elle regarda plus haut afin de se rendre compte du chemin restant à parcourir. Ne pas regarder en bas. Jamais. C’était la règle. La première règle. Regarder en bas équivalait à regarder derrière soi, à regarder en arrière, à regarder le passé. Et il avait été très clair à ce sujet : ni passé ni avenir, seulement le présent.
L’identité de ce « il », elle l’ignorait toujours et sentait confusément qu’elle ne l’apprendrait jamais.
- Dépêche-toi !
Une nouvelle consigne. Aussi impérieuse que la première. Aussi pressante que toutes celles qu’il lui donnait depuis qu’il l’avait arrachée sans explication à la maison qui l’avait vue naitre. Des explications, il n’en donnait jamais. A personne. Il ne se justifiait pas. Il agissait ou ordonnait. C’était tout. C’était lui.
La paroi, relativement lisse, offrait peu d’aspérités sur lesquels s’appuyer et, parfois, de petits pans de roche s’effondraient sous son poids, pourtant léger, manquant la précipiter dans le vide… à sa grande horreur car la fillette souffrait de vertige. Pourtant, malgré ces difficultés, malgré son épuisement grandissant et son envie d’abandonner, elle poursuivit son escalade. Il ne lui permettrait pas de s’arrêter de toute façon. Le bras droit, la jambe gauche, le bras gauche, la jambe droite et recommencer. Inlassablement mais mécaniquement. Les mètres succédaient aux mètres. Semblables et pourtant différents. En grimaçant, elle aborda un passage escarpé, difficile. Trempée de sueur, elle ne sentait plus ses bras frêles mais ne songea même pas à se plaindre. Il ne l’écouterait pas. Le temps semblait s’être arrêté et elle avait l’impression que jamais elle n’atteindrait le sommet. Elle y parvint pourtant après de longues minutes d’efforts supplémentaires et s’écroula, à bout de forces, tenant de retrouver un rythme respiratoire normal.
- Pitoyable…
Ce fut le seul commentaire qu’elle obtint comme récompense pour sa ténacité, lorsqu’il la vit arriver.
L’enfant ne répliqua pas et ne leva pas non plus les yeux sur lui, de crainte qu’il ne découvre dans son regard la haine qu’elle lui portait. Il attendait d’elle une obéissance aveugle, un acharnement sans limite, une dévotion totale à la voie qu’il avait choisie pour elle. Elle ne savait toujours pas comment il l’avait trouvée ni comment il avait su où elle se cachait. Il ne le lui avait pas dit et ne le ferait probablement jamais, mais quelle importance au fond ? Maintenant, elle avait une vie, un avenir. Sombres, mais réels. A son image, elle était vouée à la solitude, condamnée à la nuit.

(1) Seija : grand félin au pelage noir et aux griffes redoutables. Se prononce « séya »


Dernière édition par le Mer 2 Jan - 2:28, édité 1 fois
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Dunadan Aram
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMar 1 Jan - 20:23

Superbe chapitre! J'ai adoré! Tu as un excellent style d'écriture, l'enchaînement des sous-chapitres donne une teinte étrange et essentielle à l'ensemble... ( je sais pas si je suis très clair là ... ^^')
Bien que ce ne soit que le premier chapitre, l'histoire est déjà passionnante et j'attendrais avec impatience la suite...
Je ne doute pas que tu trouves très bientôt un éditeur, si le reste de l'histoire est identique...
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Tàri Eledwhen
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 2:21

Je suis ravie que ça te plaise autant.
Voilà la suite (coupée en deux posts pour que ça tienne) :

* Chapitre 2 *
Une mission difficile

C’était l’heure. Elle sortit de sa demeure et se rendit au point de rendez-vous. Elle devait rencontrer son unique collègue encore en vie. Zan Dress, un Elfe Noir, le seul qui se soit montré assez rusé pour se jouer des patrouilles sillonnant la ville. Tous les autres avaient été arrêtés et exécutés. Les uns après les autres. Et elle avait assisté à leur trépas sans sourciller. On récolte ce que l’on sème… et ces imbéciles avaient mérité leur sort. Ombre parmi les ombres de la nuit, elle passait parfaitement inaperçue dans les ruelles plongées dans la pénombre.
- Tyra…
Une voix familière. Elle se retourna, peu surprise de le trouver dans son dos.
- Zan…
Les salutations étaient froides, mais logiques. Ils étaient concurrents après tout. Parfois, pourtant, ces rencontres s’avéraient nécessaires.
- Quelles nouvelles ?
La question avait fusé des deux côtés en même temps.
Tyra haussa les épaules et répondit évasivement :
- La routine.
Elle ne se confiait pas. Jamais. « La connaissance de l’autre est le premier pas vers sa destruction » lui avait un jour dit son maître. Il avait raison. Si elle racontait ce qui se passait dans sa vie, les informations divulguées la mettraient en position de faiblesse. Elle haïssait la faiblesse.
- Et toi ?
Il lui raconta par le menu ses dernières missions et elle changea immédiatement d’avis à son sujet. Aussi crétin que les autres. Voir pire. Il venait de lui donner naïvement plus de moyens de pression qu’elle n’en avait besoin pour assurer ses arrières. En cas de problème, il lui suffirait de quelques mots à la personne adéquate pour le perdre définitivement. Elle le tenait dans le creux de sa main aussi sûrement qu’une aragne emprisonne un insecte dans sa toile. Elle retint un sourire moqueur.
- Aikryo Daikin, l’élève de Seln Avar, a décidé de prendre la relève de feu son maître, l’informa Dress après un court silence.
- Tiens donc…
Un sourire prédateur naquit sur les lèvres de la jeune femme. Un oisillon voulant jouer chez les rapaces… comme c’était… ridicule. Il ne tiendrait même pas deux semaines. Il n’avait pas plus les épaules pour suivre cette voie, que ne les avait son mentor.
- Grand bien lui fasse… commenta-t-elle sobrement d’un ton neutre. Comment l’as-tu appris ?
- Il est venu me demander des conseils.
- Et tu les lui as donnés ?
- Mais… oui, répondit-il, déconcerté.
- Tu es encore plus idiot que je ne le supposais, lâcha Tyra sans aménité.
- Quoi ?! fit-il, indigné en sortant son poignard.
L’Elfe ricana.
- Tu es bien susceptible…
- Tu viens de m’insulter… grogna Zan.
- Si tu te vexe, tu es faible, asséna-t-elle de nouveau en tournant les talons.
Elle ne prenait jamais congé, estimant qu’il s’agissait d’une perte de temps.

~~~~~~~~~~~~~

- Allez, attaque !
Haletante, en sueur et couverte d’entailles sanguinolentes, elle considéra son mentor qui la maltraitait sans répit depuis presque trois heures. Ses doigts étaient tellement crispés sur la garde de la lourde épée qu’il lui avait mise entre les mains, qu’il lui semblait que plus jamais elle ne parviendrait à les déplier.
- C’est mou ! Du nerf !
- Mais je fatigue !
- Ce n’est pas mon problème ! Attaque, sinon…
Elle soupira. Oui, elle savait. Si elle n’obéissait pas ou échouait, elle serait fouettée. Elle ne comptait plus les zébrures marquant son dos, témoins criants de ses nombreux échecs. Elle sur qui ses parents n’avaient jamais levé la main, avait appris la douleur à son contact. Ses parents… Leurs souvenirs, flous, s’effaçaient peu à peu dans son esprit et elle avait l’impression de se rappeler d’une vie passée.
Dans un effort de volonté, elle souleva l’arme pour au moins la centième fois de la journée et porta un nouveau coup, oblique cette fois, qu’il bloqua sans aucun mal. Il se paya même le luxe de bailler ostensiblement afin de marquer l’actuelle incompétence de son élève.
Elle grimaça, cachant de son mieux sa vexation et prit sur elle de reprendre le laborieux exercice, quitte à y laisser ses dernières forces. Elle refusait de se laisser davantage humilier. Serrant les dents, elle continua donc, parée à chaque attaque.
- Allez, enchaine ! Plus vite !
A présent au-delà de l’épuisement, elle s’obstina donc à lui porter des offensives, tâchant d’augmenter la cadence, ainsi que la précision afin de le contenter et de s’auto-satisfaire. Pourtant, au bout d’un long moment, ses muscles trop sollicités crièrent grâce et elle s’affaissa en poussant un gémissement étouffé, l’épée tombant au sol dans un fracas métallique.
- Debout ! Immédiatement !
L’ordre avait de nouveau fusé, mais le corps de l’enfant refusait d’obéir.
Dans un mouvement brusque, il l’empoigna par le col et la remit sur ses pieds, l’empêchant ainsi de retomber à genoux.
- Je crois t’avoir donné un ordre, apprentie… fit-il d’une voix sourde n’augurant rien de bon.
- Je n’y peux rien, tenta-t-elle de plaider sans trop y croire. Je me suis dépassée, mais je n’en peux plus.
Elle savait qu’elle serait punie, mais pour le moment, elle ne se trouvait pas en état de s’en soucier. Elle n’aspirait plus qu’à une chose : dormir. Elle se sentait plus épuisée encore qu’après sa première escalade, des semaines auparavant. Elle avait l’impression qu’il voulait la tuer à la tâche.
Il ricana.
- Si tu veux aller dormir, tu vas devoir te lever et marcher. Sans aide.
Ayant dit cela, il s’éloigna sans se retourner, la laissant seule.

~~~~~~~~~~~~~

Assise dans le fond de la pièce, Tyra attendait. Elle attendait qu’il arrive en sirotant tranquillement un verre de zana. Ses yeux se posèrent sur la population louche qui fourmillait dans la hideuse gargote : des individus avinés posaient leur regard concupiscent sur les serveuses qui tentaient d’éviter leurs mains baladeuses tout en faisant leur travail ; des soldats jouaient aux dés ; dans un coin, deux colosses s’adonnaient à une partie de bras-de-fer, encouragés par quelques clients à l’aspect rebutant… Le décor, lui non plus, ne s’avérait pas des plus reluisants : un âtre crasseux dans lequel se trouvait suspendu un chaudron cabossé luisant de graisse juste au dessus d’un monceau de cendres froides, une dizaine de tables à la propreté douteuse entourées de bancs bancals, un comptoir à peine assez grand pour permettre à trois personnes d’y prendre place… Tout à fait le genre d’endroit où elle passait inaperçue.
La porte s’ouvrit et quelqu’un entra. Elle tourna la tête. Si son instinct ne la trompait pas, c’était lui. Son commanditaire. Un sourire sardonique aux lèvres, elle observa l’accoutrement dont il s’était affublé pour ce qui était certainement sa première visite dans cette partie de Llinmai. Ainsi vêtu, il pensait certainement se fondre dans la masse. Manqué. Sa cape faisait trop neuve, ses bottes cirées grinçaient au moindre pas… tout en lui respirait le haut gradé fortuné. Croisant les bras, elle resta un moment à le fixer, attendant de voir si quelqu’un d’autre allait le repérer aussi facilement. L’un des colosses s’approcha de lui et commença à lui parler, tandis que, discrètement un homme plus petit se glissait au sol et tendait une main habile vers la bourse, bien visible, accrochée à sa ceinture. Elle l’avait vu venir. C’était une évidence. Et lui qui ne se doutait de rien… Zenf ricana intérieurement et continua à observer le manège. Elle allait attendre encore un peu avant de le rejoindre. La situation était trop amusante. Comment pouvait-on atteindre un si haut grade en se montrant si peu méfiant ? Le larcin fut effectué en quelques secondes sans que la victime ne réagisse et le voleur se replia rapidement vers l’autre bout de la salle. Elle décida alors que cela suffisait et se leva. Avec son habituelle célérité, elle se précipita vers le voleur et lui appliqua une puissante clé de bras qui lui fit lâcher l’escarcelle en poussant un cri de douleur. La plainte fit se retourner son commanditaire, qui la dévisagea, surpris de sa vivacité. Tordant tant et plus le bras du malfaiteur qu’elle tenait toujours, elle insista jusqu’à entendre un craquement sinistre. Elle le lâcha alors sans lui jeter un regard et récupéra l’aumônière qu’elle rendit sans un mot au militaire médusé. C’est alors que le colosse se jeta sur elle pour venger son camarade. Bien mal lui en prit. Vive comme l’éclair, elle l’attrapa par le poignet et, à l’aide d’une prise spéciale apprise de son mentor des années auparavant, le jeta à terre en un instant, puis, de l’autre main, elle sortit sa dague et en plaça la pointe sous la gorge de son agresseur.
- Récupère ton ami… et filez.
Pas un mot de plus. Ce n’était pas nécessaire. Il avait comprit. L’homme se releva et fila sans demander son reste en abandonnant sur place son acolyte blessé. Elle ricana en le voyant quitter les lieux précipitamment, puis se tourna vers le militaire.
- Nous avons quelque chose à régler je crois…
Revenant de sa stupéfaction, celui-ci la dévisagea.
- En effet. Mais après tout ça, rester ici n’est…
- Vous n’avez pas remarqué que personne n’a bougé ? Les rixes sont quotidiennes ici. Aucun danger. Parlez.
Il hocha la tête et passa quelques instants à lui expliquer en détails où, quand et comment trouver sa victime.
- Vous avez carte blanche, conclut-il en poussant vers elle la bourse qu’elle venait de lui rendre.
Un sourire froid naquit sur ses lèvres. Elle aimait ce type d’instructions.
- Je vous recontacterai.
Sur ces mots, elle saisit l’aumônière et quitta l’endroit sans se retourner. Elle avait une mission à préparer.


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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 2:23

~~~~~~~~~~~~~

Un craquement insignifiant. Elle n’y fit pas attention. Lui si.
- Tu as encore échoué, apprentie.
La constatation tomba pour la vingtième fois de la journée au moins. Elle soupira. Elle avait pourtant l’impression de respecter scrupuleusement ses consignes… Caler sa respiration sur le souffle du vent, ne plus faire qu’un avec la forêt, alléger son pas jusqu’à ne plus peser davantage qu’un syr(1) … Tout cela et même davantage, elle l’effectuait sans relâche depuis le matin, alors pourquoi n’y parvenait-elle pas ?
Un sifflement. Une nouvelle morsure de la lanière de cuir. Dents serrées, elle n’émit pas une plainte.
- Recommence !
Elle le fusilla du regard, le vouant intérieurement aux gémonies.
Il ricana.
- Tu me hais…
Elle ne répondit pas. D’ailleurs, il ne s’agissait pas vraiment d’une question.
- Tu dois apprendre, fit-il alors, énigmatique.
- Apprendre quoi ? interrogea-t-elle en retenant à grand peine une grimace de souffrance.
- A ne plus rien ressentir. Pour personne. Maintenant recommence. Et si tu échoue encore, ce sera double ration.
Sans rien dire, elle repartit vers son point de départ, plusieurs centaines de mètres en amont. Une fois seule, un rictus de douleur tordit sa bouche juvénile comme le tissu de sa fine tunique trempée de sueur collait aux marques sanguinolentes de son dos. Ne plus rien ressentir… Facile à dire… Elle ressentait une seule chose. De la haine. Véritable. Envers lui qui l’avait arrachée à tout ce qu’elle connaissait pour lui imposer cette vie.
Elle soupira et s’obligea à faire abstraction de tout pour se concentrer sur l’exercice. La jeune Elfe s’engagea une fois encore dans les taillis. Pas de nuage, respiration aussi ténue que la légère brise qui souffle sur les plaines de l’Alfen en été, elle se fondit soudain dans le décor. Dans le sens littéral du terme.
Aucun craquement. Le plus total silence. Pourtant elle approchait, invisible mais inexorable. Encore quelques mètres. Visiblement, il ne l’avait pas encore repérée. Est-ce que par hasard… Non, elle n’osait l’espérer. Elle le contourna et apparut devant lui. Littéralement.
- Me voici.
Il sursauta. Lui. Lui que rien ni personne ne surprenait jamais.
La considérant de son regard aigu, il ne prononça tout d’abord pas une parole, puis…
- Intéressant...
Un mot. Un seul. Mais elle sut que, pour une fois, elle avait triomphé. Sans savoir ce qui s’était produit au juste, elle tenait sa première victoire. Elle sourit.

~~~~~~~~~~~~~

Silencieuse et invisible, elle se glissa dans une ruelle sombre jusqu'à une enceinte qu'elle escalada sans mal. Ce geste, elle l'avait déjà effectué bien des années auparavant, lors de ses épreuves. Elle sauta souplement de l'autre côté et se faufila dans le jardin plongé dans la pénombre. Soudain, des bruits de pas. Des pieds bottés à en juger par le bruit mat sur les pavés du chemin. Une patrouille. Une dizaine d'hommes à priori. Elle se plaqua contre un tronc noueux et attendit que les sentinelles s'éloignent.
Quelques gardes passèrent à proximité, puis un bruit de sabots claquant sur le pavé se fit entendre. Un hennissement et une imposante monture noire comme la nuit, portant son cavalier avec une aisance qui démontrait sa puissance, fit son apparition. L'individu mit pied à terre et tous le saluèrent dans un ensemble parfait. L'homme leur répondit d'un signe de tête, puis, après avoir flatté le chanfrein de sa monture à la longue crinière noire de jais, disparut dans l'encadrement d'une porte.
Un coup d'œil. Un seul. C'était lui. Quelques instants encore. Ne pas bouger. A peine respirer. C'était la clé. Dans le froid de la nuit, elle se hâta vers le bâtiment dans lequel il venait de pénétrer, mais le contourna par la droite. Cherchant du regard une ouverture quelconque par laquelle se glisser, elle avisa le soupirail. Elle sourit. Il se trouvait toujours loin au dessus de sa tête. Hors de portée. Du moins pour un banal tire-laine. Pas pour elle. Elle sortit de sa botte l’un des poignards qui ne la quittaient jamais et le planta entre deux pierres. L'escalade commença. Appuyée sur le dernier poignard planté, elle sortit un petit objet de sa poche et s'affaira à découper le verre de la demi lune. Un léger bruit accompagna la chute de l'élément. Elle se faufila dans l'étroite ouverture ainsi dégagée et se laissa tomber au sol. Se relevant, elle regarda autours d'elle. Une buanderie. Désaffectée apparemment. Parfait. S'approchant de la porte, elle y colla l'oreille afin de détecter des bruits de pas, mais n'entendant rien après quelques secondes, ouvrit le battant et se glissa dans le corridor. Quelques minutes encore. Elle se dirigea dans les méandres labyrinthiques et approcha une nouvelle porte. Impossible de se tromper. Son informateur avait été très clair. Il s'agissait de son bureau.
Il ôta son heaume et poussa un léger soupire d'aise avant de le poser sur le socle, à droite de son fauteuil. La pièce était méticuleusement rangée, organisée et reflétait la maniaquerie de son occupant. Il prit place dans son fauteuil puis, décrocha de sa ceinture un tube qu'il ouvrit et en tira un parchemin qu'il étala sur le bureau.
Elle posa la main sur la poignée et la fit jouer lentement. Très lentement. Le moment était arrivé. Elle entra.
L'homme sursauta et se releva en rabattant sa capuche avec une rapidité surprenante, de manière à ce qu'elle n'ait pas le temps de voir son visage.
Sans un mot, telle l'ombre qu'elle était, elle s'approcha. Avec une rapidité déconcertante. Inhumaine.
Mais il ne s'agissait pas là du premier venu. D’un geste, il pivota pour suivre sa progression et ne pas laisser son flanc exposé.
- Voici donc encore un assassin, murmura-t-il d'une voix grave qui imposait le respect.
Un sourire. Froid. Implacable. Pas un mot. Elle fonça sur lui de toute sa vitesse et, au dernier moment, d'une torsion des poignets, fit apparaitre les lames mortelles dissimulées sur le dessus de ses gants.
Le guerrier eut juste le temps d'esquiver d'un pas sur le côté avant de se saisir de son avant bras et de lui asséner un violent crochet à l'estomac.
Il était rapide. Plus rapide que ses habituelles victimes. Elle n'eût pas le temps d'anticiper son mouvement et encaissa de plein fouet le coup de poing, mais ne broncha pas ni ne se laissa une seconde pour réfléchir. Elle avait trop l'habitude pour se laisser décontenancer par un opposant un peu plus vif que les autres. Elle attrapa le poignard qu'elle avait replacé dans sa botte et sauta habilement sur le meuble le plus proche, puis s'élança de nouveau, telle un rapace fondant sur sa proie.
Anticipant cette nouvelle attaque, il se décala au dernier moment en portant la main à sa broche et dégrafa sa cape, qu'il projeta sur la jeune femme à la toute dernière seconde. Puis, profitant de l'effet de surprise, l'homme attrapa son casque et le remis aussitôt.
Se débarrassant de l'encombrant tissu, elle le rejeta au sol et le fixa. Enfin une proie intéressante. Elle n'avait encore jamais rencontré quiconque qui lui résiste. L'expérience s'avérait aussi intéressante que stimulante. Elle le toisa.
- Si tu t'imaginais que ce serait facile en acceptant le contrat... J'ai déjà éliminé dix autres assassins...
Il asséna cette phrase sans aucune aménité et laissa ses doigts caresser le pommeau de la longue épée qu'il portait au côté droit.
- C'est parfait, rétorqua-t-elle alors dans un sourire froid, faisant enfin entendre sa voix grave et chaude. Enfin un peu d'action.
Une épée apparut soudain dans sa main droite. Elle était prête. Prête à tout.
Il ne bougea pas. Telle une statue, il attendit qu'elle fasse le premier pas... Premier vers la mort qui l'attendait.
Avec célérité, elle engagea le combat, lui portant une série de coups précis et mortels dans quatre-vingt-dix pourcents des cas.
Avec une rapidité au moins égale, le guerrier esquiva ses attaques et dégaina son arme au dernier moment pour parer une passe verticale. Cette épée dont la lame évidée en son centre, était forgée en acier noir aux reflets irisés et possédait un aspect quasi effrayant. Pas commune. Unique même.
Elle dégagea rapidement son arme et repartit à l'attaque, toujours aussi virulente. Un coup au flanc droit, un vers le cœur... et brusquement, en plus de l'épée, sa lame gauche entra dans la danse.
Son opposant continua de parer et de placer quelques contre attaque et senti la lame du poignard rayer sa protection d'avant bras gauche. Repoussant une nouvelle fois l'assassin, il vint frapper du pommeau de son épée son plastron et disparut pour réapparaitre dans le dos de la jeune femme.
Stupéfaite de cette soudaine disparition, elle s'abstint pourtant de le montrer et se retourna. Ne jamais perdre des yeux son adversaire. C'était le prix de la survie, le prix de la vie. Elle le fixa, soupçonnant la magie. Ainsi lui aussi... Intéressant.
Mais elle ne fut pas assez vive. De la garde, il la frappa à la mâchoire avant d'inverser sa prise et de fondre sur elle d'une passe horizontale.
Un bond. Un seul. Elle vola littéralement au dessus de lui, esquivant la mortelle attaque. Ce damné général était plus résistant qu'elle ne l'aurait pensé.
Au lieu de s'arrêter, il poursuivit sa passe en pivotant sur lui même et lorsqu'elle posa pied à terre, la lame arriva rapidement sur elle.
Elle roula au sol et avisa le creux sous le bureau, se retrouvant rapidement de l'autre côté du meuble. Essoufflée, ce qui était fort rare dans son activité.
- Tu es essoufflée il me semble...
Elle ne répondit pas. Ses yeux bleu glacier fixés sur l'issue, elle calculait. Pour la première fois de sa carrière, elle calculait comment se replier. Un bon assassin savait quand une mission était un échec. Et celle-ci en était un. Pour le moment du moins. Car elle reviendrait terminer le travail. Elle sauta sur le meuble et bondit avec une détente impressionnante. Se réceptionnant non loin de la porte, elle fonça vers elle en lançant en ultime avertissement :
- Nous nous retrouverons.
Tu crois, pensa le général avant de frapper de nouveau son poitrail de son épée.
En une fraction de seconde, il se retrouva dans l'encadrement de la porte, à lui barrer le passage, avant d'ouvrir la main sur une boule de mana pure écarlate dont la luminosité devint alors aveuglante. Il l'avait occupée en la provocant juste le temps nécessaire à invoquer cette attaque plus qu'efficace.
Comment est ce que...
Cette fois, la surprise lui fit hausser un sourcil, entorse à son habituel stoïcisme. Elle avisa alors la boule d'énergie. Elle était mal partie si elle ne faisait pas quelque chose rapidement. Alors elle incanta. Une formule sans fioritures, à son image. Un bouclier d'énergie apparut devant elle, invisible pour son opposant. Jamais encore elle n'avait eu besoin de l'utiliser. Elle allait voir ce qu'il valait. Elle attendit.
La boule lumineuse frappa de plein fouet le bouclier protecteur de la jeune femme qui joua son rôle. Cependant, la puissance de l'attaque la projeta violemment contre le mur, de l'autre côté de la pièce.
Le bouclier se dématérialisa et, à moitié assommée par le choc, elle glissa légèrement le long de la paroi.
Prudemment, le guerrier s'avança en sa direction, son épée toujours en main, ne la quittant pas des yeux.
Bouger. Vite. Ou mourir ici. Hors de question. Elle se secoua et bondit de nouveau vers l'issue, roulant au sol pour aller plus vite. Elle devait sortir rapidement.
Il tendit la main en sa direction et un projectile fondit droit sur le dos de l'assassin, sorti de sa protection d'avant bras.
Un sifflement. Un seul. Long. Strident. Il tentait d'assassiner l'assassin, mais elle n'était pas si facile à tuer. Un nouveau sort. Une violente bourrasque qui dévia le trait mortel et elle fila vers la porte.
Mais il n'avait pas l'intention d'en rester là. Elle ne sèmerait pas le général des armées de l'Empire aussi facilement. Avec une rapidité sans égale, il se lança à sa poursuite, ne la quittant pas une seconde du regard.
A toute vitesse, elle fonça dans les couloirs, empruntant ceux qu'elle avait suivis précédemment, le bruit des bottes de son poursuivant sonnant désagréablement à ses oreilles. Elle retrouva la buanderie et se faufila adroitement par l'étroit passage. Débouchant dans la venelle, elle reprit sa course à travers les rues, sentant sa présence sur ses talons. Comment le semer ? Bifurquant brusquement, elle s'engouffra dans un bâtiment et grimpa à l'étage supérieur. Là, elle se rua sur une ouverture et, calculant soigneusement la distance, se jeta à travers. Elle dût seulement à son entraînement drastique de ne pas basculer dans le vide et battit un instant des bras pour retrouver son équilibre vacillant sur le fin parapet. Puis, sans prendre le temps de vérifier s'il la suivait toujours, elle recommença à courir.
Se doutant bien qu'elle n'était pas entrée par la grande porte mais qu'elle ferait tout pour quitter le bâtiment, le guerrier avait emprunté un autre chemin et se tenait déjà à l'extérieur. Il avisa sa silhouette dans la pénombre et se lança de nouveau à sa suite sans même faire appel à ses hommes. C'était une affaire personnelle et il comptait bien régler ses comptes seul. Il la suivit dans l'immeuble et grimpa les marches quatre à quatre. Puis à son tour, il bondit par l'ouverture et, plus grand qu'elle, n'eut aucun mal à atterrir de l'autre côté. Bientôt, il arriva à sa hauteur.
Jurant à mi voix lorsqu'elle s'en rendit compte, elle lança un sort d'enchevêtrement pour le ralentir et repartit de plus belle, maudissant sa ténacité.
Comprenant qu'elle n'avait pas d'autre choix, elle prononça une nouvelle formule... et disparut de sa vue. Elle devait se dépêcher. Le sortilège durait peu de temps. Gagner sa demeure protégée par un sort anti-détection était sa seule issue pour le moment. Heureusement, elle savait précisément où elle se trouvait et se précipita. Vite. Plus vite, avant qu'elle ne redevienne visible. Encore quelques instants. Elle ouvrit la porte et referma le battant derrière elle. Juste à temps.

(1) syr : petit rongeur au pelage marron, commun dans les forêts de Sayanë
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Dunadan Aram
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 14:52

Aucun commentaires sinon ceux déjà prononcés prédédemment!
Bonne continuation!!!
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Tàri Eledwhen
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 14:55

La suite (en deux posts encore) :

* Chapitre 3 *
Comme une débutante…

Pas de prises. Ou presque. Un mur quasi lisse. Parfait. Elle sourit.
- Qu’est ce que tu attends ?
La voix familière avait un peu perdu de sa rudesse au fur et à mesure que les mois passaient, au gré de ses progrès.
Elle sortit une dague de chacune de ses bottes et dégaina celle qu’elle portait à la ceinture. Ses armes. Il les lui avait données quelques semaines auparavant, lorsqu’il avait jugé son niveau suffisant. Elle n’en avait jamais utilisé en entraînement, mais lorsque, après les avoir acceptées, elle en avait fait la remarque, il s’était contenté de hausser les épaules.
- Un poignard est simplement une épée miniature, avait-il rétorqué. Maîtrise l’un et tu maîtriseras l’autre.
Oui. Et puis elle possédait son instinct. Un instinct très sûr qui ne l’avait encore jamais trahie en trois années d’apprentissage.
D’un geste empreint d’assurance, elle planta sa première lame dans un interstice, un peu plus haut que son genou droit et grimpa dessus pour insérer au niveau de son articulation gauche celle qu’elle tenait entre ses dents. Les mains crispées sur les protubérances rocheuses, elle se hissa. Levant le pied droit, elle profita de ses autres appuis pour récupérer la dague restée plus bas, puis répéta toute l’opération. Planter, se hisser, récupérer, grimper. De plus en plus haut, de plus en plus vite.
En quelques minutes à peine, elle avait atteint le haut de l’enceinte.
Un sourire furtif, froid et approbateur apparut sur le visage de son maitre. Le premier. Mais elle ne le vit pas.
- Tu as l’intention de dormir là ? Redescend.
Pas de « apprentie ». Juste de l’ironie. Ca ne se produisait que lorsqu’il se montrait satisfait d’elle. Prenant quelques secondes pour ranger ses armes, elle se laissa ensuite glisser jusqu’au sol, le vent généré par la vitesse sifflant un instant à ses oreilles. Elle se réceptionna souplement en ployant largement les genoux et se redressa, ses longs cheveux noirs retombant dans son dos une fraction de seconde après son atterrissage. Une nouvelle victoire à son actif. Elle sourit.
- Ne te réjouis pas trop vite. Tu as eu facile.
Evidemment. Quelles que soient ses réussites, il les minimisait toujours. Elle aurait presque pu deviner ce qu’il venait de dire.
- Je n’en doute pas.
Que pouvait-elle dire d’autre ? Elle savait que sa formation se trouvait très loin de son terme. Il ne le lui avait pas dit, mais elle s’en trouvait certaine. Elle ignorait combien d’années encore elle passerait près de lui avant qu’il ne la déclare prête à affronter les épreuves. Car épreuves il y avait, il s’agissait aussi d’une certitude, même s’il n’en parlait jamais.
- Viens.
Il se mit en marche sans ajouter un mot et elle haussa un sourcil en s’apercevant qu’ils n’empruntaient pas le chemin habituel. Une nouveauté dans leurs journées bien réglées ? Original. Où l’emmenait-il ?

~~~~~~~~~~~~~

Depuis des jours elle était calfeutrée chez elle. Non qu'elle ait peur, mais elle tournait et retournait sans fin la scène du bureau. Où son plan avait-il une faille ? Qu'est ce qui était allé de travers ? En tout cas, elle avait un sérieux problème sur les bras. Non seulement ce général de malheur était toujours vivant, preuve incontestable de l'échec de sa mission, mais en plus, il avait vu son visage. Sa devise "ne jamais laisser de témoins" perdait tout son sens à cause de lui. Mais elle avait été engagée, elle devait réussir quels que soient les moyens à employer, elle devait l'éliminer. Décidant qu'elle s'était assez terrée, elle enfila une cape aussi sombre que ses cheveux et le reste de sa tenue, en abaissa la capuche sur son visage, puis posa un masque pour dissimuler celui-ci complètement. Elle ouvrit la porte et sortit.
Les patrouilles avaient été multipliées et une partie de la garnison partie pour Arva'nah était de retour. Assis à son bureau, le général repensait à la future campagne qu'il venait de repousser de quelques jours. Pas question pour lui de partir avant d'avoir réglé cette affaire d'assassin. Mais il avait deviné. Celle dont il avait vu le visage n'était autre que la femme aux multiples surnoms. Cependant, elle avait perdu un sacré avantage et il s'était empressé de propager circuler la rumeur qu'elle avait failli à sa mission. Que lui, Ankth'yor Dant'haras l'avait tenue en échec. Rien de tel pour la diffamer dans son propre milieu...
En sortant, elle commença par gagner la plus proche taverne, pour glaner les renseignements qui lui manquaient. Assise avec un verre dans les mains, elle ne bougeait pas, attentive. Et soudain l'écho d'une conversation. Quelques mots saisis au vol.
- Il parait qu'elle s'est complètement ridiculisée.
- Tu parle d'une Ombre...
Les deux Elfes s'éloignèrent et elle serra son verre jusqu'à ce qu'il éclate. Cette espèce de... Il s'était bien sûr dépêché de colporter son échec... A l'heure qu'il était, les dieux seuls savaient combien de personne dans la capitale en avaient connaissance. Elle lui ferait payer cette humiliation, cette atteinte à son honneur.
Se levant comme un ouragan, elle déposa une simple pièce sur la table et sortit sous la pluie battante en laissant la porte de l'établissement ouverte.
Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas dormi et il dut conclure qu'il lui fallait s'accorder ce luxe pour quelques petites heures seulement. Mais comme d'habitude, il ne sommeillerait que d'un œil. Le guerrier quitta donc son bureau pour gagner ses appartements à la décoration austère. Là, il jeta sa cape sur un fauteuil et, s'assurant qu'il était bien seul, entreprit d'ôter son armure.
Quelques passes d'armes. Deux lames jaillirent. Cinq minutes à peine. Elle était résolue, déterminée. Ils n'avaient pas une chance devant sa colère froide. Les uns après les autres, ils tombèrent sur le pavé, souillant la pierre de leur sang. Personne n'interviendrait. Un face à face. Seule à seul.
De sa sacoche, le général sortit une pierre qu'il plaça sur sa table puis invoqua la rune anti intrusion qu'elle contenait. Personne ne pourrait dorénavant pénétrer le périmètre de ses appartements sans qu'il en soit prévenu. Cependant, préférant rester sur ses gardes, il décida de s'installer dans son fauteuil, près de la cheminée, après avoir éteint la lumière.
Une porte enfoncée avec fracas. Nulle discrétion cette fois. Uniquement son ressentiment. En hâte, elle traversa le labyrinthe de couloirs et parvint devant une porte. LA porte. Quelques instants encore.
La pierre se mit à rayonner de sa chatoyante couleur écarlate et le général se redressa, posant la main sur la poigné de l’épée qui reposait sur le guéridon, à sa gauche. Ainsi donc elle revenait déjà à la charge... Mais elle ne savait pas à quoi elle s'exposait avec cette pierre qui non seulement était la meilleure des alarmes mais aussi un merveilleux piège anti intrus...
Un coup de pied violent. De nouveau elle enfonçait une porte. Sa porte. Ils se retrouvèrent face à face. Quelques secondes. Elle attendait.
La pierre émit alors un son strident, plus que désagréable pour la moindre oreille, surtout elfique. Rayonnant plus fort encore qu'auparavant, elle lâcha tout autour d'elle des rayons de mana plus dangereux les uns que les autres qui fusaient en tout sens, sans aucune logique si ce n'était celle d'éliminer l'intruse.
Le sifflement, insupportable pour ses sensibles oreilles elfiques, lui fit perdre la concentration nécessaire pour lancer son sort de bouclier. Elle résista quelques minutes encore, mais, le cerveau vrillé par la fréquence du son, fini par s'écrouler, sans connaissance.
Un geste de la main suffit au général pour faire taire la pierre. La tueuse l'avait au combien sous estimé et s'était elle même jetée dans la gueule du loup. L'homme se leva, remit sa cape et ramassa le corps de la jeune femme avant de quitter les lieux.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 14:55

L'impression d'avoir la tête prise dans un étau et la sensation d'entendre encore l'effroyable son strident, elle ouvrit péniblement les yeux. Attachée. Elle était attachée, elle s’en aperçut immédiatement.
Elle tourna la tête en sentant une présence dans la pièce. Lui.
- Vous...
Un mot. Un seul. Mais qui voulait tout dire.
- Oui, moi, se contenta-t-il de répondre.
- Qu'est ce que c'était, cette horreur ?
- Une pierre de protection...
Elle secoua doucement la tête, tentant ainsi de chasser le bourdonnement persistant.
- Tu as encore bien de choses à apprendre... Tyra...
Elle ne sursauta pas à la mention de son prénom et ne perdit pas son impassibilité non plus. S'il avait prévenu les gens à son sujet, c'est qu'il connaissait son identité. Elle se contenta de ricaner.
Il ne répondit rien, faisant preuve d'un calme dérangeant.
- Que voulez-vous ?
- Qui ?
Une seule et unique parole. Mais il n'avait pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne.
Elle le toisa de sa place. Un sourire railleur sur les lèvres.
- Vous aimeriez le savoir...
Il ne s'attendait pas à obtenir une réponse facilement...
- Je le saurai... tôt ou tard... J'ai toute la patience du monde...
- Ca tombe bien, moi aussi...
- Faim et soif sont de cruels ennemis au bout de quelques temps...
Zenf retint une grimace. S'il jouait dans cette section... Comment s'était-elle retrouvée dans cette situation désastreuse ? Elle ? Du regard, elle chercha comment s'échapper.
- Pas la peine d'y songer, j'ai placé des vigies magiques partout... lâcha-t-il sèchement sans bouger.
- Quelle organisation... Je suis impressionnée... ironisa-t-elle.
- Je ne fonce jamais tête baissée moi...
- Parce que vous croyez que c'est ce que j'ai fais ? Je ne suis pas une débutante.
- Vu ton arrivée de ce soir et ta pitoyable prestation...
Cette réplique moqueuse venait d'être débitée d'un ton cinglant.
- Ah on en est au tutoiement... Parfait... Et bien dans ce cas, tu me sous-estime général.
- Moi je te tutoie... toi pas... Enfoncer les portes des gens sans savoir vraiment ce qui t'attend pour finir dans les vapes... Bravo le plan... j'admire, fit-il en se redressant. Tu en as d'autre du genre ?
- Dans ce cas tu es mal parti général. Je fais ce qui me chante. Je te tutoie si ça me plait. Et il se trouve que c'est le cas.
Le guerrier esquissa un bref geste de la main et la cordelette dorée qui ligotait la jeune femme se resserra douloureusement sur ses membres.
Dure à la douleur grâce au difficile entraînement subi dans son enfance, elle ne broncha pas, se contentant de le défier du regard. Mais les liens se resserrèrent encore jusqu'à entailler sa chair, l'homme restant à la fixer sans mot dire.
Une plainte. Une seule. Très brève. Presque inaudible. Et elle reprit son air impassible.
D'un nouveau geste, il stoppa le sort mais ne desserra pas l'entrave pour autant.
- Je peux aller jusqu'à te tuer ainsi... même si je n'obtiens pas le nom... Ce n'est pas important, j'ai ma petite idée sur la question depuis un moment...
- Je ne parlerais pas. Je pensais que tu l'avais compris.
- J'ai compris... Ne t'en fais pas... J'ai déjà entendu ce que je voulais entendre...
Tyra compris que l'unique bref gémissement de douleur qu'elle venait de laisser échapper avait été entendu. Elle jura intérieurement, maudissant sa soudaine faiblesse.
Le général prit place sur un banc constitué d'une simple planche de bois attenante au mur et expliqua:
- Je ne suis pas un homme cruel tu sais. Mon prédécesseur t'aurais déjà donnée en pâture à ses hommes, ligotée pour qu'ils assouvissent leurs pulsions... Mais ce genre de chose me répugne...
- Quelle chance... fit-elle, toujours sarcastique malgré la honte qu'elle ressentait.
- Tu peux appeler cela comme ça en effet...
Le ton était posé, sans la moindre moquerie.
- Et que vas-tu faire de moi dans ta... grande mansuétude ? questionna-t-elle de même en ponctuant les deux derniers mots de guillemets virtuels.
- Je veux que tu comprennes qu'il y a des choses bien plus importantes que ton contrat qui se jouent au dessus, dans une sphère de vie et de politique que tu ne peux connaitre. Tu es une marionnette, rien de plus, t'en rends-tu compte ?
L'assassin haussa les épaules.
- Un contrat est un contrat. Peu importe qui le passe et pourquoi. Je ne m'en soucie pas.
- Et si je te propose le triple de ce qu'il t'a offert pour l'éliminer ? lança soudain le général en haussant les épaules.
- Je suis un assassin... mais j'ai des principes figures-toi. Tant que je suis liée à un contrat, je n'en accepte pas d'autre. Et tant que tu es en vie, le contrat n'est pas rempli.
- J'espérais cette réponse... commenta-t-il seulement en se levant. Je vais voir ce que je peux faire auprès de l'empereur... Il a ordonné que tu sois pendue en place publique à 9h demain matin...
Sur cette triste révélation, le guerrier se dirigea vers la sortie.
- Je ne suis pas un pion ! Personne ne m'utilise ni ne m'utilisera jamais !
- Si tu préfères mourir... soit, ce n'est donc plus de mon ressort...
Il quitta la pièce sans un regard pour elle et verrouilla la porte derrière lui.
Restée seule, elle hurla sa frustration. Ce n'était pas possible ! Ca ne pouvait pas se terminer comme ça ! Elle ne pouvait pas mourir de cette façon pitoyable, comme un être faible ! Elle se concentra un long moment et incanta. Le nœud magique se dénoua et ses liens tombèrent. Elle n'avait plus ses armes, pas même ses précieux gants, mais cela importait peu. Elle allait trouver un moyen de quitter cet endroit. Observant les murs dans leurs moindres détails, elle chercha une trappe, un passage secret, n'importe qui lui permettrait de... non pas fuir, car le mot fuite induisait peur et faiblesse, mais plutôt... d’opérer une retraite stratégique. Pourtant, après avoir passé la pièce au peigne fin pendant plus d'une heure, Tyra dut se rendre à l'évidence : la pièce ne possédait qu'une unique issue. La porte qui lui faisait face, verrouillée et protégée contre les sortilèges. Elle contint à grand peine un nouveau cri de frustration et une vague de haine la submergea. Une vague telle qu'elle n'en avait plus éprouvé depuis que... Elle crispa les poings et serra les dents. Elle avait échoué à cause de ce... Echoué... Echoué... Echoué... Le mot infâmant se répétait en écho infini dans son esprit, ne s'estompant que pour revenir, plus fort encore, menaçant de la rendre folle. Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu en arriver là ? Elle fit les cent pas dans la pièce comme si elle cherchait à creuser un profond sillon dans le sol. Prisonnière... Prisonnière... Prisonnière... Pion... Pion... Pion... Ces deux mots résonnèrent à leur tour dans sa tête, se superposant au premier sans pourtant que celui-ci ne s'efface. Elle hurla. Un unique cri. Inhumain, suraigu. A la mesure de l'intense frustration qu'elle ressentait en cet instant. Elle tomba à genoux, la tête basse. Prête à s'abandonner au découragement. Elle n'avait jamais renoncé mais voyait mal comment échapper à l'ombre de la potence qui se profilait sinistrement devant elle. Demain matin. A 9h. Elle ne serait plus. La vie de Tyra Zenf, assassin, prendrait fin définitivement et rien ne pourrait l'empêcher. La jeune femme frappa rageusement le sol de ses poings, ouvrant de fines plaies sanguinolentes lorsque la pierre mordit la chair tendre de ses mains.
Elle resta ainsi, à moitié prostrée, pendant plusieurs heures, mais Tyra ne les vit pas passer. La porte s'ouvrit. Cette présence écrasante de nouveau. Elle se releva dans la seconde. Il était de retour.
- Alors tu as défini de quelle façon je vais mourir ? ironisa-t-elle morbidement afin de dissimuler la haine qu'elle lui portait.
Mais Ankth'yor Dant'haras ne répondit rien et retourna prendre place sur le petit banc, tout au fond, bras croisés sur le torse.
Elle le fixa, le défiant du regard, attendant qu'il prononce un mot. N'importe lequel. Elle se retrouvait dans la situation de ses victimes habituelles et détestait ça.
Le silence devint pesant tandis que le militaire restait impassible.
Mal à l'aise pour la première fois de son existence, elle se détourna et affecta de s'absorber dans la contemplation de l'ameublement spartiate. Sans pour autant le quitter du regard. Un fauve en cage. Un animal sauvage assujetti. Voilà ce qu'elle était en cet instant. Et elle trouvait cette sensation extrêmement désagréable.
Ses nerfs d'acier menaçant de céder traitreusement sous la tension palpable, elle brisa le silence. Un mot. Un seul. Une fois encore.
- Rival.
Elle se sentait plus bas que terre de trahir ainsi son commanditaire. Elle avait des principes et venait de les fouler aux pieds en une seule parole.
- C'est ainsi que tu me vois ? lâcha-t-il alors de sa voix grave sans bouger.
La surprise se peignit sur ses traits malgré elle. Il ne comprenait donc rien ? Etait-il stupide ou...
- Non.
Le guerrier haussa les épaules et se mura de nouveau dans le silence.
- C'est la réponse à ta question général.
- Elvethy Kend'al... Je le savais...
- Satisfait je suppose... maugréa-t-elle d'une voix sourde.
- J'ai demandé à l'Empereur de ne pas te tuer... Il me devait une seule et unique faveur... Voilà qui est fait, lâcha-t-il en guise de réponse.
Malgré son entrainement, la stupéfaction le céda à la rancœur sur ses traits. Lui ? Lui son ennemi, lui qu'elle haïssait, avait demandé sa vie à l'Empereur ? Elle ne comprenait pas la raison d'un tel geste. Après tout, elle avait cherché à le tuer à deux reprises... C’était totalement illogique.
- Pourquoi ?
- Ta dernière réponse à notre entretien de ce matin...
Se remémorant ladite réponse, elle ne saisit pourtant pas en quoi elle lui valait sa grâce.
- C'est à dire ?
- Elle m'a prouvé que tu es quelqu'un de valeur, de principes, noble de caractère... Tu ne mérites pas de mourir. Tu dois ouvrir les yeux.
Insensible aux louages, elle ricana.
- Je me demande bien à quel propos....
- De ta position, fit-il en se relevant.
- Et quelle est-elle selon toi ?
- Celle de marionnette... ll y a des choses qui t'échappent je te l'ai déjà dis.
A son tour, elle croisa les bras, s'appuyant nonchalamment contre un meuble.
- Alors je t'en prie, éclaire donc le pauvre esprit qui est le mien...
Le sarcasme était presque tengible.
- Arrête un peu de réagir comme une gamine battue... lâcha-t-il, une pointe d'agacement dans la voix.
- La gamine te...
Le reste de la phrase se perdit dans un juron coloré prononcé dans sa langue.
Le général secoua la tête de dépit puis reprit :
- T'es-tu demandé pourquoi il voulait ma mort ? Je présume que non. Cela fait sept années maintenant, que j'occupe ce poste. Je m'efforce, contrairement à mes prédécesseurs, de défendre l'Empire en préservant la population des sévices que lui faisaient subir les militaires jusque là. Mais cette position ne plait pas à tous.
Silencieuse, elle l'écoutait attentivement, ne trahissant rien.
- Ce que je cherche à te faire comprendre, reprit-il, c'est que si tu me tuais pour le compte de CET homme, c'est le peuple entier qui en pâtirait, par TA faute uniquement. Es-tu prête à assumer cela ?
Ni son attitude, ni son ton sérieux ne trahissaient la moindre émotion chez le militaire. Aucune haine, aucun mépris.
- Tu ne cherche pas simplement à me faire rompre mon contrat actuel... Tu veux que je renonce totalement à accomplir ce qui m'a été commandé, quel que soit le commanditaire...
Elle avait prononcé cette phrase d'une voix neutre.
- Si je voulais juste préserver ma vie contre toi, tu serais morte. Je veux que tu comprennes que tu peux faire mieux que ce que tu fais à présent. De toute façon, je ne te le cache pas, ton commanditaire sera mort avant demain matin...
- Tu veux me faire croire que tu te soucie de la vie d'un assassin ? questionna Zenf sans même relever l'allusion au décès prochain de l'autre militaire.
- Et pourquoi pas...
- Nul ne voit un assassin ni ne s'y intéresse. Ombre parmi les ombre, il est condamné à la nuit pour la vie et les vivants, récita-t-elle comme un précepte appris par cœur.
- Alors pourquoi n'ai-je pas laissé l'Empereur te faire passer à la potence... Réfléchis-y bien, conclut-il en se dirigeant vers la porte. Je vais voir notre... "ami" commun. Contrairement à lui, je n'ai besoin de personne pour effectuer mes basses besognes.
- Je ne veux pas rester enfermée. Les Elfes jamais ne durent entre des murs...
- Nous verrons cela demain. La nuit porte conseil, Tyra.
Sur ces quelques mots, il quitta la cellule et referma la porte derrière lui, silencieusement.
Elle grimaça de nouveau à la mention de son prénom. Si peu de personnes l'utilisaient qu'elle finissait presque par oublier qu'elle en portait un.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 15:04

En ce qui me conserne je suis tout à fait d'accord avec Dunadan !

Surtout ne t'arrête pas !

J'attends la suite en espèrant qu'elle sera aussi bien que le début, mais elle le sera j'en suis sûr ! Very Happy

Préviens-moi si ton livre est un jour publié, je cours l'acheter !
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 15:31

Merci beaucoup à vous. Les compliments font toujours plaisir.
Voilà la suite :


* Chapitre 4 *
(qui n'a pas encore de titre)

Le tandem traversa un dédale de ruelles, toutes plus sordides les unes que les autres et l’adolescente finit par perdre le compte des diverses circonvolutions. S’il lui demandait de retrouver son chemin, elle s’en montrerait incapable. Un tournant, une ligne droite, un autre tournant… Ils avaient quitté la ville depuis un bon moment et s’enfonçaient dans la forêt. Ils finirent par s’arrêter devant une vieille tour qui semblait devoir s’écrouler au moindre souffle de vent.
- Qu’est ce qu’on vient faire ici ?
- Tu le verras bien. Entre.
Jetant un regard méfiant à la bâtisse dont les pierres se trouvaient presque entièrement recouvertes de mousse, elle poussa l’antique porte, qui s’ouvrit en émettant un grincement très désagréable. Elle s’engageait déjà dans le vestibule, lorsqu’elle s’aperçut qu’il ne la suivait pas. Elle lui jeta un regard interrogateur.
- Tu y va seule.
Il ne l’accompagnait pas ? Voilà autre chose… C’était bien la première fois. Ca cachait quelque chose… Qu’y avait-il donc dans cette tour ?
- Dépêche-toi d’y aller sinon tu rentrera seule et de nuit.
Intriguée, elle commença donc à gravir les marches de l’escalier en colimaçon. De longues minutes passèrent, mais elle grimpait toujours. Manifestement, il conduisait au sommet. Qu’allait-elle y trouver ? Ce fut un peu essoufflé qu’elle y parvint. Une nouvelle porte se trouvait devant elle. Devait-elle frapper ou entrer ? Y avait-il quelqu’un ? Elle n’eût pas le temps d’amorcer le moindre geste. L’huis s’ouvrit de lui-même. Elle entra. Dans la pièce, manifestement habitée, régnait un inimaginable capharnaüm et un feu brillant brûlant dans l’âtre projetait des ombres dorées et mouvantes sur les murs encombrées d’étagères toutes garnies d’épais manuscrits. Curieuse, elle s’approcha de l’une d’elles et en prit un pour le feuilleter. Toutes les pages se trouvaient couvertes d’étranges symboles. Illisibles.
- Ce sont des runes, jeune fille. Et les arcanes runiques sont inaccessibles à ceux qui n’ont pas été initiés à leurs secrets.
Elle sursauta en entendant la voix, légèrement chevrotante mais ferme et se retourna. Personne. Avait-elle rêvé ou… Surgi de nulle part, un vieillard à la longue barbe blanche se matérialisa soudain devant son regard médusé. Qui était-il ? Et surtout, comment avait-il fait ça ?
- Je me nomme Zandar et je suis ce que le commun des mortels appelle un mage.
Un mage… Un homme pourvu de pouvoirs magiques… C’était donc la raison de sa présence ici… Son maître n’avait donc pas oublié ce qui s’était produit dans la forêt… Il s’était souvenu de sa soudaine apparition devant lui.
- Vous n’avez pas l’air surpris de ma présence. Pourquoi ?
- Ma chère petite, quelqu’un qui voit l’avenir n’est jamais surpris de rien.
Voir l’avenir ? C’était possible ça ou ce vieil homme frôlait la sénilité ?
- Je ne suis pas fou contrairement à ce que tu semble croire.
Surprise, la jeune fille haussa les sourcils. C’était à peu près ce qu’elle venait de songer. Est-ce que par hasard…
- Vous lisez les pensées ?
- Pas exactement.
- Quoi alors ?
- Tu es ici dans un but bien précis.
Evidemment, il éludait la question. Ca n’aurait pas été drôle s’il avait répondu.
- Je suis ravie de l’apprendre étant donné que je ne sais pas ce que j’y fais.
- Ne possèdes-tu pas quelques capacités spéciales ?
Son mentor lui avait donc tout expliqué… Mais quand l’avait-il fait puisqu’il ne la quittait presque jamais ? Elle haussa imperceptiblement les épaules. Peu importait après tout. Ca lui épargnerait la peine de le faire elle-même.
- Possible… fit-elle laconiquement en croisant les bras.
Son attitude, plutôt étrange pour une enfant de douze ans, amusa le magicien qui éclata de rire.
- Allons petite, ne te renfrogne donc pas comme ça. Je suis là pour t’aider à développer ces pouvoirs.
- Pour quoi faire ?
- Un don comme le tien est rare et précieux. Ne pas l’exploiter serait du gâchis. Et ton maitre a été formel : tu dois apprendre.
Elle retint difficilement un soupir d’exaspération. Apprendre, apprendre, apprendre… Ils n’avaient donc tous que ce mot à la bouche ?! Elle n’avait déjà pas eu d’enfance, puisqu’il la lui avait volée comme il lui déroberait sans nul doute son adolescence… Elle ne serait donc jamais tranquille ?

~~~~~~~~~~~~~

Le lendemain matin, Ankth'yor Dant'haras revint dans la cellule et balança une bourse pleine aux pieds de la jeune femme sans un mot.
Interdite, elle fixa l'escarcelle, puis demanda :
- En quel honneur ?
- Ton commanditaire n'est plus et je pense que c'est ce qu'il te devait... Sa tête repose sur un pieu de la place centrale
Elle était un assassin certes, mais un assassin honnête. Elle repoussa l'aumônière.
- Il m'avait payé d'avance, indiqua-t-elle en désignant la bourse suspendue à sa ceinture.
- Comme tu veux... fit-il en haussant les épaules. La nuit a-t-elle été bonne conseillère?
- Je déteste être enfermée.
Ce fut tout d'abord la seule réponse qu'il obtint d'elle.
- Je déteste qu'on s'introduise chez moi pour me tuer, répliqua-t-il avec ironie.
- Je ne faisais que mon travail... Tu aurais pu mourir sans douleur.
Le guerrier lâcha un éclat de rire puis reprenant son sérieux rétorqua :
- Tu aurais pu mourir de façon très désagréable et tu vis...
- En effet. Tu veux une médaille ?
Plutôt mourir dans l'instant que témoigner de la reconnaissance. Ne dépendre de personne. C'était sa règle depuis des décennies.
Elle n'eut pas le temps de réagir. Avec une vitesse incomparable, il venait de la saisir à la gorge et de la plaquer contre le mur d'une seule main, douloureusement. Les pieds de la jeune Elfe ne touchaient plus le sol et l'air ne trouvait plus le chemin de ses poumons.
Elle suffoquait. Inexorablement. Les yeux exorbités, elle ne pouvait que le fixer, incapable du plus petit mouvement ou du moindre sort.
- Je peux remettre les choses en ordre si tu veux, murmura-t-il alors d'un ton bien moins amical.
La jeune femme se trouvait dans l'incapacité totale de répondre. La force de cet homme était proprement ahurissante. Il la soulevait comme si elle n'avait pas pesé plus qu'une plume. Comme LUI des années auparavant. Ce souvenir ranima les braises d'une haine depuis longtemps éteinte et elle se débattit avec une énergie nouvelle, luttant pour faire de nouveau entrer l'air dans ses poumons en feu.
La rejetant sans cérémonie sur la couchette un peu plus loin, il lâcha :
- Ma tolérance envers ton insolence a ses limites...
- Met-toi à ma place deux minutes... et tu comprendras peut-être ma position
- Parce que tu crois que je ne me suis jamais retrouvé enfermé aux mains d'un ennemi ? Seulement je n'ai pas eu autant de chance que toi...
- Ce n'est pas ce que je veux dire... mais tu n'es pas un assassin… tu ignore ce qu'on ressent.
- Alors au lieu de te braquer, explique-toi...
- Je ne peux pas me montrer amicale avec qui que ce soit et encore moins avec toi général. Je n'ai pas été entraînée pour ça.
- J'ai blessé ton honneur d'assassin en te faisant échouer, je m'en doute, mais je n'ai pas l'intention de mourir pour te faire plaisir. Il me reste trop à faire, lâcha-t-il d'un ton sévère qu'il n'avait pas pris jusque là.
De nouveau elle ricana brièvement.
- Je n'en doute pas...
La phrase sibylline pouvait revêtir plusieurs significations. Elle n'en donna aucune.
Le militaire revint vers la sortie et ouvrit le battant, avant de poursuivre son chemin à travers le couloir.
Abasourdie par cette sortie, elle perdit temporairement son flegme. La porte était demeurée ouverte. Elle n'avait plus d'entrave. Elle était libre. Libre de sortir. Libre de retourner chez elle. Pourtant elle le suivit. Il lui manquait des choses indispensables.
- Mes armes... Où sont-elles ?
- Je te rends ta liberté mais pas tes armes. Reviens me voir le jour où tu seras plus ouverte d'esprit et nous en reparlerons, lâcha-t-il de l'autre bout du couloir.
- M’en priver, c'est me priver d'air. C'est me priver de mes moyens de subsistance. Tu ne peux pas faire ça.
- Tu as bien d'autres atouts je n'en doute pas... Ce n'est pas négociable, conclut-il durement.
Le guerrier emprunta un long escalier qui menait à l'extérieur et tous deux parvinrent dans la cour, près de la grille.
- Et si je promets de ne plus chercher à te tuer ? tenta-t-elle en désespoir de cause.
- Plus tard... Va.
Elle serra les poings et les dents.
- Je reviendrais général. Sois-en sûr. Je n'abandonne jamais.
Ses derniers mots. Elle s'éloigna sans se retourner.
- Je le sais... murmura-t-il dans le vide en regardant la fine silhouette disparaitre.

~~~~~~~~~~~~~

Les mêmes gestes. Les mêmes mots. Recommencer. Toujours. Inlassablement. Répéter sans fin les exercices jusqu’à se souvenir de toutes les formules, de tous les sortilèges. Fastidieux. Assommant. Mais visiblement, son ennui échappait au vieux mage qui lui faisait face.
- Tes gestes sont encore trop approximatifs mon enfant. Recommence.
« Mon enfant »… Elle détestait qu’il l’appelle comme ça… ce qu’il faisait pratiquement à chaque fois qu’il s’adressait à elle.
Chaque jour était parfaitement réglé : la matinée en entraînement, puis la longue marche jusqu’à la tour dont elle connaissait à présent le chemin par cœur au point de pouvoir le suivre les yeux fermés et les longues heures studieuses devant la table poussiéreuse, penchée sur un parchemin ou un livre.
Elle soupira.
- Et si vous m’appreniez des choses utiles pour changer ?
La question avait jailli d’elle-même sans qu’elle puisse l’arrêter. Le vieillard fronça les sourcils et la fixa.
- Insinuerais-tu que mon enseignement ne l’est pas ?
- Je veux surtout dire qu’apprendre à transformer un animal en bourse de cuir ou je ne sais quoi d’autre n’aura aucune utilité dans ma… profession.
- Prétendrais-tu savoir mieux que moi ce que tu dois apprendre ou non ?
Elle croisa les bras, l’air butté.
- Je ne « prétend » rien du tout. J’énonce un fait. Apprenez-moi plutôt à disparaître, à devenir aussi légère qu’une plume, à créer une bulle de silence… je ne sais pas moi. Mais quelque chose de plus indispensable que tout ce fatras.
- Tu es bien insolente, jeune fille… Tu mériterais que j’en fasse part à ton maitre…
Elle grimaça, croyant déjà sentir sur son dos la morsure du fouet. Malgré son âge vénérable, ce type s’avérait donc aussi sadique et détestable que celui qui l’attendait en bas…
- Mais je ne le ferais pas. Il est trop rare que de jeunes personnes de ton âge fassent preuve de caractère. Je croyais que Praven l’avait déjà fait disparaître comme il l’a fait avec de nombreux autres. J’avoue que ta résistance est étonnante au vu de ce que tu as subi.
Au fur et à mesure du discours, l’étonnement de la jeune Elfe s’était mué en stupeur. Praven… Il s’agissait donc là du nom ou du prénom de son mentor… Elle n’aurait jamais pensé en avoir un jour connaissance.
- Vous le connaissez bien ?
Zandar ne répondit pas immédiatement. L’air songeur comme s’il méditait sa question, il s’approcha du feu crépitant qu’elle pensait de source magique puisqu’il ne rajoutait jamais de bûches pour l’alimenter. Il le contempla quelques instants avant de répondre :
- Lorsque je l’ai connu, il n’était guère plus âgé que toi.
- Comment était-il ?
Sa curiosité se trouvait stimulée par cette improbable opportunité d’obtenir enfin des infirmations sur son bourr… son instructeur.
- Tel qu’il est maintenant. Ni plus ni moins.
Il y eu un nouveau blanc, seulement trouvé par le crépitement du feu.
- Tu le déteste… fit de nouveau le mage.
Ce n’était pas une question. Juste une constatation.
- Qu’est ce qui vous le fait dire ?
- L’atmosphère de cette pièce est saturée des mauvaises ondes que tu dégage depuis que la conversation porte sur lui.
Elle ne répondit rien. C’était inutile puisqu’il savait.

~~~~~~~~~~~~~
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 15:32

Depuis des jours Tyra tournait en rond chez elle comme un poisson dans son bocal, cherchant comment se procurer de nouvelles armes puisque les siennes étaient restées en la possession de ce général de malheur. Elle avait caressé l’idée d’aller voir ce forgeron qui lui avait créé ses gants si spéciaux… mais avait fini par écarter l’idée, comme toutes les autres. Elle ne parvenait pas à penser réellement à abandonner les siennes, celles qui lui appartenaient depuis des années. L’idée qu’elles soient restées là-bas l’agaçait au plus haut point. Au comble de l’énervement, elle finit par ne plus tenir et attrapa sa cape dont elle s’enveloppa avant de rabattre le capuchon sur son visage. Elle devait récupérer ses poignards, son épée et ses gants… coûte que coûte. Et cette fois, étant donné son absence de tout moyen offensif, excepté ses griffes qui ne lui seraient pas très utiles en l’occurrence… elle devrait… (l’idée la fit grimacer) demander une audience pour lui parler.
Pour la troisième fois, elle se glissa donc jusqu’au mur d’enceinte de la caserne, mais contrairement à son habitude, la jeune femme ne l’escalada pas. Elle se dirigea sagement vers la grille en bouillant intérieurement et s’approcha de la sentinelle en s’assurant que son visage restait invisible.
- Je voudrais parler au général, fit-elle en déguisant sa voix.
- Qu’est ce que tu lui veux ma mignonne ? rétorqua le garde.
Le terme la fit bondir, mais elle n’en laissa rien paraître et s’obligea à répondre posément :
- Affaire personnelle.
- Parce que tu crois que je vais perdre mon temps à aller le chercher pour qu’il ne te reçoive pas ? Penses-tu qu’il n’ait réellement que ça à faire ?
- Il me recevra, je n’ai aucun doute à de sujet. Appelle-le.
Un sourire torve naquit sur les lèvres de l’humain.
- Et j’aurais quoi en échange ?
Rapide comme l’éclair, elle l’attrapa au collet avant qu’il ait eu le temps de réagir et murmura alors à son oreille en faisait valoir ses griffes :
- Une éventuelle possibilité d’avoir des descendants…
- A la garde ! hurla alors son captif tandis qu’elle le relâchait.
Et voilà… pour une fois qu’elle avait voulu faire les choses correctement…
Le cri alerta ses collègues postés non loin et ceux-ci se précipitèrent sur elle, la ceinturant pour la mettre hors d’état de nuire.
- Je n’ai pas d’arme messieurs… fit-elle, la voix toujours déguisée. Joli travail que vous faites là, qui vise à garrotter une femme désarmée…
- T’inquiète pas. On va pas se contenter de ça, espèce de chienne… maugréa alors la première sentinelle d’un air mauvais.
- Si vous croyez que je vais me laisser faire…
Mais la déclaration ne fit aucun effet sur la soldatesque, qui fit signe à ses camarades de l’emmener plus loin. Pendant le trajet, la jeune femme se démena comme une furie, mais malgré ses compétences, elle n’était en l’occurrence qu’une femme sans arme aux mains de cinq humains sans scrupules. Elle enragea et tenta une fois de plus de se dégager, ce qui fit tomber sa capuche et révéla son visage.
- Oh… très jolie… Je vais me régaler… murmura l’homme en la couvant d’un regard concupiscent.
Elle lui cracha au visage en le fixant sans ciller, mais la réaction fut immédiate : elle reçut une gifle magistrale qui laissa une marque écarlate sur sa joue pâle.
- Tu vas voir comment je mate les garces dans ton genre… fit l’homme entre ses dents.
Ils se trouvaient à présent dans un minuscule recoin très sombre, où personne ne semblait jamais passer et, en dévisageant ses tourmenteurs, Tyra comprit soudain qu’elle n’avait que très peu de chance de leur échapper. Des souvenirs vieux de treize années refirent alors surface… Ca recommençait… Tout se reproduisait… Avec l’énergie du désespoir, elle tenta encore de se débattre, mais peine perdue, ils la maintenaient trop solidement. Et brusquement, ses peurs passées revinrent elles aussi, se reflétant dans son regard.
Cette lueur de panique n’échappa pas au soldat qui s’en délecta, tout en commençant à déboucler son ceinturon.
Elle ne le supplierait pas. Elle ne s’abaisserait pas à ça… mais elle avait vraiment peur maintenant. Fermant les yeux, elle serra les dents tandis que les amis du garde arrachaient ses vêtements.
Mais soudain, alors qu’elle se voyait déjà profanée, elle vit son bourreau s’écrouler en poussant un cri, un poignard profondément fiché entre les omoplates et plusieurs autres gardes se précipitèrent dans la foulée pour arrêter leurs collègues. Délivrée de ses entraves et tremblante de la frayeur qu’elle venait d’avoir, Tyra ramena sur elle les lambeaux de tissu qui ne couvraient plus grand-chose et glissa au sol, se recroquevillant sur elle-même sans parvenir à comprendre comment elle en était arrivée là.
C’est alors que le général fit son apparition devant elle. Sans un mot, il l’aida à se relever et couvrit sa quasi nudité avec sa propre cape qu’il posa sur ses épaules. Puis il fixa les derniers soldats fautifs, se tourna vers ses hommes loyaux et, d’un ton d’une sévérité sans égale, leur ordonna de préparer la potence pour le lendemain matin, avant de se tourner vers le cadavre et de récupérer son poignard dans un geste de mépris ostensible.
Machinalement, la jeune femme resserra autour de son corps les pans du vêtement qui, bien trop grand pour elle, trainait sur le sol. Encore choquée, le regard flou, elle paraissait en cet instant plus fragile qu’elle ne l’avait jamais été, mais ne paraissait pas s’en rendre compte. C’est pourquoi elle le suivit sans broncher lorsqu’il la guida vers le bâtiment. Elle ne se trouvait pour le moment pas en état de réagir d’une autre façon que mécaniquement. Juste avant de passer la porte, il s’arrêta pour ordonner à son aide de camp de se débrouiller pour trouver des vêtements convenables à la jeune femme, puis il emmena celle-ci jusqu’à son bureau. Là, il l’invita à s’asseoir et elle le fit sans prononcer le moindre mot, encore tremblante d’effroi. Le militaire resta silencieux un moment, avant de se décider à prendre la parole.
- Je suis désolée de ce qui s’est passé, déclara-t-il ensuite. J’ai placé des vigies magiques un peu partout, justement pour prévenir ce genre de choses et pouvoir intervenir à temps. Les hommes qui t’ont sauvée sont une escouade spéciale qui n’agit que dans ce genre de cas.
Un nouveau silence. Un blanc qu’elle finit par briser.
- J’ai juste voulu respecter les règles pour une fois… murmura-t-elle.
- Je sais. Et je t’en remercie.
Cette voix calme, honnie quelques jours auparavant, elle la trouvait apaisante en cette circonstance.
- J’étais juste venue te demander…
- Je sais, répéta-t-il de même.
Elle releva les yeux sur lui, dont elle ne voyait toujours pas le visage.
- Rends-les-moi s’il te plait…
Pas un ordre. Ni même une demande. Presque une prière. La première de sa vie. Aujourd’hui, elle n’était plus à ça près.
- Accepte d’être mon hôte juste pour ce soir, pour me faire pardonner ce qui s’est passé…
- Tu me les rendras ensuite ?
- Reprend déjà tes esprits.
- D’accord…
Un murmure. Un souffle, mais elle était sûre qu’il avait entendu. Elle regarda le feu qui crépitait dans la cheminée sans rien dire de plus. Qu’ajouter d’autre ? Il venait de la sauver d’un sort bien pire que la mort… elle ne pouvait pas faire moins que d’accepter son invitation.
Un bruit. Quelqu’un frappait à la porte. Elle sursauta mais se détendit en voyant entrer le second de son interlocuteur. Celui-ci lui remit quelques vêtements, puis s’en retourna après avoir salué son supérieur.

~~~~~~~~~~~~~

Elle venait de s’arrêter de courir. Légèrement courbée, les mains sur les genoux, la jeune fille tentait de reprendre une respiration normale, sachant parfaitement que la séance se trouvait loin de son terme. Elle inspira et expira en se forçant à le faire calmement. Elle devait se ménager si elle ne voulait pas terminer complètement épuisée. Encore quelques instants et ça irait. Elle leva la tête vers lui. Les bras croisés et le visage fermé comme à son habitude, il observait ses moindres mouvements, semblant chercher la plus petite faille. Elle ne lui ferait pas ce plaisir. Fièrement, elle se redressa et le dévisagea.
- Tu attends quoi ?
Il était inutile de répliquer, elle le savait. Elle continua donc avec quelques exercices qu’elle connaissait à présent pas cœur. Torsions du buste, ponts, équilibres… Elle enchaîna sans trêve, sentant ses yeux fixés sur elle. On aurait dit qu’il cherchait à la prendre en défaut ou à lui faire faire un faux pas. Jamais. Elle lui montrerait qu’elle avait bien plus de volonté que ça.
Le regard d’acier ne la quittait pas. Praven se faisait la réflexion qu’elle s’améliorait de jour en jour. Il ne le lui aurait dit pour rien au monde, mais c’était un fait indéniable. Elle était faite pour cette voie. Faite… Elle était encore en pleine croissance, mais ce qu’il voyait laissait augurer de bien des choses pour les années à venir. Lorsqu’il en aurait fini avec elle, Tyra Zenf serait capable de prendre sa suite avec brio et peut-être même de le surpasser. Il n’aurait alors plus qu’à la laisser travailler pour lui. Il se contenterait juste de lui donner ses ordres et elle ferait ce qui devait être fait comme une gentille esclave bien obéissante.
Après un long moment d’efforts soutenus, elle s’immobilisa et posa sur lui son regard bleu glacier. Ce n’était pas la première fois qu’elle le regardait de cette façon et il détestait toujours autant ça, mais cette fois c’était différent. Il décelait au fond de ses prunelles une étincelle nouvelle qu’il n’y avait jamais vue. Il s’agissait d’une inadmissible forme de rébellion, comme un feu couvant sous la cendre. Quelque chose de dangereux. A mater absolument. Avant qu’il ne soit trop tard.
- On peut savoir pourquoi tu t’arrête, apprentie ?
La rabaisser pour la soumettre à sa volonté. Pour en faire sa marionnette docile. Voilà vers quoi tendaient ses méthodes en plus de la préparer à sa voie.
- Je m’arrête parce que je fatigue, tout simplement.
Un constat. Un fait simple.
- Continue…
Un ordre donné entre ses dents, sans élever la voix, mais elle ne pouvait s’y tromper.
- Et si je refuse, que ferez-vous ? Vous me fouetterez encore ? railla l’Elfe.
- Je pourrais faire bien pire que ça… fit-il en s’approchant, réduisant la distance qui les séparait à quelques centimètres à peine.
Un geste d’intimidation. Une déclaration lourde de menaces. Elle savait qu’il en était capable et pour le moment, elle n’avait pas la force physique de lutter contre lui. Ravalant la réplique cinglante qu’elle s’apprêtait à lancer, elle baissa la tête et serra les poings de rage sans rien dire.
- C’est mieux, dit-il durement. Tu ne gagneras jamais à ce petit jeu. Alors je te déconseille de recommencer. Maintenant, reprend tes exercices.
Elle se détourna et s’éloigna, imaginant avec un vif plaisir ce qu’elle lui ferait subir si elle en avait la possibilité. Ce n’était pas le cas, loin s’en fallait, mais si un jour elle le pouvait…
Dès lors, ses efforts se poursuivirent sans discontinuer. Elle n’était guidée que par une unique idée : devenir assez forte, assez habile pour lui faire un jour payer ses souffrances et humiliations quotidiennes.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 15:53

Bravo....et merci pour ce petit momment de bonheur que seul la lecture d'une bonne histoire peut me procurer.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 16:04

* Chapitre 5 *

N'ayant plus guère d'appétit, elle reposa ses couverts, puis le regarda et demanda :
- Et pour mes armes donc ?
- Pourrais-je finir de dîner sans parler de violence ? questionna-t-il en retour.
- Je te signale que c'est l'unique raison de ma présence chez toi et celle pour laquelle j'ai eu les ennuis qui valent ce repas, répliqua-t-elle.
- Ca n'empêche pas d'essayer de le rendre un peu convivial, fit-il en insistant sur le dernier mot.
À partir de ce moment, la jeune femme garda un silence renfrogné faisant clairement sentir qu'elle ne se trouverait pas là si elle avait pu l'éviter. Elle n'était pas de ceux qui rendent quoi que ce soit « convivial ». C'était même la première fois qu'on l'invitait à dîner. Qui invite un assassin où que ce soit ? Personne, que lui. Elle attendit qu'il ait avalé la dernière bouchée, puis, impatiemment, repose sa question :
- Alors ?
Le militaire releva la tête en soupirant.
- Que tu es impatiente... fit-il avec une pointe d'exaspération pour la voix.
L'Elfe serra les dents.
- Tu crois que ça m'amuse d'être là à devoir presque te supplier de me rendre ce qui m'appartient ? interrogea-t-elle d'un ton acerbe.
- Et tu crois que ça amuse de t'entendre me rabâcher la même chose toutes les cinq minutes alors que je fais des efforts de courtoisie pour me faire pardonner ce qui s'est passé tout à l'heure ?!
- Qui t'y forçait ?! riposta-t-elle en se levant brusquement, manquant renverser la table. Certainement pas moi ! Je te remercie ton geste mais tu n'étais tenu à rien d'autre ! Maintenant, si tu en as assez de m'entendre, rends-moi mes armes et dans cinq minutes je serais partie sans retour !
Ses yeux étincelaient de colère mal contenue. Pour qui se prenait-il à la fin ?!
Il se leva son tour et plaqua les mains sur la table.
- Soit. La prochaine fois, je n'interviendrai pas. Tu te balanceras au bout d'une corde ou te feras violer. Je m'en laverais les mains.
- Je t'ai déjà remercié ! Qu'est-ce que tu veux de plus ?! Que je me prosterne devant toi en chantant tes louanges ? !
- Que tu sois un peu aimable de temps en temps, asséna-t-il d'un ton cassant. Ça ne te ferait pas de mal.
- Désolée de ne pas être une « agréable convive », fit-elle, sarcastique, mais je n'ai pas l'habitude de l’être, aussi je crains bien que tu ne doives t’en contenter, général.
Ayant dit cela, elle s'assit de nouveau et se tut.
- Et bien prends donc ton premier cours, rétorqua-t-il en reprenant place à son tour, avant de se murer dans le silence.
Elle voyait bien que ses réparties l'agaçaient et le braquaient, mais elle ne comprenait pas son manque d'empressement lui restituer ses biens. Que ne donnerait-elle pas pour se retrouver loin d'ici, loin de lui... Mais elle ne repartirait pas sans ce qu'elle était venue chercher. Elle se trouvait tiraillée entre deux possibilités : faire ce qu'il attendait en s'humiliant, en perdant sa propre estime, en obéissant comme une enfant, elle qui ne rendait de comptes à personne, mais récupérer ses armes... Ou garder son estime en résistant, en en s’entêtant et le braquer davantage, ce qui pourrait la faire rester encore un très long moment sa compagnie tout en risquant de ne rien récupérer. Le choix n'en était pas vraiment un. Les poings crispés sur ses cuisses, elle esquissa une ombre de sourire en le haïssant de toutes ses forces de l'obliger à faire ça. Un jour, elle lui ferait expier cette humiliation. Mais cet effort ne fut payé de retour que par un reniflement, ce qui exaspéra la jeune femme qui sentait son relatif calme sur le point de voler en éclats. Elle ne supporterait plus très longtemps sa présence, il fallait faire quelque chose et vite. Elle soupira et, prenant sur elle à un point inimaginable, demanda :
- Pourrais-tu être assez aimable pour me restituer mes biens... s'il te plaît ?
Les derniers mots sembla lui écorcher la bouche, mais le sentait bien qu'elle n'avait pas le choix.
- C'est si gentiment demandé... fit-il légèrement ironique. Mais...
- Mais ?
Elle ne s'attendait pas une clause et craignit soudain le pire.
- Il y a une condition qui ne devrait pas t’être trop pénible, poursuit-il en prenant un ton vraiment sérieux.
- Laquelle ?
Il se redressa dans son siège et, en croisant les bras devant lui, exposa :
- Tu as vécu le problème dont je te parlais de l'intérieur ce soir : le comportement des militaires envers les civils. Je pense que tu es bien placée maintenant pour comprendre l'importance de cette cause que je ne suis pas complètement seul à défendre. Aussi ai-je dressé une liste de cinq personnes, sur laquelle je ne figure pas, pour lesquels tu ne pourras pas prendre de contrat, pour le compte que ce soit. Il est très important que ces cinq personnes restent en vie pour le bien de toute la population civile, j'espère que tu le comprends, ajoutait-il en lui donnant ladite liste.
- D'accord
La réponse, sincère, avait jailli d'elle-même avant même qu'elles n'aient jeté le moindre coup d'œil au parchemin. Elle avait eu trop peur pour souhaiter ce traitement à quiconque, même s'il fallait pour ça refuser des contrats.
- Je sais que tu es une personne de parole, mais saches, Tyra, que si tu as le malheur de rompre ce pacte, je ne souffrirai d'aucune pitié et de tuerai de mes propres mains.
- Et s'il ne s'agit pas de moi mais d'un collègue ? Comment le sauras-tu ?
- Je peux tout savoir. Vous n'êtes que deux en ville.
Elle réprima une grimace. Damnation ! Il savait donc ça aussi... Mais comment faisait-il ?
- J'ai bien saisi. Ne t'en fais pas général, je ne suis pas folle.
- Bien, fit-il alors en se levant. Suis-moi.
Elle lui emboîta donc le pas jusqu'à son bureau où il ouvrit un coffre. Ses armes se trouvent à l'intérieur : ses trois poignards, son épée et ses gants, dont il se saisit avant de les lui tendre. Elle jubila presque lorsque chacune retrouva sa place sur elle. Décidément, privée de ses moyens offensifs, elle se sentait vraiment mal à l'aise. Dans le même temps, il lui tendit également une dague faite dans un étalement aux reflets irisés, ouvragée et semblant très précieuse, qui lui rappela de façon frappante l'épée qu'il avait utilisée contre elle.
- Pour compenser, laisse-moi t’offrir cette arme magique. Je suis sûr que tu apprécieras de découvrir ses spécificités par toi-même.
Stupéfaite par ce don, elle commença par le fixer, bouche bée. L'arme, légère et équilibrée, devait être un vrai bonheur à manier.
- J'apprécie le cadeau à sa juste valeur, crois moi je te remercie.
- Je t'en prie, fit-il aimablement.
Elle pensa soudain que ce présent valait bien quelque chose de sa part, aussi n'hésita-t-elle que quelques secondes, avant de déclarer, solennelle :
- En échange, je promets de ne pas attenter à ta vie tant que durera la mienne.
Un peu surpris, il releva la tête.
- Je te remercie d'une telle attention. Je n'en demandais pas tant.
- Un présent pour un présent, rétorqua-t-elle avec le plus grand sérieux.
Un signe de tête respectueux accueillit cette déclaration, tandis qu'elle rangeait sa nouvelle arme avec des gestes empreints de délicatesse.
- Si tu veux bien m'excuser, j'ai à faire, fit-elle ensuite avant de s'esquiver sans attendre de réponse.

~~~~~~~~~~~~~

Grimper. Plus haut. Encore et toujours. Ne pas tenir compte de sa fatigue. Rester concentrée. Ne pas tomber. Et cela se révélait loin d’être simple étant donné que la glace coupante qui, recouvrant tout comme un linceul glacé rendait la roche glissante comme du savon. Elle ne sentait plus ses mains abîmées depuis un long moment déjà et devait s’arrêter régulièrement pour souffler dessus. Un nouveau passage abrupt. Elle glissa le bout de ses doigts gelés dans un interstice et son pied droit chercha un appui. Même léger. Il ne le trouva pas. Elle sentait qu’elle ne tiendrait plus très longtemps comme ça. Ses bras dont les muscles se trouvaient encore insuffisamment développés allaient bientôt la trahir. Elle en était sûre. Elle serra les dents et essaya de nouveau. Inutile. Il n’y avait plus rien et elle sentait la prise fragile sur laquelle ses doigts se trouvaient crispés sur le point de céder. Non ne lâche pas ! Tiens bon ! Tiens b… Elle bascula vers l’arrière. Inexorablement. Et le temps sembla s’arrêter tandis qu’elle chutait d’une quinzaine de mètres. Elle ferma les yeux. Elle ne voulait pas se voir mourir. Un choc. Rude mais pas douloureux. Pourquoi n’avait-elle pas mal ? Il paraissait pourtant que la mort était douloureuse... Elle rouvrit les paupières et tourna la tête. Il était là. Praven. Il l’avait rattrapée. Elle était pourtant certaine que si ce genre de chose arrivait, si elle échouait de cette façon, il la laisserait à son sort. Mais les mains gantées légèrement crispées sur sa taille et ses genoux proclamaient le contraire. Etonnant quand on savait de quel sadisme il faisait preuve à son égard…
- Merci…
Le mot lui arracha à moitié la bouche étant donné ce qu’elle ressentait à son égard.
Il la déposa sur le sol sans ménagement.
- On peut savoir ce qui s’est passé ?
La question avait fusé, légitime si on se mettait à sa place d’instructeur.
- La prise était minuscule et la glace l’avait rendue impraticable. J’ai essayé de tenir mais j’ai glissé.
La vérité. C’était tout.
- Des excuses tout ça. Recommence.
L’adolescente serra les dents. Elle n’appréciait guère qu’il mette sa parole en doute ou insinue qu’elle ne faisait pas son maximum. Le vieux mage était en dessous de la vérité, l’année précédente, lorsqu’il avait déclaré qu’elle le détestait. Elle regarda ses mains zébrées d’écorchures, lézardées de crevasses et d’engelures douloureuses générées par le froid intense.
- Maintenant ? Mais j’ai les mains tellement glacées que je les sens à peine.
- Ce n’est pas mon problème. Exécution.
La jeune fille grogna et retint un mouvement de rébellion. Pas encore. Elle n’était pas encore de taille à se mesurer à lui. Mais bientôt, oui, bientôt elle le pourrait. Elle en était sûre. Elle regarda de nouveau la falaise à pic qui lui faisait face. Il ne s’estimerait satisfait que lorsqu’elle arriverait en haut et elle ne possédait aucun moyen d’être sûre qu’il la réceptionnerait de nouveau si par malheur elle tombait encore. Elle devait donc… assurer ses arrières, ou plutôt ses avants. L’Elfe se rapprocha de la paroi, passa la main dessus et murmura quelques mots. La glace disparut. Totalement. Comme par enchantement. La jeune fille esquissa un sourire. Ce serait bien plus simple à présent. Elle recommença à grimper sous le regard de l’humain.
Un sourire. Froid comme la glace dont elle venait de se débarrasser. Les leçons de Zandar portaient donc leurs fruits… Son élève s’avérait réellement prometteuse. Dans tous les sens du terme. Et ce à 14 ans à peine… Il était certain que d’ici deux ans elle aurait atteint le niveau qu’il souhaitait. Dans tous les domaines. Il leva la tête et la fixa, suivant sa progression avec intérêt.

~~~~~~~~~~~~~
Tyra pénétra dans l'auberge. À visage découvert. Elle ne se trouvait pas là pour ses raisons habituelles. Nul ne pouvait la reconnaître et, de toute façon, elle changeait continuellement de lieu de chasse. Présentant au tenancier un sourire aimable de façade, elle s'approcha du comptoir et commanda un alcool fort. Elle récupéra ensuite son verre et, en arborant la mine d’un chat guettant un bol de lait, alla s'installer, suivie des yeux par la majeure partie de la clientèle masculine. Celle-ci détaillait sans vergogne ce que la jeune femme ne cherchait nullement à dissimuler : une taille fine, une poitrine menue, des jambes longues et fuselées, le tout mis en valeur par une combinaison noire épousant ses formes comme une seconde peau. Quant à son visage, il était loin de représenter le dernier de ses attraits : des traits fins et éthérés, des yeux légèrement en amende d'un inhabituel ton bleu glacier et une cascade de cheveux couleur de nuit tombant en vagues souples jusqu'à ses genoux.
L'assassin était très conscient de la vive attention qu'elle suscitait. Elle avait l'habitude d'éveiller ainsi le désir chez les mâles et comptait même dessus, car de cette façon, l’un ou plusieurs d'entre eux finissaient immanquablement par l'aborder. C'était de cette façon qu'elle choisissait celui qui partagerait avec elle une nuit sans lendemain. Ses partenaires possédaient toujours une caractéristique spéciale qui les différenciaient des autres : de l'audace, du courage, une extrême beauté, un sens de l'humour aigu ou encore un charme peu commun… Ses critères en la matière s'avéraient divers et en ce qui concernait la race, elle n'était pas sectaire du moment qu'il se montrait habile au déduit .
Tyra prit place à une table bien en vue et laissa à son regard errer dans la pièce afin d'effectuer une première sélection : un Elfe à la crinière blonde qu'elle jugea trop fade, un nain déjà ivre malgré l'heure peut avancée, un humain aux cheveux bruns coupés court... Elle secoua la tête. Aucun ne l'intéressait. Désabusée, elle s'apprêtait à se lever pour partir, lorsque son regard accrocha un reflet argenté dans le coin le plus sombre de la pièce. S'accordant un instant supplémentaire, elle observa l’inconnu qui s'y trouvait assis : semblant âgé d’une quarantaine d’années environ, il possédait des oreilles humaines, un visage mat aux traits fins et une stature assez carrée... Un demi-Elfe Noir. Intéressant. Et rare surtout. Très rare. Poursuivant son introspection, la jeune femme nota encore de courts cheveux argentés et des yeux dorés. Tout à fait le type exotique qu'elle appréciait. Parfait. Ce serait donc lui ce soir. Quittant sa place, elle partit dans sa direction, usant et abusant de sa démarche féline, puis, avec son sans-gêne coutumier, pris place à côté de lui. Il ne bougea pas et rien ne transparut sur son visage si particulier couturé -elle le remarqua- de fines cicatrices sur son côté gauche. La jeune femme passa encore un long moment à le dévisager calmement sans rien dire. Il était vraiment beau. Davantage de près même. Mais pas d'une beauté mièvre, bien au contraire. Il se dégageait de lui une force tranquille proprement fascinante.
- Tu me plais beaucoup et je sais que la réciproque est vraie aussi, lança-t-elle soudain sans préambule. Pourquoi ne pas unir nos attirances ce soir ?
Franc et direct. Comme d'habitude. Pourquoi s'embarrasser de fioritures lorsqu'il s'agissait d'une unique nuit ?


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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 16:06

Tournant la tête vers son interlocutrice, l’inconnu la fixa intensément, puis, après un instant, lui signifia fermement son refus de la tête. La jeune femme, qui n’avait guère l’habitude d’être repoussée, dissimula sa contrariété. Lorsqu’elle voulait quelque chose, en général, elle l’obtenait toujours. Et ce soir, elle le voulait, lui. La voix de Tyra devint alors miel et, du ton que prenait autrefois Ectelius pour la convaincre de faire quelque chose, elle susurra à son bel inconnu :
- Pourquoi nier alors que tu en as autant envie que moi ?
Pour achever de le persuader, elle laissa alors sa main effleurer lentement son entrejambe. Aucun mâle ne pouvait résister à ça. Elle le savait parfaitement. Mais son mouvement séducteur fut arrêté dans la seconde car il venait de saisir sèchement son poignet pour éloigner sa main de lui. Interdite, elle le fixa et il réitéra sa réponse négative. Il résistait donc… C’était bien la première fois que ça lui arrivait. D’ordinaire, les mâles cédaient à la première sollicitation sans même qu’elle ait besoin d’en venir aux attouchements. Mais elle n’avait pas dit son dernier mot. Elle ne renoncerait pas avant qu’il ne craque.
- Tu me laisserais donc repartir seule ? reprit-elle, d’une voix suave, tentatrice. Tu es sûr ? Je suis si seule et j’ai tant besoin d’affection…
Elle jouait la comédie évidemment… mais elle savait exceller dans ce domaine. Pourtant, malgré ses talents en la matière, son voisin, toujours stoïque, acquiesça de la tête.
- Pourquoi ? Je ne suis donc pas à ton goût ? Ou alors préfères-tu d’autres mâles ? insinua-t-elle perfidement, changeant ainsi de tactique.
Mauvaise idée. Sans mot dire, il la fusilla du regard, puis, fouillant dans le sac qui se trouvait à côté de lui, en tira une plume et du parchemin, sur lequel il se mit à écrire. Que faisait-il donc son bel éphèbe ? Quelques mots plus tard, il lui tendait la feuille sur laquelle il avait inscrit cette phrase « Ne m’insulte pas. Quant à pourquoi, je ne suis pas ce genre d’homme ».
En lisant ces paroles, Tyra retint difficilement une grimace de dépit, puis s’étonna. Elle avait donc jeté son dévolu sur un muet… Non pas que ça la dérangeait, mais elle ne s’y attendait pas. Et puis, d’habitude, ses conquêtes ne savaient ni lire ni écrire… Il était vraiment étonnant. Plus, il était intriguant. Cela renforça encore son désir et elle comprit qu’elle n’employait pas la bonne méthode. Ce genre d’homme ne se séduisait pas comme n’importe quel autre, elle s’en apercevait à présent. Elle ne pourrait réussir à le décider en usant de ses habituels stratagèmes.
- C’est bien dommage… déplora-t-elle, de façon naturelle en passant nonchalamment ses mains derrière sa tête. Car tu me plais vraiment. Et c’est fort rare.
De nouveau, il prit plume et papier, puis nota quelque chose, qu’il lui montra. « Tu veux partager un lit avec moi sans même savoir qui je suis » disait l’inscription.
Elle posa sur lui un regard un rien railleur.
- En général, personne ne cherche à savoir qui est qui dans ce genre de circonstance, tu sais. C’est étrange, on dirait que c’est la première fois que ce genre de chose t’arrive…
Pour toute réponse, il se contenta de montrer du doigt sa première phrase et elle soupira.
- Oui, ça c’est bon, je l’ai bien compris, ne t’en fais pas.
Elle se sentait agacée et frustrée. Mais surtout frustrée. Plus il lui résistait et plus l’envie qu’elle avait de lui devenait dévorante, obsédante. Elle se leva, ne sachant plus que faire pour le convaincre. Il semblait posséder des principes éthiques qui lui étaient totalement étrangers… Ce fait la déstabilisait.
C’est alors que l’Elfe blond, à qui la scène n’avait pas échappé, se dirigea vers elle et s’inclina en souriant.
- Je me permets de me proposer pour vous tenir compagnie, gente dame, déclara-t-il.
- Non merci, lui répondit alors la jeune femme d’un ton sec sans même lui accorder un regard.
Puisque le seul qu’elle jugeait digne d’intérêt refusait ses faveurs, elle n’était plus d’humeur à batifoler. Pas avec un autre que lui.
Cette rebuffade ne fut pas du goût du blondinet.
- Tu préfères donc la proximité d’un bâtard ?! cracha-t-il fort peu élégamment en toisant le demi-Elfe d’un air méprisant.
- Je n’ai pas de comptes à te rendre que je sache, riposta-t-elle de même, peu encline à l’indulgence après s’être fait repousser. Je fais ce que je veux, quand et comme il me plaît.
- Que tu fraye avec cette engeance ne m’étonne pas finalement… poursuivit-il méchamment.
N’appréciant pas les réflexions à son propos, le demi-Elfe jeta un regard noir à son détracteur qui s’approcha sans en tenir compte pour mieux le dominer de sa hauteur.
- En fait tu es peut-être une bâtarde toi aussi. Ca ne m’étonnerait pas. Qui se ressemble s’assemble parait-il, poursuivit-il, déversant son fiel.
Agacée, Tyra s’apprêtait à le corriger, mais le voisin de la jeune femme posa les mains sur le bord de la table en affichant un sourire limite malsain. En le voyant faire, elle crût qu’il allait se lever pour lui régler son compte… mais contre toute attente, il se contenta de reculer brusquement le meuble en bois et son coin vint violemment frapper l’Elfe à l’entrejambe. La douleur se répandit dans le corps du mâle à la vitesse de l’éclair et ne tarda pas à vriller chaque centimètre carré de sa personne. Il s’écroula en hurlant tout en y portant les mains. Stupéfaite par cette réaction bien qu’elle n’en montre rien, elle l’observa sans s’occuper de la créature gémissante qui gisait au sol. Il était également plus fort qu’il n’y paraissait.
Sans s’occuper de sa victime, le demi-Elfe attrapa alors Tyra par la taille et l’entraîna vers l’étage.
- Tu as donc changé d’avis… constata-t-elle, ravie.
Il ne répondit pas, mais elle sut avoir deviné juste lorsqu’il s’arrêta devant une porte qu’il ouvrit et elle entra sans se faire prier. Elle avait gagné. Pas de la façon qu’elle imaginait mais le résultat était là. Son bel inconnu allait s’occuper d’elle. Son désir ravivé, elle le fixa d’un regard plein de feu et s’approcha de lui, puis porta la main à la fermeture de sa combinaison qu’elle commença à ouvrir.
Mais elle ne pût aller plus loin car, lui attrapant la main, il interrompit son geste et lui fit signe d’être patiente.
La jeune femme le fixa, interloquée. Patienter, patienter, il en avait de bonnes lui… Elle le dévisagea. Qu’attendait-il donc d’elle ? Avec surprise, elle le vit alors reprendre parchemin et plume, puis écrire une nouvelle phrase qu’il lui montra : « Es-tu sûre de n’avoir aucune question ? ». Si elle en avait, elle se tenait persuadée qu’il n’y répondrait pas de toute façon.
- Oui, j’en suis sûre, répartit-elle avec assurance.
Elle l’observa un long moment et nota son air hésitant.
De nouveau le crissement de l’écriture. « Non, je ne peux pas » inscrivit-il avant de ranger ses affaires et de battre en retraite vers la porte.
Mais rapide comme l’éclair, elle l’atteignit avant lui et l’empêcha de sortir.
- Hé, pourquoi tu veux me fausser compagnie ? On n’est pas bien tous les deux ?
Manifestement embarrassé, il secoua la tête et accompagna son geste de ses mains, pour bien lui signifier son refus.
Elle fit alors une petite moue à laquelle en général, peu résistaient et vint se coller à lui en passant les bras autour de son cou. Ses lèvres étaient proches. Si proches. Elle l’embrassa sensuellement, à la hauteur du désir qu’elle ressentait.
Elle vit bien qu’il tentait de résister, mais l’attrait qu’elle exerçait sur lui était trop fort et il succomba.

~~~~~~~~~~~~~
Son regard effleura ses courbes déjà attirantes pour la dixième fois de la journée tandis que, trempée de sueur, elle s’efforçait de lui porter un nouveau coup qu’il para sans trop de difficulté. Ses muscles s’étaient fortifiés et l’épée n’était plus si lourde à présent. Elle était encore très loin de la maitriser, mais ses progrès en la matière s’avéraient indéniables. Dans quelques semaines, elle serait à même de lui tenir tête. De cela, Praven en était persuadé.
Si seulement elle parvenait à le toucher, à ouvrir une entaille quelque part sur sa personne… elle serait tellement contente… mais pour le moment cela s’avérait encore impossible. Elle était condamnée à perdre pour longtemps encore. Haletante, elle le fixa, tentant de ne pas faire retomber vers le sol la pointe de l’arme.
- Tu abandonne déjà ?
Toujours ce ton sarcastique lorsqu’il s’adressait à elle, même quand elle faisait tout son possible. Jamais le moindre compliment ni le plus petit encouragement. Mais à quoi d’autre pouvait-elle s’attendre de sa part ? Cet individu ne possédait pas plus de cœur qu’une pierre. Ca paraissait logique étant donné sa profession, mais elle le supportait assez mal. Soudain, elle repensa à ce que lui avait raconté le vieux Zandar. Les anciens apprentis de Praven étaient tous des garçons. Qu’étaient-ils devenus ?
- Ce soir, tu seras présentée à la Guilde.
A ces mots, elle se tourna vers lui. Lentement. Très lentement. Les yeux écarquillés de stupeur. Pourquoi ? Pourquoi maintenant après tout ce temps ?
- Ce soir ?
- Ce soir.
Les deux mots qui pouvaient lui faire le plus peur. Ceux qu’elle espérait tout en les redoutant. La Guilde… Elle avait entendu tant d’histoires terrifiantes à propos de la Guilde… Et ce soir elle allait se retrouver devant ses membres. Qu’allait-il se passer ? Devrait-elle subir les épreuves dans la foulée ?
- Juste une présentation ou…
- Tu n’es pas prête pour les épreuves. Loin de là.
Evidemment. Qu’avait-elle imaginé ?
- Si ça n’avait tenu qu’à moi, tu serais restée inconnue de la Guilde encore longtemps… mais Ectelius a exigé que tu lui sois présentée.
Il n’avait pas besoin de dire qu’il désapprouvait, ça se sentait au ton qu’il employait. Ectelius… Le chef de la Guilde. Le Maître-Assassin. Elle ne l’avait encore jamais vu et cette perspective l’emplissait d’un mélange de crainte et d’excitation. Il lui tardait d’arriver à l’heure du départ à présent.
- Ce n’est pas une raison pour rester à ne rien faire. Enchaine.
Elle soupira. Il ne lui épargnerait vraiment rien. Elle reprit donc son entraînement.

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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 16:08

Tyra se réveilla quelques heures plus tard. Plus que comblée, elle se tourna vers la droite, mais entre les draps froissés par une folle nuit, plus de trace de son amant. Elle haussa les épaules. Peu importait. Pour une fois que ce n’était elle qui quittait les lieux la première… Elle s’étira longuement en baillant, repensant dans un soupir de contentement au savoir-faire du demi-Elfe. Elle avait eu cent fois raison de s’obstiner, d’attendre… Le jeu en valait la chandelle et elle se félicitait d’avoir insisté pour le faire céder à ses avances. C’était un amant exceptionnel, comme elle en avait rarement eu dans sa vie. Elle sourit. Celui-là, si jamais elle avait l’occasion de le retrouver…
Après quelques minutes, la jeune femme finit par se lever et sortit du lit dans le plus simple appareil, sans la moindre pudeur. Passant machinalement la main dans ses cheveux, elle y constata la présence de nombreux nœuds et grimaça. Elle allait passer des heures à les démêler. Une fois de plus, elle se surprit à déplorer que le vieux Zandar ne lui ait pas appris un sort pour faire ça, mais se dirigea vers la cuvette emplie d’eau froide pour se rafraichir. Elle irait à la rivière plus tard pour une toilette plus complète. En attendant, elle attrapa la brosse à cheveux et entreprit de s’occuper de ceux-ci en rêvassant. Pendant cette opération, une image lui revint en mémoire. Quelque chose qu’elle avait remarqué pendant son étreinte passionnée avec son bel inconnu mais que, sur le coup, elle avait occulté. Un ovale d’une vingtaine de centimètres de diamètre renfermant un sigle particulier, marqués au fer rouge dans le bas de son dos. Le sceau de l’infamie. C’était de cette façon qu’étaient reconnus ceux considérés comme des bâtards par les Elfes Noirs. Elle grimaça. C’était non seulement complètement barbare, mais en plus totalement idiot. A son sens. Comme si l’ascendance de quelqu’un revêtait une quelconque importance, comme si elle influait sur sa valeur… Elle eût un petit reniflement de mépris pour leur façon de penser et acheva sa besogne, avant de discipliner sa chevelure en une longue natte qui lui battit les reins. Elle se rhabilla ensuite et quitta sans un regard la pièce où elle avait passé des heures si torrides. Elle n'était pas une sentimentale, loin de là, sinon elle ne serait plus dans le métier depuis bien longtemps. Depuis des années, beaucoup de ses amants avaient tenté de la faire rester avec eux... en pure perte. Toujours elle respectait sa règle « s'attacher c’est être faible, être faible c’est mourir ». De toute façon, même sans ce précepte, elle était une ombre et une ombre ne possède aucune attache ; elle va et vient, invisible de tous.
De son habituelle démarche féline, elle redescendit dans la pièce principale et, s'approchant du comptoir, commanda de quoi prendre un petit déjeuner convenable.
- Mais pas d'alcool, précisa-t-elle en allant s'asseoir dans le coin sombre où elle avait fait la connaissance du demi-Elfe Noir.
Elle savait que Zan, le seul de ses collègues encore en vie, mangeait systématiquement avec une boisson alcoolisée... Mais pas elle. Ou du moins pas dès le matin. Elle n'avait aucune envie de voir ses réflexes amoindris en cas de problème. Son repas lui fut apporté par une servante à l’air ensommeillé, à qui elle voulut régler la chambrer et l’en-cas, mais il lui fit répondu que c’était déjà fait. Elle sourit, puis entama son assiette. Alors qu'elle terminait, la porte de l'établissement s'ouvrit et un homme encapuchonné entra. Tournant la tête de tous côtés, manifestement à la recherche de quelqu'un, il finit par arrêter son regard sur elle.
Son commanditaire venait la chercher jusque-là ? Il devait être sacrément pressé d'en finir.
Il se dirigea vers elle et prit place.
- Qui ?
Une unique question. Brève. Directe. La seule qu'elle posait toujours.
- L’Empereur, lui répondit-il, un sourire cruel aux lèvres.
À ces mots, Tyra se raidit intérieurement. S'attaquer au souverain pouvait lui apporter une somme colossale, mais c'était périlleux. Extrêmement même. Et surtout... Surtout il y avait cette maudite promesse qu’elle avait formulée après le fameux dîner avec le général. Cette parole donnée en échange de ses armes : ne plus jamais accepter de contrats sur ses subordonnés ou l'Empereur... En l'occurrence, étant donné l'enjeu, elle était très fortement tentée de rompre cette promesse, mais elle ne le ferait pas. Elle avait donné sa parole et ne pouvait la rendre sans fouler son honneur au pied.
Le silence s’éternisant un peu trop à son goût, son interlocuteur la pressa.
- Alors ?
- Non, répondit-elle d'une voix rendue sourde par une colère contenue.
- Pardon ? fit alors son vis-à-vis, croyant avoir mal entendu.
- Je ne suis pas intéressée, appuya-t-elle de même.
Il ricana.
- La Seija fait la fine bouche sur un contrat à cinquante mille pièces d'or ? Stupéfiant.
À l'annonce de ce chiffre faramineux, elle serra les dents et gagna promptement la sortie, renversant la table au passage.
La peste soit de ce maudit général ! Cinquante mille ! Elle venait de refuser cinquante mille pièces d'or à cause de lui ! Elle n'était pas vénale, mais la situation avait de quoi la rendre furieuse même si ce jour-là, elle avait promis avec sincérité.
L'Elfe partit en courant. Une course longue et effrénée qui la fit sortir de la ville, la menant où elle avait projeté de se rendre : la rivière qui coulait en plein cœur de la forêt. Là, elle quitta sa combinaison et plongea. L'eau, délicieusement fraîche, déferla sur sa peau en vagues apaisantes. Après quelques minutes, elle se sentit un peu mieux, mais pas assez cependant pour la calmer tout à fait. Avisant un creux dans que l'érosion avait taillé dans la roche, elle s'allongea l'intérieur et ferma les yeux, ressassant son ressentiment. Tout était de sa faute à lui ! Ce damné général qui, par deux fois, avait sauvé son existence ! Elle avait une dette. Elle qui ne devait rien à personne ! C'était intolérable ! À cause de ça, il tenait sa vie entre ses mains et il lui suffirait d'un mot à l'Empereur pour effacer irrémédiablement sa vie. Pour la première fois, son existence même dépendait de quelqu'un et elle détestait cette idée.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 20:49

Superbe! Moi qui d'habitude ne suis pas fan d'histoire avec des Elfes et nains ( le Seigneur des Anneaux étant l'exéption qui confirme la règle), je suis totalement séduit par cette fiction! Peut-être parce qu'il s'agit d'une histoire d'assassin... et que j'adore ça^^ ( Grand fan de Waylander)
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 21:19

* Chapitre 6 *
Ectelius

Elle venait de terminer de se rafraichir et donnait rapidement un coup de peigne dans ses longs cheveux dénoués lorsqu’il entra. Sans frapper ni s’annoncer, comme d’habitude, sans égard pour sa pudeur. Heureusement qu’elle avait terminé.
- Abrège !
L’ordre avait claqué et elle sentait une certaine tension dans sa voix. Craignait-il qu’elle ne lui fasse honte devant tous ses confrères ? Elle reposa l’ustensile de toilette sur la table.
- Ordre inutile. J’ai terminé.
Encore ce regard plein de défi… Il s’approcha.
- Ne pense même pas à te rebeller devant la Guilde ou je te le ferais payer très cher.
Devant la Guilde ? Elle n’y avait pas pensé, mais maintenant qu’il en parlait… Non, ce serait un mauvais calcul. C’était trop tôt. Patience.
- On y va ?
Il ricana.
- Tu es bien pressée tout à coup… observa-t-il avant de tourner les talons.
En sortant, tous deux empruntèrent plusieurs petites rues et parvinrent rapidement à la Porte menant au quartier des docks, secteur de la ville dans lequel elle n’était jamais entrée. Curieuse, elle regarda autour d’elle avec attention tout en le suivant. De tout côté, de maisons de taille variable en plus ou moins bon état, des caisses et tonneaux se trouvaient aussi éparpillés à des endroits divers sans qu’elle saisisse ce qu’ils faisaient là. A force de marcher, le duo parvint à un grand escalier qu’il descendit et tous deux poursuivirent jusqu’à arriver près de l’eau. La mer… Elle la voyait pour la première fois et c’était de nuit. Elle le déplora, mais n’eût pas le temps de s’appesantir sur ce regret, car Praven pénétrait déjà dans une petite taverne miteuse. La jeune fille ne dissimula pas son étonnement.
- C’est là que…
- Silence !
Elle se tût, ravalant à la fois le reste de sa question et la répartie acerbe qu’elle s’apprêtait à lancer, puis lui emboita le pas tandis qu’il traversait la salle bruyante et enfumée, jusqu’à une petite pièce. Face à eux, une unique porte. Celle qui menait au quartier général de la Guilde ? Elle pouvait en toute logique supposer que oui.
- Ne parle que si on te questionne.
Une recommandation. Une seule. Et il ouvrit la porte. Un très long escalier, puis un autre et un troisième encore. Jusqu’où allaient-ils monter comme ça ? Elle aurait plutôt pensé que ce genre d’endroit se trouvait en sous-sol… Mais elle ne fit pas part de ses réflexions à son instructeur. C’était inutile. En haut, une sentinelle montait la garde. Les deux hommes échangèrent quelques mots à voix basse et ils purent passer la porte.
Tous deux émergèrent dans une grande salle pleine de monde. Pleine d’hommes. Quelques femmes mais majoritairement des hommes. Cette constatation n’était pas pour la rassurer, mais la jeune fille n’en laissa rien paraître. A leur arrivée, le brouhaha des conversations se tut, remplacé par un silence gênant. L’Elfe sentait sur elle les regards, curieux, moqueurs ou courroucés, des membres de la Guilde, mais tenta d’en faire abstraction tandis qu’elle parcourait les lieux du regard. Elle le cherchait. Lui, Ectelius. Evidemment, ne sachant pas à quoi il ressemblait, cela lui était impossible, néanmoins, elle tentait de repérer le plus impitoyable de tous ces faciès de brute. C’est alors que quelqu’un s’approcha. Le type de personne qu’elle ne se serait jamais attendue à voir dans cet endroit : un demi-Elfe au visage avenant, avec des yeux verts et des cheveux blonds mi-longs retenus en catogan sur la nuque. Il lui sourit. Enfin une figure agréable. Elle sentit la tension qui l’habitait la quitter peu à peu.
- Bonsoir Praven, fit-il d’une voix de miel.
- Ectelius… le salua son mentor d’un ton rogue.
A la mention de ce nom, la jeune fille tressaillit et écarquilla les yeux, effarée, son regard passant sans cesse de son instructeur au nouveau venu. C’était lui Ectelius ?! Le puissant maître de la Guilde ?! Le chef des assassins ?!
Un rire cristallin résonna. Le sien.
- Ne fais donc pas cette tête, damoiselle, lui dit-il. Je me doute que je ne ressemble pas à l’idée de tu te faisais de moi, mais tout de même… Quel est ton nom ?
- Tyra. Tyra Zenf, répondit-elle, impressionnée malgré elle par l’aura d’autorité tranquille qui émanait de lui.
- Et bien, Tyra, c’est un honneur et un privilège de te rencontrer, dit-il encore en lui prenant la main pour la baiser délicatement.
Cette fois, la stupéfaction de la jeune Elfe ne connut plus de limite. Praven ne l’avait pas habituée à tant de gentillesse et cela la déstabilisait un peu. Quel contraste entre eux…
- M… Moi de même, balbutia-t-elle, ne sachant pas quoi dire d’autre.
Sans lâcher sa main qu’il tenait avec douceur, Ectelius la guida jusqu’à un siège et, d’un geste gracieux de l’autre main, l’invita à y prendre place, avant de s’asseoir face à elle.
- J’ai beaucoup entendu parler de toi, reprit le maître assassin en la dévisageant lorsque tous deux furent installés.
- Ah oui ?
A peine avait-elle prononcé ces deux mots qu’elle se mordit la lèvre. « Ne parle que si on te questionne » lui avait dit Praven. Elle avait oublié.
Le demi-Elfe remarqua sa réaction et la rassura dans un sourire enjôleur :
- Tu peux t’exprimer en toute quiétude, ne t’en fais pas.
Cette affirmation et le sourire qui l’accompagnait la rassérénèrent.
- Ton maitre ne tarit pas d’éloges à ton sujet, poursuivit Ectelius.
- Ah bon ?
Première nouvelle.
- Il t’estime très prometteuse.
Heureusement qu’elle était assise au moment de ces révélations, sinon elle en serait tombée de stupéfaction.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la pièce, ledit maitre ne paraissait pas content du tout, voir même franchement furieux. Ce maudit demi-Elfe allait gâcher tout son travail avec ses belles manières et ses paroles doucereuses…
- Alors dis-moi, que penses-tu de ton mentor ?
Tyra secoua la tête. Inutile de risquer des catastrophes en clamant la vérité au chef de la Guilde.
- Parle sans crainte, petite. Tu ne seras pas jugée et ce que tu diras restera entre nous.
Elle resta silencieuse un long moment, semblant peser le pour et le contre, puis entreprit de tout lui raconter et Ectelius perçut parfaitement l’intense ressentiment qui transparaissait dans sa voix alors qu’elle lui exposait ses tourments. Ainsi elle haïssait Praven… Parfait. Il ne pouvait rien souhaiter de mieux.
- Je vois… si tu veux bien m’excuser un moment, je dois parler à ton instructeur.
Elle sursauta.
- Mais vous aviez promis !
- Je ne lui répèterais pas un mot de notre entretien. Tu as ma parole.
Elle le considéra un instant d’un air soupçonneux, puis hocha la tête. Lui dédiant un nouveau sourire, il s’éloigna vers son confrère.
- Tu avais raison, Praven. Son cas est très intéressant.
- En effet.
- Une personnalité forte que tu n’as manifestement pas réussie à mater malgré tes efforts et ta dureté.
Praven ne répondit pas et Ectelius poursuivi :
- Je crois que tu ne sais pas t'y prendre avec elle. Ce genre de caractère ne se dompte pas à la manière forte. Il faut un tact et un doigté que tu ne possède pas. Prend donc quelques vacances, je vais m'occuper d'elle désormais.
Malgré son impassibilité, l'ordre voilé fit bondir l’humain, qui voyait ainsi ses rêves de richesse s'écrouler.
- Hors de question. C'est mon élève. Je laisserai personne l’éduquer à ma place.
- Oh mais ce n'était pas un conseil Praven.
Le ton restait cordial, mais il n'y avait pas à s'y tromper. Maudissant le demi-Elfe, il tourna les talons et quitta les lieux comme un ouragan sous le regard médusé de la jeune fille. La durée de la conversation n’avait pas excédé deux minutes... Qu’avait bien pu dire Ectelius à Praven pour le faire partir comme ça ? Elle n’eût pas le temps de s'interroger davantage : le maître de la Guilde revenait vers elle en souriant.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est-ce qu’il est parti ? questionna-t-elle, ébahie par la sortie théâtrale.
Mais Ectelius fit un petit geste nonchalant de la main, comme pour balayer ses interrogations.
- Ne m’as-tu pas dit le haïr ?
Elle hocha la tête en guise d'assentiment.
- Dans ce cas, ne t'occupe pas de lui. Tu ne le reverras plus avant un long moment, si jamais tu le revois un jour.
Interloquée, elle le dévisagea et il prit alors conscience de la couleur tout à fait inhabituelle de ses yeux. Des yeux bleu glacier remarquables, comme l'ensemble de sa personne.
- Comment ça ?
- C'est moi qui vais m'occuper de toi à partir de maintenant.
Ébahie, la jeune fille cligna des yeux. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Elle se leva d'un bond et, méfiante, le toisa.
- Je ne vous connais pas, asséna-t-elle avec une sécheresse qui n'avait rien à envier à Praven. Je ne vous avais jamais vu avant ce soir, alors pourquoi vous obéirai-je ?
Elle avait à peine achevé sa phrase, que plusieurs des colosses qui l'entouraient s'approchèrent d’elle. Dangereusement.
- Présente tes excuses, gamine, ordonna l'un deux. On ne s'adresse pas sur ce ton Ectelius.
- Plutôt mourir ! rétorqua-t-elle d'un air farouche en dégainant deux de ses poignards dans une dérisoire tentative d'intimidation.
- Ca peut s'arranger très facilement, grogna un autre.
Amusé par sa réaction, le demi-Elfe la détailla soigneusement : un corps fin dénotant souplesse et agilité ; une excellente attitude de combat, à la fois offensive défensive ; un caractère indomptable... Oui, cette jeune personne s'avérait réellement une recrue de choix. Praven avait vraiment bien dégrossi le travail. Il ne lui restait plus qu'à affiner, comme une pierre précieuse dont on polit chaque facette pour qu'elle révèle tout son potentiel. S'il parvenait à lui apprendre à dissimuler ses émotions derrière un masque impassible et à développer ses actuelles compétences -réussite dont il ne doutait pas- elle deviendrait imbattable d'ici peu de temps.
- Laissez-la. Ce n'est rien, les arrêta-t-il en se relevant pour se diriger vers elle.
Les colosses rangèrent leurs armes reculèrent, mais elle ne baissa pas sa garde pour autant. Elle se défiait de cet endroit et de ses occupants. Cette gentillesse soudaine après quatre années de rudesse ne lui disait rien qui vaille.
- Allons ma belle Tyra, dit-il, enjôleur. Ne sois donc pas si farouche. Crois-tu vraiment que je les aurais laissés te toucher ?
- Comment savoir ? Je vous l'ai dit, je ne vous connais pas. Qui me dit que je peux vous faire confiance ?
De nouveau ce rire fin.
- Tu ne le peux pas. Pour le moment du moins. Car il va falloir que nous apprenions à nous connaître, jeune fille.
La déclaration la prit par surprise une fois encore. Voilà qui changeait... Connaître son maître... cela semblait couler de source, mais Praven ne l’avait pas compris ou avait refusé d'en tenir compte. Elle le considéra d'un air songeur.
- Que proposez-vous ? fit-elle en baissant légèrement ses armes.
Toujours se sourire aimable, ce regard franc.
- Et bien pour commencer, oublie le vouvoiement. Pour toi, c'est « Ectelius, tu ». D’accord ?
Elle choisit de ne pas être contrariante. Pour le moment du moins. Elle en savait trop peu sur lui. Elle aviserait plus tard.
- Très bien. Comme tu veux Ectelius.
- Parfait, approuva-t-il tout en notant sa facilité d'adaptation à une nouvelle situation.

~~~~~~~~~~~~~
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyMer 2 Jan - 21:20

Zan s’approcha du lit à pas sournois. Encore quelques mètres et ce serait terminé. Quelques centimètres. Il leva son bras armé d’une dague. Deux pieds bottés jaillirent et le heurtèrent avec violence, le repoussant jusqu’au mur contre lequel il s’écrasa. Sonné, il se redressa et secoua la tête, tandis que son agresseur quittait son poste dans le lit. Ce n’était pas l’Empereur. Qui était ce type qui venait contrarier ses plans ?
- Mauvaise idée de venir te mêler de mes affaires, grogna l’Elfe Noir en se ruant sur lui, poignard en avant.
Mais l’homme qui lui faisait face se contenta de faire un pas sur le côté, avant d’attraper son bras et de se servir de son élan pour lui faire heurter durement le mur. Un craquement écœurant. L’os de son nez venait de se briser. L’assassin poussa un cri de douleur et se retourna vers le soldat en armure, le nez pissant le sang.
- Qui es-tu ?
- Celui qui a considérablement réduit votre population, répondit une voix grave et sèche avec un soupçon d’ironie.
- Alors c’est de ta faute si nous ne sommes plus que deux…
- Oh mais tu comprends vite… rétorqua son vis-à-vis, moqueur.
- Tu aurais pu la tuer aussi. Ca m’aurait arrangé d’être le seul.
- Mais ne t’inquiète pas, bientôt tu ne seras plus tout court. Comme ça le - problème sera réglé.
- Parce que tu crois que je vais me laisser éliminer si facilement ? Je ne suis pas le premier venu.
- Moi non plus.
Dress sortir alors un deuxième poignard de sa botte et le lança vers son opposant à toute vitesse.
Ce dernier esquiva sans mal l’arme de jet et, se rapprochant de lui, lui donna un grand coup à l’estomac de son poing orné d’un gantelet métallique. Pris par surprise, l’assassin n’eût pas le temps d’esquiver l’attaque et, le souffle coupé, se plia en deux. Son adversaire en profita pour lui attraper les bras et les tirer dans son dos en les lui tordant. Zan se débattit pour se défaire de l’entrave… mais en vain.
- Tu as mal choisi ton jour, je suis de très mauvaise humeur. Et en plus, je déteste les Elfes Noirs. Alors je ne le demanderais qu’une fois : qui t’envoie ?
- Allez pourrir chez Zeran !
- Mauvaise réponse, rétorqua l’autre.
Un nouveau craquement. Un hurlement de douleur et son bras droit, brisé par la poigne d’acier, prit un angle anormal.
Mais cela ne suffit pas au soldat, qui posa son genou sur ses reins en appuyant très fortement.
- Je ne parlerais pas ! articula difficilement le membre de la Guilde, à moitié écrasé contre le mur, en grognant de douleur.
Un troisième craquement, un nouveau cri d’intense souffrance et le bras gauche de l’Elfe pendit lamentablement.
- Qui ? rugit alors son bourreau d’un ton autoritaire.
Défaillant à moitié et pensant abréger ses souffrances, Zan balbutia un nom d’une voix quasi inaudible. Alors, le soldat le redressa contre le mur et passa un bras autour de son cou.
- Salue Zeran de ma part, lui dit-il avant de lui briser la nuque sans aucune pitié.
Puis il regarda le corps sans vie glisser au sol et le fixa en silence pendant un long moment, puis murmura :
- Allons donc voir Lord Tyrel…

~~~~~~~~~~~~~

- Essaye encore. Je sais que tu peux le faire.
Un encouragement, pas un ordre. Voilà ce qui faisait toute la différence entre Praven et Ectelius. Entre elle et le demi-Elfe, nul rapport de force, pas d’affrontements de volontés. Leur relation s’avérait presque… amicale. Presque car elle était toujours l’élève et lui le maître. Mais ça n’avait rien à voir. Jamais Ectelius ne la rabaissait ou ne lui parlait sèchement. Au contraire, il avait toujours un mot gentil pour elle.
Une fois encore, elle leva sa dague vers lui, tentant de prendre l'air impassible, mais l'idée d’ôter la vie la répugnait, faisant perdre toute crédibilité à son expression.
- Assieds-toi, Tyra.
En soupirant, elle prit place à son côté pendant qu'il se redressait.
- Si tu m'expliquais pourquoi tu n'y arrives pas, hum ?
- Je ne sais pas. Praven me disait de m'entraîner à ne rien ressentir... Mais j'ai beaucoup de mal... Ne rien ressentir, c'est... anormal.
Le chef de la Guilde sourit.
- Ne rien ressentir est en effet impossible. Après tout, même assassins nous restons malgré tout... « humains » si tu me passe d'expression et il faut garder des émotions pour ne pas devenir fou. Mais en mission, dans l'exercice de nos… fonctions, c'est différent. C'est pour cette raison que tu dois te créer un masque d'impassibilité. Cela ne signifie pas que tu ne ressens rien, mais tu le dissimules. Est-ce que tu saisis la nuance ?
- Oui, je comprends mieux, merci.
Encore une grande différence. Jamais ou presque elle n'avait remercié son ancien instructeur. Cela lui aurait arraché la bouche de le faire. Et jamais celui-ci n'aurait pris la peine de lui expliquer quoi que ce soit.
- Je t'en prie, fit-il alors d'un ton affable en souriant. Tu veux bien essayer de nouveau ?
- D'accord, acquiesça-t-elle en se remettant debout.
Il la regarda faire, l'air songeur. L'éduquer par la douceur et la confiance s'avérait bel et bien plus payant qu'une fermeté excessive. Tyra possédait un caractère ne supportant pas de recevoir des ordres. Dès lors, s'adresser à elle de cette façon ne pouvait que la braquer. Voilà ce que ce lourdaud de Praven n'avait pas compris.
Affermissant sa prise sur la garde de son arme, elle s'efforce d'oublier qu'il s'agissait de son maître, imaginant que c’était un inconnu qui ne lui était rien et son visage perdit toute expression.
- Bien, très bien, la félicita Ectelius, ravi. Tu vois, ce n'était pas si difficile.
- J'ai dû faire un effort d'imagination.
- Et qu'as-tu donc imaginé pour y parvenir ? s'enquit-il, curieux.
Elle lui raconta donc le moyen utilisé.
- Pourquoi pas. Si cela peut t’aider, tu es libre d'employer le moyen que tu souhaites.

~~~~~~~~~~~~~

- Il parait qu’un seul de ses pourritures d’assassins est encore en vie.
- Bientôt la ville en sera débarrassée définitivement. Ca ne fera pas de mal si tu veux mon avis. Sale engeance.
Une conversation saisie au vol lorsqu’elle entra. Elle comprit. Quelqu’un s’était donc occupé de Zan. Tyra haussa les épaules intérieurement. Il avait récolté ce que sa stupidité avait semé et elle ne le pleurerait certainement pas. Se dirigeant vers le comptoir, elle commanda de l’hydromel, boisson moins forte que ce qu’elle buvait d’ordinaire. Prenant son verre, la jeune femme se retourna ensuite pour parcourir la salle du regard, espérant sans trop y croire que son beau demi-Elfe Noir serait encore là. Il lui fallut à peine une minute pour capter l’éclat argenté qui avait attiré son regard la première fois. Il était là. Elle sourit et se dirigea vers lui, s’asseyant sans gêne à sa table, mais déchanta en constatant son air sombre et le verre à moitié vide qui se trouvait posé devant lui. Que lui était-il donc arrivé pour qu’il fasse cette mine ?
-Bonsoir toi, fit-elle, faussement enjouée.
Pour toute réponse, il se contenta de lever sur elle son regard doré.
- Tu en fais une tête. On croirait que toute ta famille vient d’être exterminée. Qu’est ce qui se passe ?
Une nouvelle fois, il tira de sa besace la plume et le parchemin par l’intermédiaire desquels il communiquait et inscrivit : « Nous avons commis une erreur ».
- Moi je ne trouve pas, répartit-elle. Pourquoi tu dis ça ?
Le crissement habituel. Une nouvelle phrase. « Parce que je ne peux pas te dire qui je suis et que le jour où tu l’apprendras, tu m’en voudras… beaucoup ».
Il rangea son matériel et prit la direction de l’escalier. Elle le suivit, trouvant ce revirement étrange.
- Qui te dit que je veux connaître ton identité ?
Arrivant en haut de l’escalier, il ouvrit une porte et la laissa entrer, puis referma l’huis, avant de reprendre ses affaires pour écrire « Peut-être pas maintenant, mais le jour où tu sauras, tu m’en voudras et cela je ne le veux pas ».
Surprise par cette réaction, elle le considéra avec attention. Pourquoi craignait-il tant la réaction de quelqu’un qu’il connaissait à peine ? La question fusa.
- Pourquoi mon opinion t’importe-t-elle à ce point ? Ce n’est que la seconde fois que nous nous voyons.
C’est alors qu’il se leva et, de vive voix, répondit :
- Ce que tu crois.
Les mots se répercutèrent en écho dans l’esprit de la jeune femme. Cette voix… Où l’avait-elle déjà entendue ? Elle réfléchit… et se souvint. Elle écarquilla les yeux, abasourdie par ce qu’elle venait de comprendre.
- Toi ! s’exclama-t-elle, ahurie.
- Je n’aurais jamais dû te céder. Tu n’imagine pas à quel point je m’en veux…
Encore sous le choc, elle continua à le fixer un long moment, bouche bée, puis secoua la tête pour reprendre pied.
- Pourquoi ne rien m’avoir dit avant que… fit-elle d’une voix sourde.
- Tu ne m’as pas vraiment laissé…
- Si tu m’avais parlé, je n’aurais jamais tenté quoi que ce soit… le coupa-t-elle en parlant entre ses dents.
- Je ne pouvais pas me permettre de me compromettre devant tout le monde. Si quelqu’un d’autre que toi faisait le rapprochement, je ne pourrais plus profiter de ces quelques heures de tranquillité.
Tandis qu’il parlait, elle se dirigea vers la fenêtre et regarda à l’extérieur. Elle ne parvenait pas à déterminer si elle se sentait en colère d’avoir été ridiculisée ou ravie d’avoir accroché le général des armées de l’Empire à son tableau de chasse. Elle conserva le silence pendant de très longues minutes, puis lâcha :
- Je ne regrette rien.
- Ah non ? demanda-t-il, étonné, en la regardant.
- Non.
Il resta sans rien dire un long moment, puis déclara :
- Je vais rentrer maintenant.
- Pourquoi ? questionna-t-elle sans se détourner de la fenêtre.
- Parce que je ne pense pas que tu tiennes à ce que je reste, répondit-il en se détournant pour poser une main sur la poignée de la porte.
A son tour, elle fit volte-face et, croisant les bras sur sa poitrine, s’appuya à l’encadrement de la fenêtre, un pied sur le mur.
- Tu lis dans les esprits maintenant pour savoir ce que je veux ou pas ? Je ne savais pas que tes pouvoirs s’étendaient jusque là général, railla Tyra.
- Si tu te crois drôle… fit-il d’une voix lasse.
Quittant son poste d’observation, elle s’approcha de lui.
- Non, je ne pense pas l’être. Je suis tout à fait sérieuse au contraire et je n’ai aucune envie que tu partes.
Se retournant vers elle, il l’observa sans mot dire et elle appuya :
- Savoir qui tu es n’a aucune importance à mes yeux. Absolument aucune.
Comme il ne répondait rien, elle poursuivit.
- Donc rien ne te force à quitter cette pièce… à moins que tu n’y tiennes réellement. Auquel cas, je ne te retiendrais pas.
Elle ponctua toutefois ces quelques paroles d’un regard suggestif qui ne trompait pas. Elle le trouvait toujours très à son goût.
La fixant droit dans les yeux, il rétorqua alors :
- Te connaissant, je pense que nous allons être d’accord : c’est purement physique et rien d’autre.
Un éclat railleur.
- Tu en doutais ? Je ne veux pas autre chose de toute façon.
- Ce que je fais pendant ces quelques heures de liberté et mon identité de général sont deux choses bien distinctes.
- Quel est ton nom ? questionna-t-elle en retour, acquiesçant tacitement à sa déclaration.
- Ankth’yor.
Alors elle vint passer les bras autour de son cou et lui susurra :
- Je te préfère en civil, Ankth’yor.
Puis elle l’embrassa sensuellement.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 13:55

Toujours aussi sublime... Par contre (désolé de le dire) mais je trouve que tu postes assez rapidement, et je penses qu'a cette vitesse, j'aurais du mal à tout lire, dans l'ordre, car je suppose que ce roman est dors et déjà finit.... non?
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 14:09

Oh là... Non, absolument pas et très loin de là. D'ailleurs dans pas longtemps il faudra que je m'arrête, faute de passages déjà rédigés à poster. Je n'ai commencé mon roman qu'il y a un mois à peine.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 14:13

D'accord !

Ton histoire est géniale, simplement-comme Dunadan-j'ai peur de ne pas pouvoir suivre la fréquence, ralentis un peu et se sera parfait !

Bon courage pour la suite !
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 14:21

D'accord, c'est noté, je ralentis.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 14:48

Merci Very Happy Very Happy
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 15:05

Faites-moi savoir quand vous voudrez la suite, ce sera plus simple XD
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Dunadan Aram
Clafoutis suprême
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 19:56

Auf... pourquoi pas tout de suite... c'est juste, qu'enchaîner comme ça plusieurs chapitres...
Comme je suis accros, je suis rester lire ta fic, alors que j'avais pas mal de boulo sur l'ordi ^^
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Tàri Eledwhen
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MessageSujet: Re: Profession, assassin (futur roman à faire publier)   Profession, assassin (futur roman à faire publier) EmptyJeu 3 Jan - 20:07

* Chapitre 7 *
Premiers sangs

Le quartier était paisible comme toujours à cette heure de la soirée. La nuit, tombée depuis déjà un long moment, faisait tout paraître plus grand et plus inquiétant. En règle générale, nul ne s’attardait dans les rues une fois l’obscurité installée, non que le coin soit dangereux, mais la ville n’était pas spécialement attrayante à la fin du jour. Pourtant, dans cette pénombre, deux silhouettes se faufilaient, semblant parfaitement savoir où aller. Deux ombres encapuchonnées, silencieuses, l’une un peu plus petite que l’autre, qui se glissaient dans les ruelles, se jouant des patrouilles qui sillonnaient la ville. Lui et elle. Le maître et l’élève. Ectelius et Tyra. Comme toujours. Aussi inséparables qu’un cavalier et sa monture. Dans un bel ensemble, tous deux se plaquèrent contre un mur, le temps de laisser passer les soldats. Le bruit des talons claquant contre le sol pavé s’éloigna rapidement et ils reprirent leur route jusqu’à parvenir devant une demeure cossue sans être ostentatoire. D’un mouvement du menton, le demi-Elfe lui désigna le bâtiment et elle comprit que c’était là. La jeune fille connaissait la raison de leur venue à cet endroit. Elle savait qu’elle s’apprêtait à faire le tout premier pas réel sur la voie. Tyra posa les yeux sur la porte, le cœur palpitant. Il lui semblait que tout le quartier pouvait entendre ses battements et elle jeta un regard inquiet sur le visage calme de son instructeur. Mais celui-ci ne paraissait rien avoir remarqué. S’avançant jusqu’à la porte, il sortit de sa poche un objet qu’elle n’identifia pas et s’attaqua à la serrure. Bobom bobom. Elle tourna la tête vers la droite, inquiète, mais rien, pas le moindre mouvement autour d’eux. Bobom bobom. Hormis ce son entêtant, le silence s’avérait tel qu’elle pouvait entendre le bruit ténu de leur respiration. Bobom bobom. Elle reporta son attention sur son maître, se demandant ce qu’il faisait pour que ce soit si long. Bobom bobom. Un cliquetis. Elle espéra… mais non, pas encore.
- Patience, lui souffla-t-il d’une voix quasi inaudible.
Il avait dû sentir son stress, qui s’avérait presque palpable. Bobom bobom. Elle porta la main à sa poitrine et appuya, vaine tentative pour comprimer, apaiser les battements désordonnés de son organe vital. Bobom bobom. Rien à faire, il n’y parviendrait pas. Et soudain… un léger cliquetis. Celui qu’elle attendait. Elle poussa un soupir de soulagement intérieur, qui ne suffit pourtant pas à la détendre. Bobom bobom. Bon, d’accord, son anxiété n’avait rien à voir avec la durée d’ouverture de la porte qui, malgré ses impressions, n’avait duré que quelques secondes à peine. Bobom bobom. Un léger grincement et l’issue tourna sur elle-même vers l’intérieur de la pièce plongée dans l’obscurité. Bobom bobom. La jeune fille posa les yeux sur le visage serein de son mentor. Un regard. Un seul. Elle comprit. C’était à elle de jouer. Ectelius ne l’accompagnerait pas. Elle devrait le faire seule. Bobom bobom. Elle déglutit péniblement, puis s’engagea dans la maison. Elle ne pouvait plus faire demi-tour et de toute façon, son maître comptait sur elle. Elle ne pouvait pas le décevoir. La jeune Elfe arriva devant une porte. Celle de la chambre. De sa chambre. Bobom bobom. Hésitante, elle posa la main sur la poignée, puis se tourna vers le seuil du bâtiment, vers Ectelius, quêtant un quelconque signe d’encouragement de sa part. Il lui donna. Un sourire, un regard disant explicitement « tu peux le faire Tyra, j’ai confiance en toi ». Il ne lui en fallait pas plus. Prenant courage, elle fit délicatement jouer le mécanisme, retenant son souffle, attendant un éventuel grincement qui ne vint pas. Les gonds étaient bien entretenus. Bobom bobom. La porte tourna vers l’intérieur et elle pénétra dans la pièce. Evidemment, le marchand était là, endormi, innocent, tout à fait inconscient du danger qui le menaçait. L’espace d’un instant, elle aurait souhaité qu’il se trouve ailleurs, dans une taverne, chez un ami, n’importe où… mais pas ici, pas devant elle, pas à sa merci. La jeune fille porta la main à sa ceinture et dégaina une dague d’un geste peu assuré, puis, tremblante, la leva lentement au-dessus de sa tête. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom. Les battements de son cœur se firent frénétiques et elle s’étonna que l’humain ne les entende pas. Elle y était. Elle n’avait plus le choix désormais. Pourtant elle aurait tellement voulu l’avoir.
Réveille-toi ! Je t’en prie, réveille-toi ! supplia-t-elle intérieurement l’homme endormi. Mets-moi hors d’état de nuire ! Sauve ta vie !
Mais le sommeil du marchand s’avérait profond et il ne bougea pas. Pas le moindre muscle. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et elle avait une conscience aiguë du silence nocturne, du poids de l’arme dans sa main, ce poids, d’ordinaire léger, qui lui paraissait en cet instant décuplé.
Au moment de frapper, elle eût une pensée pour la famille de sa victime, qu’elle s’apprêtait à priver d’un soutien certainement précieux et une larme roula sur sa joue. Elle ferma les yeux. Bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom, bobom bobom.
Pardonne-moi, je dois le faire. Je n’ai pas le choix.
Un mouvement rapide. Il n’eut le temps ni de se réveiller ni de crier. En un instant, il était mort et sur sa poitrine inerte s’épanouissait à présent une fleur de sang écarlate. L’Elfe lâcha le poignard, qui tomba au sol avec fracas et elle se laissa tomber à genoux. Elle se faisait horreur d’avoir ainsi ôté la vie. Elle n’avait que 16 ans et déjà, ses mains juvéniles s’avéraient irrémédiablement souillées de la vie qu’elle venait de prendre. Anéantie, Tyra posa les bras sur le lit et appuya sa tête dessus. Au bout de quelques minutes, un léger bruit de pas se fit entendre et la jeune fille sursauta, avant de bondir sur ses pieds et de fixer la porte, de l’air effrayé d’une nitie prise au piège. Une silhouette apparut sur le pas de la porte. Ce n’était que lui.
- Dépêche-toi Tyra, il ne faut pas traîner ici maintenant que c’est fait, lui dit Ectelius d’un ton pressant.
Elle hocha la tête, ramassa sa dague et lui emboîta le pas. Tous deux quittèrent le lieu du crime pour regagner la Guilde.
- Je… J’ai… bafouilla-t-elle lorsqu’ils furent rentrés.
- Je sais, ma belle, fit-il d’une voix rassurante et bienveillante. Cela fait toujours cet effet les premières fois, mais bientôt, tu te sentiras mieux et ta conscience se taira.
Elle s’apprêtait à acquiescer du chef, mais, soudain nauséeuse, elle dut s’éclipser pour se soulager. Lorsqu’elle revint un instant plus tard, la jeune Elfe, pâle et défaite, semblait à peine plus vivante que sa toute première victime.
- Va te reposer, lui conseilla le maître-assassin. Tu as bien travaillé et je suis très fier de toi.
A peine assez alerte pour gagner seule sa chambre, elle ne répondit rien et s’éloigna en chancelant.

~~~~~~~~~~~~~

L’aube pointait déjà lorsque Tyra s’éveilla avec l’impression étrange que la nuit n’avait duré que le temps d’un souffle. Se redressant sur un coude, elle dévisagea celui qui sommeillait toujours paisiblement à côté d’elle et, contrairement à d’habitude, n’eût aucune envie de partir avant son réveil. Général ou pas, il était vraiment beau et elle appréciait grandement ses talents, alors pourquoi se presser de partir ? Sa journée pouvait bien attendre encore un peu, pour une fois. Après quelques minutes, il ouvrit les yeux et leurs regards se rencontrèrent.
- Bonjour, fit-elle doucement.
Il sursauta alors et s’exclama :
- Je vais être en retard !
- Alors, bonne journée, dit-elle seulement en se levant sans chercher à cacher sa nudité, avant de se diriger vers la cruche d’eau fraiche et de s’asperger le visage.
Il commença à s’habiller et, pendant cette opération, lâcha :
- Tu vas avoir beaucoup de travail dorénavant.
- Oui, je sais. Zan est mort, dit-elle seulement sans la moindre émotion, tout en se séchant.
- Il a eu la mauvaise idée d’accepter un contrat sur la tête de l’Empereur, dit-il encore en finissant de mettre sa cape.
- Alors c’est toi qui l’as éliminé... Bien. Parfait. C’était un idiot et au moins je suis la seule dans le circuit maintenant.
Sans répondre, il soupira longuement et elle se retourna.
- Quoi ?
- Rien, un très long et très ennuyeux rendez-vous qui m’attend, répondit-il avant d’ouvrir la porte et de sortir sans un mot de plus.
Pas de prise de congé pour lui non plus. Excellent. Elle n’aimait pas les chichis inutiles. Elle s’habilla à son tour et quitta la pièce quelques minutes après lui. En se dirigeant vers la forêt, elle se fit la réflexion qu’il s’était montré très franc avec elle. Même s’il n’avait rien dit la première fois, il avait rapidement révélé son identité, prouvant ainsi sa volonté de ne pas la tromper. Il aurait pu garder le silence et elle aurait continué à le voir sans se douter de rien, jusqu’au jour où elle aurait tout appris d’une façon ou d’une autre et là… sa réaction se serait révélée plutôt violente car alors il l’aurait trompée sans vergogne. Mais il ne l’avait pas fait et la jeune femme l’en remerciait car cela prouvait qu’il la respectait malgré leurs statuts totalement opposés. En tout cas, une chose s’avérait certaine : il était vraiment le meilleur amant qu’elle ait jamais eu. Elle eût un léger frisson en repensant à leur nuit et sourit toute seule. Elle n’était pas prête de laisser échapper sa facette civile, même si la facette militaire restait froide et impersonnelle avec elle. Elle se secoua. Assez pensé à lui. Il l’avait dit lui-même : c’était physique et pas davantage.
Elle atteignit rapidement la tour nichée dans les bois et ouvrit la porte qui grinça plus que jamais, écorchant ses oreilles sensibles par ce son disharmonieux, puis monta en courant l’escalier mangé de mousse, comme elle le faisait toutes les semaines depuis des années. La pièce circulaire, vide de la présence du vieux Zandar mort depuis dix ans, était froide, mais elle s’approcha de l’âtre et, d’une incantation qu’il lui avait enseignée, déclencha le feu magique. Elle s’approcha ensuite d’une étagère et passa quelques minutes à observer les volumes avant d’en sélectionner un, dont le titre, composé d’étranges symboles, paraissait incompréhensible. Elle entendait presque la voix légèrement chevrotante lui dire comme à l’époque « Ce sont des runes, jeune fille. Et les arcanes runiques sont inaccessibles à ceux qui n’ont pas été initiés à leurs secrets ». Ces secrets, il les lui avait appris il y avait bien longtemps et depuis, elle n’avait de cesse d’augmenter ses connaissances. Elle alla prendre place dans le vieux fauteuil fatigué, devant la cheminée et s’absorba dans sa lecture.
Une heure et demie qu’il l’écoutait monologuer. Le général avait presque envie de bâiller tellement cet entretien li semblait ennuyeux. Se redressant légèrement, il changea de position pour poser son coude sur l’accoudoir droit et laisser son menton reposer dans sa main. Lord Fourel était loin d’avoir fini de lui parler d l’insécurité des docks. Le même ramassis de bêtises tous les ans à la même date et un seul ordre émanant de l’Empereur : feindre de prendre ses déclarations en compte. Ankth’yor poussa un soupir imperceptible et songea qu’il aurait préféré rester à l’auberge. Tandis que son esprit s’égarait, loin de cette ennuyeuse réunion, une image s’imposa à lui. Elle. Dans le plus simple appareil. Il eût un soubresaut et se morigéna.
Reprends-toi. Vie civile et vie professionnelle. Tu verras cela plus tard.
Le militaire s’efforça de se reconcentrer sur le discours du dirigeant de la Guilde des Dockers, mais ne pût s’empêcher de souhaiter que ce pénible moment prenne fin très vite.



Tyra avait beaucoup travaillé et testé ses nouveaux sorts, aussi avait-elle besoin d’un remontant. Elle prit donc le chemin de la plus proche taverne et y rentra, sa capuche baissée dissimulant son visage. Elle commanda son habituel alcool et alla s’asseoir, appréciant ce moment de détente. La jeune femme sirota quelques gorgées, puis reposa le verre et, étirant ses longues jambes, les posa sur la table avant de fermer les yeux.
Une heure plus tard, il entra dans l’établissement. L’air fatigué et exaspéré, il écrivit au barman Nain de lui donner une boisson forte, puis, se retournant, il avisa dans l’obscurité une silhouette familière. Même dissimulée par sa cape, il l’aurait reconnue entre mille. Récupérant son verre, il se dirigea vers elle, voyant là une échappatoire agréable à la journée éprouvante qu’il venait d’avoir. Immédiatement, elle sentit une présence face à elle et redressa la tête, avant d’ouvrir les yeux. Puis elle esquissa un sourire en le voyant mais ne prononça tout d’abord pas un mot.
- Mauvaise journée je suppose… fit-elle à mi-voix après plusieurs minutes.
En soupirant, il se laissa tomber dans le siège et hocha la tête en guise d’assentiment.
- Pas de chance… fit-elle en portant son propre verre, empli d’un liquide ambré, à ses lèvres.
Sans dire quoi que ce soit, il avala son verre presque d’un trait et elle le fixa. Elle se fit alors la réflexion qu’elle préférait se trouver à sa place d’assassin qu’à la sienne, qui devait être pleine de contraintes assommantes auxquelles elle ne parviendrait jamais à se soumettre. Elle aimait trop la liberté pour s’entraver dans une fonction aussi contraignante. Mais elle ne pouvait pas grand-chose pour lui.
- Si tu veux, je serais en haut, fit-elle en vidant son gobelet, avant de se diriger vers l’étage.
Il soupira et la laissa s’éloigner.
Une demi-heure plus tard, il pénétrait dans la pièce et elle leva la tête de sa lecture. Tenant lui aussi un livre à la main, il alla s’installer sur le lit et ouvrit l’ouvrage. Un très long moment passa ainsi, puis elle demanda :
- Qu’est ce que c’était ?
- Trois heures de monologue sur la soi-disant insécurité des docks…
Elle grimaça.
- Condoléances… commenta-t-elle sobrement avant de reprendre la lecture de son grimoire.
Il y eût un nouveau blanc, qu’elle brisa une fois encore.
- Dommage que tu n’apprécie pas ma vie. C’est tellement moins contraignant… je suis sûre que tu aimerais.
- Non…
- Qu’en sais-tu puisque tu ne l’as jamais vue de l’intérieur ?
- Comment le sais-tu ? lui retourna-t-il sans quitter son manuscrit des yeux.
- Je ne parle pas de la vie des assassins en général. Mais de ma propre existence.
- Tu ne sais rien de la mienne…
- En effet, mais au vu de ce que je vois et de ce que j’ai déjà aperçu, elle n’a pas l’air spécialement… palpitante.
- Bref… fit-il, voulant clore la conversation.
- Bien…
Une heure passa ainsi, puis, voyant qu’il ne bougeait pas, elle se dirigea vers la porte afin de voir s’il la retiendrait.
- Attend, lui dit-il en se levant.
Arrivant près d’elle, il l’attrapa par la taille et l’embrassa. Elle comprit et sourit.

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